Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Lire à gauche

Obama s'en va-t en guerre

L’élection de Barack Obama à la présidence des États-Unis a nourri des espérances dans le monde entier. On croyait qu’avec Obama le gouvernement américain pouvait dépasser la brutalité dont il avait fait preuve durant les dernières décennies. Ces espérances se sont rapidement évanouies.

Le petit livre de Tariq Ali, Obama s’en va-t en guerre, permet de définitivement régler ses comptes avec les illusions sur le personnage et de comprendre les tenants et aboutissants de ses politiques actuelles. En revenant sur les antécédents d’Obama, Tariq Ali nous permet de saisir que les vaines espérances se sont nourries d’une ignorance sur le passé de ce politicien dont l’évolution à la Maison Blanche était déjà prévisible dans ses prises de position antérieures.

D’emblée, Barack Obama s’entoure de conseillers et responsables politiques liés à l’administration républicaine et au grand capital financier. Au niveau militaire, il maintient Robert Gates au poste de secrétaire général de la défense. Au niveau économique, il choisit comme experts financiers, non des keynésiens comme Stiglitz ou Krugman, mais Lawrence Summers, l’un des responsables de l’effondrement financier de 2008, ardent défenseur de la déréglementation des banques. Il est nommé par Obama à la tête du Conseil économique national. Tim Geithner est nommé au poste de secrétaire au trésor. Neal Wolin devient le secrétaire adjoint. Ce sont là des intégristes du néolibéralisme.

Comme les autres présidents américains, sur le plan intérieur, Barack Obama se fait le serviteur zélé et le messager attentif des grandes compagnies du pays. Sa fameuse réforme de la santé est un exemple de ce fait. Cette dernière, après nombre de reculades, apparaît comme une capitulation lamentable devant les compagnies d’assurance, les grandes entreprises pharmaceutiques, les hôpitaux à but lucratif et les spécialistes des soins de luxe. Obama n’a jamais envisagé sérieusement d’instituer des soins de santé s’inscrivant dans un système universel et gratuit.

Tariq Ali tire également le bilan d’Obama en ce qui concerne la privatisation du système d’éducation. À ce niveau, il a joué la carte de l’élitisme et des affaires. Sa gestion de la catastrophe pétrolière dans le golfe du Mexique n’a finalement débouché sur aucune remise en cause de l’exploitation du pétrole en haute mer.

Les élections du mi-mandat ont permis de mesurer l’ampleur des déceptions qu’il a semées. Cela a permis à la droite américaine de faire un retour en force et de remporter de nombreux gains. Mais l’affaiblissement de sa position le conduit maintenant à opérer des concessions majeures à la droite, comme le maintien des baisses d’impôt pour les secteurs les plus riches de la société américaine.

Obama fait immédiatement face à une crise majeure du capitalisme. Il va d’emblée se porter au secours des banques et des grandes entreprises. Il va tenter de convaincre les employé-e-s de ces entreprises en difficulté d’accepter des baisses de leurs salaires et d’accepter l’augmentation de l’intensité du travail. En fait, Obama va continuer à favoriser la concentration de la richesse dans les mains des plus riches.

Au niveau de la politique extérieure, Barack Obama va favoriser le maintien du déploiement de la machine de guerre des États-Unis. Si un retrait s’esquisse en Iraq, c’est pour permettre l’envoi de dizaines de milliers de soldats américains supplémentaires en Afghanistan. Il porte l’Armée américaine à plus de 100 000 personnes sur le territoire afghan. Il étend la guerre au Pakistan, où l’armée américaine pratique les assassinats sélectifs à l’aide de drones.

Si on pouvait se douter qu’Obama est un politicien opportuniste au service des plus puissants et des plus riches, le livre de Tariq permet de fonder cette appréhension sur des faits concrets et précis. Il démontre à son tour qu’aux États-Unis comme dans la plupart des pays capitalistes avancés, c’est une oligarchie dominante qui s’impose et qui dénature la volonté démocratique de la majorité de la population.

Bernard Rioux

Militant socialiste depuis le début des années 70, il a été impliqué dans le processus d’unification de la gauche politique. Il a participé à la fondation du Parti de la démocratie socialiste et à celle de l’Union des Forces progressistes. Militant de Québec solidaire, il participe au collectif de Gauche socialiste où il a été longtemps responsable de son site, lagauche.com (maintenant la gauche.ca). Il est un membre fondateur de Presse-toi à gauche.

Sur le même thème : Lire à gauche

Sections

redaction @ pressegauche.org

Québec (Québec) Canada

Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...