Édition du 30 avril 2024

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Opinion

Quelle démocratie ?

Si dans le contexte de paix sociale que l’on connaît ces jours-ci au Québec, les hérauts de l’idéologie conservatrice concentrent leurs batteries sur ceux et celles qui contestent les fondements des décisions des oligarques, imaginez ce que se passerait en situation de crise majeure du système capitaliste, lorsque les conflits de classe s’exacerbent.

L’opposition hostile manifestée par les habitants-es et commerçants-es de l’avenue du Parc à Montréal à l’initiative du maire de changer le nom de l’avenue a fait sursauter un des porte-voix de l’oligarchie capitaliste, le journaliste Alain Dubuc. Dans une « collaboration spéciale » publiée le 1er novembre dans un journal du matin, il y a vu une manœuvre de plus de la part de ceux et celles qui sont favorables à « l’immobilisme ».
On a vu ce type de réaction à la suite des luttes populaires en 2004 face aux intentions d’Hydro Québec et du gouvernement québécois de projeter la construction de la centrale thermique du Suroît, ainsi que face à l’intention de Loto-Québec de déménager le casino de Montréal dans le secteur Pointe-Saint-Charles, ou encore face au projet de port méthanier de Rabaska qui connaît lui aussi le refus des populations concernées.

En réalité, ce qui dérange notamment ce journaliste, c’est « l’émergence d’une culture de la démocratie directe », le pouvoir populaire, menaçant la capacité discrétionnaire des politiciens et bureaucrates défenseurs de l’ordre dominant.
À la base du caractère antidémocratique du raisonnement que Alain Dubuc exprime, se situe son mépris de la valeur de la démocratie en tant que moyen direct de l’exercice du pouvoir politique de la population. Il considère, de façon sibylline, que les masses sont incompétentes à juger des affaires politiques.
Cette manière de voir l’intromission des travailleurs-ses dans la politique est un vieux réflexe hérité des féodaux pour qui la politique n’était qu’une affaire qui leur était exclusivement réservée, après leur victoire sur l’absolutisme du monarque. C’est dans cette logique que Dubuc écrit : « […] il faut que quelqu’un décide. Et c’est justement la fonction des élus, qui ont été choisis par les citoyens, de faire des choix dans des domaines où il n’y a pas de consensus. »

Si, dans le contexte de paix sociale que l’on connaît ces jours-ci au Québec, les hérauts de l’idéologie conservatrice concentrent leurs batteries sur ceux et celles qui contestent les fondements des décisions des oligarques, imaginez ce que se passerait en situation de crise majeure du système capitaliste, lorsque les conflits de classe s’exacerbent. A ce moment-là, il faudrait craindre le pire. Les libéraux comme Alain Dubuc de ce pays seraient les premiers à courir aux barricades et demander que les droits constitutionnels fussent abrogés ; les militants de toutes les causes démocratiques jetés en prison, mettant ainsi fin à la démocratie libérale, dernière forme du pouvoir bourgeois ayant acquis notre consentement.

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