Dès l’avant propos de leur livre, Marois et Dubreuil précisent que « ne pas avoir besoin d’immigrants » ne veut pas dire « avoir besoin de ne pas avoir d’immigrants ». Se faire traiter de xénophobe, aussitôt que l’on parle des immigrants, c’est un risque dont nos auteurs ont eu peur et qu’ils ne réussissent pas à éviter sous la plume de Rachad Lawani.
Pourtant Marois et Dubreuil répètent qu’on peut immigrer pour d’autres raisons que de vouloir résoudre les problèmes démographiques et économiques du pays qui nous reçoit. Monsieur Lawani s’est senti attaqué et c’est probablement pour cela qu’il insiste sur la faible scolarisation de certains Québécois, comparativement à beaucoup d’immigrants, et sur le recours d’un très grand nombre de Québécois à l’aide sociale comparativement aux immigrants. Ce sont là les répliques d’un homme blessé, et je n’ajouterai rien là-dessus.
Je veux seulement dire quelque mots sur la contribution des immigrants au taux de fécondité que monsieur Lawani « imagine aisément » comme importante. Aux pages 63 à 65 de leur livre, Marois et Dubreuil ramènent cet imaginaire —qui était aussi le mien— à la réalité des villes modernes d’où proviennent les hommes et les femmes scolarisées qui constituent l’immigration au Canada et au Québec. « La fécondité des filles de femmes nées à l’étranger [...] est plus basse que celle de filles de femmes nées au Canada » (p.64). C’est au mythe des familles nombreuses de la campagne qu’il faut tordre le cou. Ce n’est pas de ces campagnes que proviennent les immigrants. Et personne ne le leur reproche.
Bernard La Rivière
Un compte rendu du livre de Dubreuil et Marois paraîtra en octobre dans le no. 23 de la revue de l’enseignement de la philosophie au Québec, Philosopher.