Chiffrer pour rendre visible, donner « une existence et une dimension politique » à ces mort-e-s, pour interroger les moyens mis en œuvre – ou non – pour venir en aide aux migrant-e-s, pour expliciter les responsabilités, « Dénombrer vise à déchiffrer les effets d’une politique », saisir la réalité des espaces frontières – et la construction de leur éloignement – entourant l’Europe…
Des frontières érigées contre des femmes et des hommes ; des frontières abaissées ou supprimées pour les marchandises, les capitaux et d’autres êtres humains… et la construction d’un soit disant problème sécuritaire – et d’un marché florissant pour certaines industries – « Multiplications de barrières et des lignes de barbelés, miradors, recours à des hélicoptères ou des drones, vidéosurveillance, systèmes de détection infrarouge et caméras thermiques sont autant de dispositifs disséminés aux portes de l’Europe, avec pour objectif d’empêcher les potentiels réfugiés de mettre le pied dans l’espace de Schengen ».
Dans l’introduction, les auteur-e-s abordent aussi les ventes d’armes aux pays qui « produisent » les migrant-e-s, la détermination des candidat-e-s à la migration, « Prendre un risque, c’est se projeter là où un avenir dans un temps et un ailleurs semble possible, quand le ici et le maintenant ne l’est pas ou ne l’est plus », les opérations illégales d’expulsion collective, la réalité du trafic humain et le rôle réel des passeurs, l’imbrication des frontières et la mort…
« Les frontières tuent ou font disparaître. Mais les frontières esquintent, blessent et abîment également »
Sommaire :
L’identification des corps
Les commémorations des défunts
Les récits des morts
Conclusion. « La violence des frontières »
Prendre le temps d’écouter et de comprendre les récits des survivant-e-s, refuser d’envisager ces mort-e-s « comme des accidents tragiques », exiger des responsables politiques qu’ils rendent compte de ces mort-e-s, de ces personnes assassinées…
« Le régime contemporain des frontières se donne pour tâche de combattre un processus qu’il contribue lui-même à fabriquer. Il criminalise ce que lui-même produit ».
La mort aux frontières de l’Europe : retrouver, identifier, commémorer
Ouvrage a été coordonné par Carolina Kobelinsky et Stefan Le Courant.
Contributeurs : Paola Diaz, Filippo Furri, Maël Galisson, Christine Moliner, Anaïk Pian, Sara Prestianni.
Le passager clandestin – Bibliothèque des frontières, Neuvy-en-Champagne 2017, 124 pages, 10 euros
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