Édition du 7 mai 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Point de mire du 10 septembre 2019

Seules les mobilisations de masse changeront la situation

Dans ces points de mire, Presse-toi à gauche présente synthétiquement des éléments d’analyses d’articles publiés dans l’édition de la semaine et explicite ses partis-pris sur les points d’actualité et les débats en cours. Points de mire, pour bien marquer où nous voulons en venir !

Cette semaine, Bernard Rioux commente l’opération de recentrage sur la question nationale que propose le PQ, Pierre Dubuc fait le bilan de la commission sur l’avenir des médias alors que Guillaume Lohest dénonce l’imposture des dénigreurs de Greta Thunberg.

Bernard Rioux explique que le recentrage du PQ sur l’idée d’indépendance se fait dans un contexte où le bilan du PQ des dernières années est absent. L’auteur est fort sceptique quant aux possibilités de voir ce parti se renouveler vraiment. Le tournant provincialiste du PQ est symptomatique de l’objectif réel de sa direction : le pouvoir à Québec. Et le PQ au pouvoir, c’est le déficit zéro et la gestion néo-libérale. Et maintenant le repli identitaire vers la droite. L’auteur propose plutôt de remettre sur les rails le projet indépendantiste adossé à un projet de société égalitaire et solidaire. Il croit plutôt que « le suivisme du PQ face au gouvernement de la CAQ dans la défense d’une laïcité falsifiée et discriminatoire (loi 21) et d’une politique d’immigration d’exclusion (loi 9) montre qu’il n’a pas compris les bases d’un réel ralliement au projet d’un Québec indépendant et qu’il participera ainsi à la poursuite de son effondrement. »

Pierre Dubuc fait un retour sur la commission sur l’avenir des médias et explique que la taxation des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) est une solution irréaliste à la crise que traversent les médias écrits au Québec et dans le monde. Alors que la présidence de Trump met tout son poids pour empêcher une telle mesure, les craintes de représailles font en sorte que rien ne bouge. L’aide de l’Etat est mentionnée mais avec la crainte de mesures de contrôle qui mettrait à mal l’indépendance journalistique. Pour l’auteur, peu importe la solution invoquée, coopérative, crédits d’impôt sur la masse salariale, aide de l’Etat, les médias ne sont que des jouets pour leurs propriétaires.

Guillaume Lohest propose une analyse des effets des discours apocalyptiques sur les dérèglements climatiques. La santé émotionnelle des chercheurs sur le climat est mise sous pression alors que les résultats de leurs recherches donnent froid dans le dos. L’éco-anxiété est ainsi une nouvelle pathologie qui fait l’objet de recherches et son origine se trouve dans l’inaction des États et gouvernements sans parler des premiers responsables, les entreprises. Et les climato-sceptiques qui profitent de l’inquiétude climatique pour dénigrer le message de prudence ainsi que leurs messagers. Ce n’est donc pas un hasard s’ils s’attaquent à Greta Thunberg qui contribue à mobiliser des centaines de milliers de jeunes contre l’inaction des autorités. On a eu un bel exemple avec les interventions de Maxime Bernier récemment. L’auteur conclut que « les accusations de religiosité, la pathologisation de la radicalité est l’ultime mécanisme de défense de ceux qui refusent de lire ou de comprendre les rapports scientifiques qui font consensus. » À lire...

Par ailleurs, il faut souligner le dépôt d’une pétition de 40 000 signatures contre le projet GNL Québec par Nature Québec, le regroupement des centrales syndicales dans le collectif « La planète s’invite au travail  » en vue des mobilisation pour le climat qui pointent à l’horizon, un point de vue d’Yvan Perrier sur les changements d’allégeance des élu.e.s, Marie-Dominik Langlois s’interroge sur les enjeux des droits humains et les minières canadiennes, Pierre Beaudet commente la scène politique canadienne et constate que tout est fait pour que lors de la prochaine élection nous ayons le choix entre le « pire » et le « pire-pire » alors que Gerard Montpetit dénonce les propos mensongers de l’extrémiste de droite Maxime Bernier.

Nous vous rappelons également que vous êtes invité.e.s à contribuer au débat qui s’annonce en vue du prochain congrès de Québec solidaire. Vous pouvez nous faire parvenir vos textes è l’adresse suivante : redaction@pressegauche.org

Sur la scène internationale

Nous avons choisi cette semaine deux articles qui nous font rapport sur la situation de l’agriculture dans le monde : en Afrique et en Europe.

Deux autres articles suivent sur le libre échange, le G7 et la mondialisation. Et nous terminons par un texte sur la notion de migration pour Haïti.

Concernant l’agriculture

La souveraineté alimentaire est la seule solution au chaos climatique pour l’Afrique

L’article est très dense et documenté. Mais peut se résumer ainsi : « La convergence de la crise climatique et de la hausse des importations de produits alimentaires en Afrique mène tout droit à la catastrophe. À moins que des mesures ne soient prises pour mettre en place des systèmes alimentaires locaux et supprimer la dépendance croissante vis-à-vis des importations de céréales et d’autres alimentsde base, l’Afrique connaîtra des répliques multiples et plus graves de la crise alimentaire de 2007-2008, qui avait provoqué des émeutes de la faim sur tout le continent. » L’article commence par bien placer le cercle vicieux entre demande de produits alimentaires et crise climatique. Ensuite c’est l’impact des changements climatiques sur l’agriculture qui est énoncé : « Les dernières études scientifiques concordent toutefois pour dire que la hausse des températures, les conditions météorologiques irrégulières, les changements dans les régimes de précipitations et l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes auront un impact négatif sur la production alimentaire dans la plus grande partie du continent. » Est enfin analysé les projets de ZLE, des grandes entreprises. Le texte passe en revue plusieurs projets de recherche dans plusieurs pays africains et en tire des conclusions désastreuses. L’exemple de la culture du riz et la production laitière sont mentionnés. Et le rapport de se conclure par des perspectives viables pour l’agriculture africaine.

L’autre article retenu aborde l’agriculture européenne. Le réchauffement global ? Des pertes pour les agriculteurs ! Là aussi, l’article place, dès le départ, la situation de l’agriculture européenne dans la crise environnementale : « Les rendements de l’agriculture européenne pourraient chuter de 16% en 30 ans en raison de la sécheresse et de l’augmentation des précipitations. » L’auteure poursuit en plaçant bien les variations et les différences dépendant des pays, des géographies, des sols et du climat. Elle préconise diverses solutions : l’agriculture de précision ( pesticides avec modération) peut aider, l’aide aux agriculteurs-trices, et l’adapatation à une agriculture plus respectueuse de l’environnement.

Concernant la mondialisation, Nous avons retenu un article de Via Campesina contre l’OMC
La Via Campesina appelle à la mobilisation contre l’OMC et les accords de libre-échange

L’article se lit en fait comme un manifeste et débute par une charge en règle contre l’Organisation Mondiale du Commerce : « l’OMC est responsable des problèmes du monde en développement aujourd’hui : la montée du chômage rural, la faim croissante, les inégalités énormes qui existent entre pays et au sein des pays, l’augmentation de la dette mondiale par habitant. » Il se situe aussi dans la commémoration de la mort-suicide d’un paysan coréen Lee Kyung Hae à bout de souffle durant une rencontre de l’OMC. Le manifeste se poursuit avec une description des différents traités de libre-échange et leurs conséquences néfastes. L’article conclut sur les revendications à avancer face à la situation actuelle et ajoute : « Les marchés paysans locaux et les systèmes alimentaires de plusieurs pays ont été décimés par un ordre du commerce international qui ne tient compte que de la marchandisation de tout, y compris des aliments que les gens consomment. »

Autre texte sur la mondialisation
Personne ne nous sauvera (sauf nous mêmes)

L’article tente d’analyser ce que font les différents gouvernements contre la crise climatique. Il énonce :« Deux types de stratégies distinctes ont été prises pour gérer politiquement la situation sans s’attaquer de manière fondamentale à la crise environnementale elle-même. Le premier est la réponse impitoyable.Incarnée par Donald Trump aux États-Unis et Jair Bolsonaro au Brésil : doubler les politiques destructrices qui nous ont menés au bord du gouffre, nier l’existence du changement climatique, cibler les minorités, fermer les frontières et redynamiser une base de droite absolue. » « La seconde alternative est plus subtile. Il lui faut approuver la science et dire que la situation est prise au sérieux. Le public est rassuré par le fait qu’il s’agit d’une priorité et que des mesures drastiques seront prises pour réduire les émissions du pays. Lorsque nous examinons ce qui est réellement fait, il est évident que les mesures prises sont totalement inadéquates et que le train accélère au lieu de ralentir. »L’article mentionne aussi l’illusion de la technologie pour capter le carbone mais rend bien clair que ce n’est pas la technologie qui va changer la situation mais nos mobilisations de masse et nos perspectives de lutte claires.

Concernant l’immigration
Haïti : exils, violences et déracinements

Ce texte apporte un nouveau point de vue sur l’immigration en établissant une classification des personnes migrantes à partir de la situation des Haïtiens et Haïtiennes en exil. Le questionnement avancé est celui du déracinement et ce au niveau mondial : « Environ 70,8 millions de personnes – dont 25,9 millions de réfugiés, 3,5 millions de demandeurs d’asile et 41,3 millions de déplacés internes – ont été déracinées à travers le monde en 2018, selon le dernier rapport statistique annuel (en date) du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (Hcr) intitulé « Global trends. Forced Displacement in 2018 » Les statut juridiques sont analysés et les politiques surtout des États-Unis aussi. Ce qui amène la notion d’errance. « Quel nom donner à ces Haïtiennes et Haïtiens qui arpentent tout un continent, du sud au nord ? Comment les appeler ? les nommer ? Ils ne sont pas simplement des migrants économiques, mais ils ne sont pas reconnus comme des réfugiés. La taxonomie ou catégorisation classique, basée sur la dichotomie migrants économiques versus réfugiés et le classement des déracinés en trois groupes – réfugiés, demandeurs d’asile et déplacés internes -, ne fonctionne plus dans le cas du déracinement haïtien actuel. » Autre notion étudié le rapatriement et le retour : « Le processus de rapatriement de migrants haïtiens est souvent entaché d’abus et de violences commises par les autorités migratoires sur les groupes les plus vulnérables, dont les enfants et les femmes. Et parfois sur fond de racisme et/ou d’antihaitianisme. Mais, leur calvaire continuera en Haïti ».

Et évidemment face à la situation en Haïti : « Faute d’encadrement, d’accompagnement et d’assistance,bon nombre de rapatriés haïtiens cherchent à ré-émigrer, en repartant vers des cieux moins incléments. » L’auteur avance aussi la notion d’exil dans ses propres terres et conclut : « Un déracinement qui s’étend de plus en plus à travers tout le continent américain et aussi sur notre propre terre en Haïti. Un déracinement qui présente continuellement de nouveaux visages. Et dont la démographie ne cesse de croître et se diversifier, tout en arpentant de nouvelles géographies -les unes plus périlleuses, inaccessibles et inhospitalières que d’autres- et surtout en s’exposant à des politiques migratoires hostiles et inhumaines. Enfin, un déracinement devant lequel nous ne pouvons rester les bras croisés. »

Bonne lecture

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