Édition du 23 avril 2024

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Amérique latine

Vénézuela : Un appel pour la paix

CARACAS , Venezuela - Les récentes manifestations au Venezuela ont fait les gros titres de la presse internationale. Une grande partie de la couverture des médias étrangers a déformé la réalité de mon pays et les faits entourant ces événements.

(tiré du New York Times, http://www.nytimes.com/2014/04/02/opinion/venezuela-a-call-for-peace.html?smid=tw-share&_r=0)

(traduction ptag)

Les Vénézuéliens sont fiers de notre démocratie. Nous avons construit un mouvement démocratique participatif à partir des bases et nous avons veillé à ce que la puissance et les ressources soient équitablement répartis parmi le peuple .

Selon les Nations Unies, le Venezuela est parvenu à réduire les inégalités. Il a maintenant l’inégalité de revenu la plus faible dans la région. Selon les données de la Banque mondiale, nous avons réduit considérablement la pauvreté -de 49 pour cent en 1998 à 25,4 pour cent en 2012 ; durant la même période, selon les statistiques gouvernementales, l’extrême pauvreté est passée de 21 pour cent à 6 pour cent.

Nous avons créé des programmes universels phares de soins de santé et d’éducation gratuits pour l’ensemble de nos citoyens à l’échelle nationale. Nous avons réalisé ces exploits en grande partie en utilisant les revenus du pétrole vénézuélien.

Alors que nos politiques sociales ont amélioré dans l’ensemble la vie des citoyens, le gouvernement a également été confronté à des défis économiques graves dans les 16 derniers mois, y compris l’inflation et des pénuries de produits de base. Nous continuons à trouver des solutions grâce à des mesures comme notre nouveau système de change fondé sur le marché, qui est conçu pour réduire le taux de change du marché noir. Et nous surveillons les entreprises afin de s’assurer qu’elles ne profitent pas des consommateurs ou ne détournent pas des produits. Le Venezuela a également lutté contre un taux de criminalité élevé. Nous nous attaquons à cela par la construction d’une nouvelle force de police nationale, par le renforcement de la coopération communautaire avec la police et par la refonte de notre système carcéral .

Depuis 1998, le mouvement fondé par Hugo Chávez a remporté plus d’une douzaine d’ élections présidentielles, parlementaires et locales par le biais d’un processus électoral que l’ancien président américain Jimmy Carter a décrit comme « le meilleur dans le monde ». Récemment, le Parti socialiste uni a reçu un mandat largement majoritaire lors des élections municipales de décembre 2013, en remportant 255 sur 337 communes.

La participation populaire à la vie politique au Venezuela a considérablement augmenté au cours de la dernière décennie . En tant qu’ancien syndicaliste, je crois profondément à la liberté d’association et au droit civique pour que la justice puisse exprimer des préoccupations légitimes à travers des manifestations pacifiques.

Les prétentions affirmant que le Venezuela est une démocratie déficiente et que les manifestations actuelles représentent les sentiments dominants sont démenties par les faits. Les manifestations anti-gouvernementales sont menées par des personnes des couches les plus aisées de la société qui cherchent à renverser les acquis du processus démocratique dont a bénéficié la vaste majorité de la population.

Des manifestants anti-gouvernementaux ont agressé physiquement et endommagé des cliniques de soins de santé, ils mis le feu à l’université d’état de Tachira et ils ont lancé des cocktails Molotov et des pierres sur les bus. Ils ont également ciblé d’autres institutions publiques en jetant des pierres et des projectiles incendiaires dans les bureaux de la Cour suprême, la compagnie de téléphone publique CANTV et le bureau du procureur général. Ces actes de violence ont causé pour des millions de dollars de dommage. C’est pourquoi les protestations n’ont pas reçu de soutien dans les quartiers pauvres et chez la classe ouvrière.

Les manifestants ont un seul objectif : le renversement anticonstitutionnel d’un gouvernement démocratiquement élu. Les dirigeants antigouvernementaux l’ont clairement exprimé quand ils ont commencé leur campagne en janvier, en promettant de créer le chaos dans les rues. Les dirigeants des protestations ont un ordre du jour antidémocratique et violent et ils cherchent à profiter des critiques légitimes face à la conjoncture économique ou au taux de criminalité.

Un très petit nombre de forces de sécurité ont également été accusé de se livrer à la violence, à la suite de laquelle plusieurs personnes ont trouvé la mort . Ce sont des événements très regrettables et le gouvernement vénézuélien a réagi en arrêtant les personnes soupçonnées. Nous avons créé un Conseil des droits de l’homme pour enquêter sur tous les incidents liés à ces manifestations. Chaque victime mérite justice, et chaque personne – qu’elle soit un partisane ou un adversaire du gouvernement - sera tenue pour responsables de ses actes .

Aux États-Unis, les manifestations ont été décrites comme « pacifiques », tandis que le gouvernement vénézuélien est dénoncé pour les avoir réprimés violemment, S’appuyant sur un tel récit, le gouvernement américain prétend prendre parti du peuple du Venezuela ; en réalité, il est du côté de la 1 pour cent qui souhaite faire glisser notre pays à l’époque où les 99 pour cent ont été exclu de la vie politique et qu’une minorité - y compris les entreprises américaines - a bénéficié du pétrole du Venezuela .

N’oublions pas que certains de ceux qui ont soutenu l’éviction du gouvernement démocratiquement élu du Venezuela en 2002 sont à la tête des manifestations d’aujourd’hui. Ce sont les mêmes qui ont été impliqués dans le coup d’Etat 2002, la dissolution de la Cour suprême et de la législature et la mise au rebut de la constitution. Ce sont les mêmes qui incitent à la violence et qui tentent aujourd’hui de mener des actions anticonstitutionnelles similaires qui devront faire face au système de justice .

Le gouvernement américain a soutenu le coup d’État de 2002 et a reconnu le gouvernement du coup d’État en dépit de son comportement anti-démocratique. Aujourd’hui, l’administration Obama consacre au moins 5 millions de dollars par année pour soutenir les mouvements d’opposition au Venezuela. Un projet de loi prévoyant un supplément de 15 millions de dollars pour ces organisations anti-gouvernementales est actuellement au Congrès. Le Congrès est en voie d’adopter l’imposition de sanctions au Venezuela. J’espère que le peuple américain, sachant la vérité, décidera que le Venezuela et son peuple ne méritent pas une telle peine, et qu’il fera appel à leurs représentants de ne pas adopter des sanctions .

Maintenant, c’est le temps du dialogue et de la diplomatie. Au Venezuela, nous avons tendu la main à l’opposition. Et nous avons accepté les recommandations de l’Union des Nations d’Amérique du Sud à s’engager dans des pourparlers de médiation avec l’opposition. Mon gouvernement a également tendu la main au président Obama, en exprimant notre désir d’échanger à nouveau des ambassadeurs. Nous espérons que son administration va répondre par des actes.

Le Venezuela a besoin de paix et de dialogue pour aller de l’avant. Nous accueillons tous ceux et celles qui veulent sincèrement à nous aider à atteindre ces objectifs.

Nicolás Maduro est le président du Venezuela .

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