Édition du 7 mai 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Québec solidaire

La citoyenneté rampante

Appui collectif à Québec solidaire

Par fidélité à l’indignation que suscitent en nous les preuves quotidiennes de l’écart accru entre les riches et les pauvres, ici comme ailleurs, et la destruction des campagnes et des ressources naturelles (forêts, cours d’eau) par l’activité et la mentalité productivistes, nous appuyons Québec solidaire, comme de nombreux citoyens et citoyennes.

On parle peu de ces sujets fondamentaux en ces temps de campagne électorale, sinon des emplois perdus dans « l’industrie de la forêt » et des emplois créés (quelle sorte d’emplois ?) par les avantages pécuniaires hallucinants dont les entreprises bénéficient et bénéficieront encore dans un Québec « terre d’accueil du capital ».

On objecte que voter pour Québec solidaire diviserait « le vote » et ferait entrer la droite. Certaines personnes qui ont à cœur la solidarité et la justice sociales s’apprêtent même à appuyer le Parti québécois par peur d’un gouvernement adéquiste ou libéral. Or, nous croyons qu’agir ainsi ne procéderait pas d’un geste souverain : ce serait se comporter en actionnaire frileux se soumettant à la dictature des conjonctures.

Viendront-elles un jour, les « conditions gagnantes » qui vous feraient voter pour des gens qui pensent comme vous ? N’existera-t-il pas toujours, le risque de la prise du pouvoir par un parti de droite ou par un parti qui promettra d’annuler l’indépendance ? Et la proportionnelle restera lettre morte tant que les trois partis majoritaires occuperont seuls l’Assemblée nationale.

Sans l’audace, sans le courage qui viennent souvent avec les convictions, il n’est pas certain que le mouvement indépendantiste se serait même développé ici — rappelons à cet égard que le Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN) ne récoltait pas 6 % des votes à ses premières élections générales, en 1966. Si « la gauche ne lève pas au Québec » comme se plairont fort probablement à répéter les éditorialistes et autres prétendu-e-s experts et expertes de la politique, quel héritage laissera-t-on, sinon celui de citoyens et citoyennes rampants qui auront fui devant tout risque ?

« Hommes, souvenez-vous de vous en d’autres temps » (Miron). Quand Antigone chercha à réconcilier ses frères, elle ne le fit pas d’abord parce que c’était chose possible, mais parce que c’était ce qui lui paraissait juste et nécessaire. Dans le règne déprimant de la stratégie peureuse, il n’y a pas d’Antigone, ni de Luther, ni de Patriotes de 1837, ni de 15 novembre 1976.

Mathieu Arsenault, auteur
Guillaume Asselin, doctorant
Frédérique Bernier, doctorante
Rénal Dufour, prêtre
Martin Jalbert, enseignant
Philippe Labarre, enseignant
Jérémie Lévesque, enseignant
Jean-Marc Piotte, professeur
Sylvano Santini, chercheur post-doctoral
Hugues Sarra-Bournet, artiste
Mélanie Tardif, enseignante

Mots-clés : Québec Québec solidaire

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