Édition du 30 avril 2024

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Le Monde

Le monde derrière les écrans

Simon Parent - designer urbain
Alors que le confinement et les écrans deviennent, progressivement, une réalité immuable pour notre humanité hyperconnectée, il semble plus essentiel que jamais de fermer les écrans et porter un regard sur ce qui se produit au-delà des épaisses parois de nos vies encapsulées : le monde brûle et nous avons les yeux rivés sur une réalité virtuelle façonnée à notre image par des algorithmes ; nous fixons un miroir.

Au-delà de cette perspective narcissique, sommes-nous capables de reconnaître que nos existences urbaines, oisives et aliénées, reposant uniquement sur la consommation d’externalités, entretiennent une relation parasitaire au monde ? En ce sens, nous le vampirisons, sans jamais lui donner quoi que ce soit en retour. Les forêts et les sols sont anéantis pour satisfaire nos appétits consuméristes. Et nous arrivons à nous faire croire qu’en maintenant cette relation pour laquelle
Gaïa perd en vitalité ce que nous gagnons en virtualité, des énergies "vertes", des voitures électriques, des villes "intelligentes" et des innovations technologiques agirons comme remède pour notre Terre mère ? Est-ce là de l’aveuglement volontaire ou simplement de la naïveté ? Toutes ces grandes idées techno-industrielles de notre époque impliquent nécessairement une destruction des
sols, une extraction des matières, des procédés de fabrication énergivores, des durées de vie obsolètes et des modes de vie consuméristes. Cela doit être une évidence.

La Terre saigne et nous la violons à grands coups de clics de souris, de logiciels et d’applications numériques. Mais il est impératif de la soigner, l’aimer, la régénérer ; ses sols, ses eaux, ses communautés biotiques. Et ce, tous les jours. Pas en étant collés quotidiennement à des écrans, mais bien en interagissant avec le sol, en étant conscients de la présence et l’existence de l’autre, humain et non-humain ; en le respectant, le désirant et le laissant émerger spontanément.

Reterritorialisons-nous. Soyons à l’écoute du monde qui nous entoure, du climat, des saisons, de la matière, des aliments, de la flore, de la qualité des sols. Mettons nos corps à l’épreuve, salissons-nous les mains et participons à sa régénération. Et peut-être qu’à ce moment, enfin, il deviendra évident que l’asphalte étouffe la microbiologie des sols, le contenu de l’épicerie nous empoisonne, travailler dans un bureau limite les interactions aux communautés du vivant, fabriquer une voiture (électrique) est un acte de violence extrême envers Gaïa et reproduire cet acte
quatre milliards de fois est un écocide.

Prenons racine dans le territoire et soignons quotidiennement ses sols. À moins, bien sûr, que nos objectifs avoués soient d’anéantir l’ensemble des communautés du vivant et, par le fait même, nos propres conditions d’existence. Dans ce cas, laissons les écrans nous montrer la voie et poursuivons, ça bien aller.

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