Édition du 30 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Point de mire du 7 avril 2020

Tenir bon contre la pandémie !

Dans ces points de mire, Presse-toi à gauche présente synthétiquement des éléments d’analyses d’articles publiés dans l’édition de la semaine et explicite ses partis-pris sur les points d’actualité et les débats en cours. Points de mire, pour bien marquer où nous voulons en venir !

Cette semaine, Presse-toi à gauche joint sa voix à celles de plusieurs personnes au sein du collectif Tenir bon ! et nous lançons un appel, Michel Seymour analyse les récentes annonces du gouvernement fédéral dans le contexte de récession majeure et le comité inter-syndical de QS-Montréal souligne les enjeux qui se dessinent dans les négociations du secteur public.

Nous sommes plusieurs à voir dans la crise actuelle l’occasion pour les puissants de ce monde de pousser leur agenda et de restreindre encore plus les libertés démocratiques et les acquis sociaux des classes populaires. L’appel reconnaît que les mesures de lutte à la pandémie sont nécessaires mais que cette lutte était mal préparée, que les racines de celle-ci se trouvent dans la gestion néolibérale de la société et qu’elle risque de coûter cher aux plus vulnérables. Que la lutte aux changements climatiques risquent d’être mise de côté dans les plans de relance et qu’on ne manquera pas de nous demander de nous serrer la ceinture une nouvelle fois. Pour toutes ces raisons, de nouvelles formes de résistances doivent être élaborées. C’est ce à quoi s’attelle le collectif Tenir bon ! : « développer une perspective critique de ce qui passe actuellement, mais aussi de valoriser expériences et solutions permettant aux couches populaires de passer à travers la crise et de penser à des alternatives systémiques, dans une perspective pluraliste ». Pour lancer cette initiative, le collectif tiendra un premier webinaire (un séminaire sur le web) portant sur « La santé et ses enjeux au Québec en période de pandémie » ce jeudi à compter de 19 heures avec Amir Khadir, Anne Plourde et Sol Zanetti. Vous pouvez y participer en suivant les consignes données à la suite de l’appel.

Michel Seymour voit dans les récentes annonces du gouvernement Trudeau des mesures exceptionnelles motivées par la pandémie de coronavirus. Il salue l’importance des mesures mises en place mais considère que le gouvernement aurait dû mettre des conditions à l’aide aux entreprises : renoncer à la délocalisation et obtenir d’elles des engagements fermes de réinvestissement dans l’économie réelle. Il suggère de hausser rapidement le salaire minimum à 15$/hre et un jour, imposer un salaire maximum. Il rappelle « qu’il n’en tient qu’à nous aussi d’orienter les États-nations dans le sens d’une véritable solidarité entre les peuples, au lieu de les faire basculer avec les Martineau et les Rioux de ce monde dans un choc des civilisations qui prend à partie la Chine quand ce n’est pas l’islam. »

Le comité inter-syndical a tenu une première rencontre virtuelle, question d’analyser les enjeux des négociations du secteur public et parapublic dans le contexte ou le gouvernement Legault souhaite une accélération des négociations. Une telle situation ne peut que mener à une entorse majeure à la démocratie syndicale.

L’analyse insiste sur trois éléments : les droits politiques menant à une demande de réouverture de l’Assemblée nationale, le droit de négocier là où les syndiqué.e.s doivent avoir le droit de décider et débattre du contenu de leur convention collective et le droit au travail, santé, sécurité et des bonnes conditions de travail pour tous. Le collectif interroge Québec solidaire et plaide pour une intervention qui interroge sur la sortie de crise : qui va payer ? Quel projet proposons-nous ? Il suggère de « mettre sur pied des lieux de réflexion collective portant sur un plan de sortie de crise avec les personnes qui peuvent y participer, et en mobilisant des ressources pour favoriser (dans la mesure du possible) la participation des membres aux prises avec des contraintes. »

De plus, Rémi A. insiste sur le nécessaire combat pour la protection des salarié.e.s du secteur de la santé, Rémy Bourdillon propose de lancer le grand chantier d’une politique de souveraineté alimentaire alors que Québec solidaire rend public son plan d’indépendance alimentaire. Elisabeth Germain quant à elle nous offre une réflexion sur les effets de la crise sur notre mode de vie : « Nous avons été plongés dans l’eau bouillante d’un seul coup. » Gérard Montpetit croit qu’il faut profiter de la crise actuelle du secteur de l’énergie pour remettre en question le soutien à l’industrie pétrolière et mettre en place une politique de diversification économique pour l’Alberta et de « tirer la plogue du respirateur artificiel ». Enfin, Jean-Pierre Daubois condamne l’inaction des grandes pharmaceutiques dans la recherche de matériel médical de protection (gel antiseptique par exemple) et René Charest dénonce les effets de la réforme Barette sur le réseau de la santé qui a eu pour effet de le fragiliser encore davantage.

Sur la scène internationale

Pandémie qui oblige au confinement général de la population mondiale. Rien ne se passe d’autre que la solitude des 4 murs maison ?

Non, face à l’intransigeance des patrons et à la volonté gouvernementale de préserver l’économie, les travailleurs et travailleuses du monde entier doivent mener des luttes pour les préserver du virus, pour garder leur job et améliorer leurs conditions de travail.

Nous allons donc cette semaine focaliser notre point de mire sur les luttes qui se mènent un peu partout dans le monde concernant le corona virus.

Et si on commençait par les États-Unis

États-Unis. En pleine pandémie, des travailleurs débraient en masse. Ils préparent le chemin à un mouvement généralisé

C’est impressionnant de voir les travailleurs et travailleuses américain-e-s se mettent en grève pour revendiquer d’être protéger. « Dans les Etats-Unis tout entiers, les travailleurs indispensables d’Instacart, de Whole Foods, d’Amazon et de General Electric organisent de semblables manifestations. En masse ils quittent le travail : ils exigent d’être protégés et que soient augmentés leurs salaires alors qu’ils affrontent des risques disproportionnés et des conditions de travail de plus en plus périlleuses au milieu de la pandémie de COVID-19. »

L’article décrit toute la lutte qu’on mené les employé-e-s de Instacart dans le secteur des entrepôts en expliquant les danger de contamination et la surcharge de tâches. Sanders et Biden les ont appuyé dans leur luttes.

Après Instacart, l’article aborde la situation chez Amazon. « La société a signalé que des employés d’au moins 19 entrepôts et installations d’expédition d’Amazon à travers les Etats-Unis se sont révélés positifs au COVID-19. »

La réponse ouvrière ne s’est pas fait attendre « les travailleurs d’Amazon Whole Foods ont rejoint la lutte. Ils ont organisé une « maladie » nationale mardi 31 mars pour revendiquer : une augmentation des salaires et de la prime de risque ; une augmentation des congés maladie payés et de meilleurs efforts d’hygiène ainsi que de protection de la santé – y compris des tests COVID-19 gratuits pour les employé·e·s. »

D’autres luttes sont aussi menées sur des thématiques complètement différentes « Certains demandent aux entreprises de mieux utiliser leurs ressources pour soutenir l’effort national de lutte contre la pandémie. Les travailleurs de deux usines de General Electric (GE) veulent que l’entreprise convertisse ses usines de moteurs à réaction pour fabriquer des respirateurs, dont la grave pénurie frappe les travailleurs et travailleuses de la santé. »

D’autant plus que les licenciements dans ces usines sont à l’ordre du jour.

L’article termine sur une note mobilisante « Les syndicats et les travailleurs ont gagné certaines de ces batailles. Le syndicat des travailleurs de l’alimentation et du commerce United Food and Commercial Workers (UFCW) a annoncé mercredi, 1er avril, un accord avec Kroger [grande entreprise de distribution] pour augmenter le salaire et les avantages sociaux, y compris une augmentation de 2 dollars de l’heure, des congés payés supplémentaires et de nouvelles mesures de sécurité au travail pour les travailleurs de ce secteur (plus de 460’000 dans tout le pays). »

Vient ensuite l’Europe...la France..
Oxygène confisqué

Jérome Duval nous informe d’une lutte en court en France concernant une usine de bonbonnes d’oxygène.

La direction de Luxfer Gas Cylinders de Gerzat a décidé de fermer l’usine pourtant : « L’usine, pourtant bénéficiaire avec un carnet de commandes bien rempli, ferme en juin et les salariés sont tous licenciés. Avec 22 millions de chiffre d’affaires et un bénéfice d’un million d’euros en 2018, en progression de 55% par rapport à l’année précédente, cette mise à mort est difficile à accepter pour les salariés »

Mais cette fermeture a pris un tour nouveau en janvier quand les patrons ont décidé de démanteler l’usine « Début janvier 2020, la direction de l’entreprise fait détruire les paniers de chargement mais, lorsque les bulldozers se présentent quelques jours plus tard, les salariés investissent l’usine. L’occupation empêche la destruction des machines par la direction et tient bon jusqu’au 19 mars, en pleine crise du Coronavirus. Pour respecter le confinement, les salariés en lutte décident alors de remettre le site sous la responsabilité de la Préfecture. »

Ces travailleurs et travailleuses se battent donc pour faire rouvrir l’usine et pouvoir participer à l’effort collectif de lutte contre la pandémie. Leur travail relève de la haute essentiealité. Ils et elles exigent la nationalisation de l’usine et la remise en marche immédiate pour sauver des vies.

Quant à l’Afrique
Tester des vaccins sur les Africains ? “Nous ne sommes pas des cobayes !”

L’article dénonce une vision odieuse de l’Afrique :

« C’est par le professeur Jean-Paul Mira qu’arrive la polémique : “Si je peux être provocateur, est-ce qu’on ne devrait pas faire cette étude en Afrique, où il n’y a pas de masques, pas de traitements, pas de réanimation ? Un peu comme c’est fait d’ailleurs pour certaines études sur le sida, où chez les prostituées on essaye des choses parce qu’on sait qu’elles sont hautement exposées et elles ne se protègent pas ? »

Et rappelle une réponse claire contre ce racisme :

« Pourquoi ramener l’Afrique à ce statut de laboratoire grandeur nature, après l’avoir considérée comme une poubelle où tous les déchets occidentaux, matériels comme humains, sont déversés à longueur de journée, malheureusement avec la complicité active ou passive de dirigeants africains uniquement guidés par leurs intérêts personnels et très égoïstes ? » poursuit Wakat Séra.

Sur la question des loyers
Face au coronavirus, des collectifs appellent à la « grève des loyers » en Espagne

La pandémie touche plus durement les personnes les plus démunies et les plus vulnérables. Cela transparaît clairement autour du paiement des loyers. En Espagne, les syndicats de locataires appellent à une grève des loyers le 1 avril. « Qui n’est pas rémunéré ne paye pas »

Avec ce mot d’ordre ce syndicat des locataires veut apporter une réponse collective à la pauvreté. Une pétition est en ligne, une cagnotte de résistance a aussi été créée avec couverture légale pour les grévistes.

La situation des locataires impose ce mot d’ordre « En Espagne, sur le marché de la location en 2018, 27,8 % des locataires étaient au chômage et 37,3 % avaient un contrat temporaire. Il n’est pas juste que la classe travailleuse, avec une capacité financière très amoindrie actuellement, continue de payer », peste Ferrán Elias, de l’Observatori d’Habitatge i Turisme de Clot-Camp de l’Arpa et membre de la campagne. »

Le gouvernement socialiste a approuvé certaines mesures. C,est un début mais les microcrédits allant jusqu’à 900 euros par mois font dire aux militants et militantes « Les décisions du gouvernement vont, pour le moment, dans le même sens qu’après la crise de 2008 : protéger les grands propriétaires et les banques. Or eux aussi doivent assumer leur part du coût de la crise. »

Une lutte à suivre.
Qu’en est-il pour les femmes

Covid-19. Avec les confinement, une augmentation des violences domestiques partout dans le monde

Passer d’une lutte sur les loyers à des situations de violence conjugale, il n’y a qu’un pas de souris. Le confinement généralisé montre à l’échelle mondiale que les violences faites aux femmes sont en hausse.

« Ainsi, d’après des militantes, dans la province chinoise de Hubei, d’où est partie la pandémie, le district de Jianli a recensé un triplement des plaintes pour violences conjugales en février 2020 par rapport au même mois l’année d’avant – 47 contre 162. »

« En Catalogne, “le gouvernement indique que le numéro d’urgence consacré à ces violences a enregistré une augmentation de 20 % des appels dans les premiers jours du confinement”. »

Et les féminicides ne vont pas arrêter avec le confinement. Les difficultés économiques vont aussi augmenter les tensions familiales. La situation risque donc d’empirer.

Covid 19 : Les avortements ne peuvent attendre ! Pour une loi d’urgence !

La crise du Covid 19 va aussi remettre les droits des femmes en question. L’avortement comme intervention médical est remise aux calendres grecques dans des hôpitaux français sous prétexte de « prioriser les soins aux personnes atteintes gravement par le coronavirus- avec la fermeture des créneaux de bloc opératoire pour les IVG instrumentales - , soit par manque de matériel de protection pour le personnel d’accueil et soignant »

Mais l’article conclut clairement « Les droits des Femmes n’ont pas à payer le prix des conséquences de l’épidémie ! »

Bonne lecture !

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