Édition du 23 avril 2024

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Environnement

Utopie, Covid et climat

Utopie ? Je voudrais que nous prenions la mesure de ce qui nous arrive, parce que c’est unique. Nous sommes dans un malheur collectif. C’est rare. Une situation que nous essayons de vivre à notre échelle québécoise, mais qui est bien plus vaste. C’est un tremblement de planète.

Élisabeth Germain. Publié sur Facebook le 24-03-2020

C’est la première fois, sans doute, mais sûrement pas la dernière, que nous pouvons voir se déployer à la grandeur de la planète, petit à petit, un fléau qui nous atteint toutes et tous. Nous ne sommes pas tous « covidés », mais nous sommes tous soumis physiquement à des mesures extraordinaires et inédites d’éloignement physique, d’interdiction de se toucher, de manger ensemble, de faire l’amour ou l’amitié, de bercer les enfants de nos amis, de jouer ensemble. Certains sont déjà frappés de plein fouet par la perte de leur emploi, par la faillite de leur entreprise, par l’effondrement de ce qu’elles et ils ont mis des années à bâtir. Nos enfants sont en chômage. Nous vivons tous dans ce monde économiquement bouleversé, et il ne s’agit pas seulement d’une crise financière ou boursière, mais d’un déraillement de l’économie réelle.

En quelques semaines, un monde a basculé. Un scénario se répète, d’est en ouest et du nord au sud : statistiques et nouvelles alarmantes venues d’ailleurs, essaimage, arrivée des premiers cas, incrédulité devant la contagion, résistance aux premières mesures locales, durcissement des mesures ; la vie sociale s’effrite, des gens paniquent, on court après le papier de toilette ; les nouvelles rencontres distanciées à l’épicerie ou ailleurs se font à moitié dans la gêne, à moitié dans la complicité, des réseaux d’entraide se créent, la vie se médiatise (malheur à qui n’est pas branché !), nous voilà accrochés à nos Facebook, Facepalm, WhatsApp, nous déjeunons sur Messenger et donnons rendez-vous de 5 à 7 sur Skype ou Zoom.

Cette épreuve, nous la ressentons dans nos vies personnelles, chaque jour, chaque heure. Nous n’arrêtons pas d’y penser. Oh, quelques minutes ou quelques heures de distraction, mais la réalité se ramène à nous bien vite, avec les inquiétudes frustrations, contrariétés. Ou encore avec les gentillesses, le soutien, la générosité de cette amie, de cette sœur, de ce copain, qui nous fait des courses, qui appelle pour prendre des nouvelles, qui apporte un livre.

Tous les médias nous entretiennent dans un état d’alerte à propos de ce qui se passe. On ne nous a jamais autant parlé du reste du monde.

Parce que tout s’est passé très vite – en quelques semaines tout a basculé –, nous avons la conscience aiguë de vivre une période anormale, menaçante et qui nécessite des interventions énergiques. Les statistiques mortelles chaque jour nous le rappellent. Nous avons été plongés dans l’eau bouillante d’un seul coup.
Mais il est un autre fléau qui se développe tout autour de nous sans que nous le ressentions de façon évidente. Une eau qui se réchauffe lentement, nous permettant de nous y habituer et de ne pas en tenir compte. C’est le réchauffement climatique. Celui-là aussi il nous enveloppe toutes et tous, il nous menace inexorablement. Mais on ne le sent pas dans notre vie quotidienne.

Alors pour cela, rien n’est fait, ou presque. Oh, quelques conférences internationales, qui accouchent péniblement de résolutions jamais remplies. Des promesses d’investissements qui se diluent dans d’autres impératifs économiques. Des appels de scientifiques ou d’organisations écologistes qui se perdent dans le vacarme de la consommation.

Mais nous savons aujourd’hui qu’il est possible de tout arrêter et de prendre des mesures extraordinaires.

Alors cessons de penser que les écologistes sont des alarmistes et que de toute façon, il est utopique de vouloir éliminer le pétrole de nos vies, transformer le système de production, prendre soin des gens et de la planète. Exigeons-le et ça se fera !

Et n’attendons pas « après la Covid ». Puisqu’il faut déjà rebâtir le monde, un monde où la compétition et les inégalités empêchent autant la santé humaine que la viabilité de la planète, inspirons-nous de cette expérience, de nos peurs et de nos solidarités pour le reconstruire avec bienveillance, justice et liberté.

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