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Pour le Québec
Le groupe international
Entretien du 22 avril 2024 avec Jean-Pierre Roy Valdebenito, infirmier de Québec, membre de la délégation québécoise de la Flottille de la liberté de Gaza.
C’était le 26 janvier 2024 : suite à une plainte de l’Afrique du sud, la Cour internationale de justice, la plus haute juridiction de l’ONU, demandait que soit appliquée la convention pour la prévention du crime de génocide dans la bande de Gaza.
Il existait donc un risque de génocide à Gaza, appréhendé par une des institutions internationales les plus sérieuses qui soient.
Pourtant depuis cette date, aucun geste de prévention digne de ce nom n’a été posé par l’État d’Israël. Tout au contraire ! Gaza s’est transformé en un champ de ruines et continue à être bombardé quotidiennement. Le nombre de morts —près de 33 000, la grande majorité étant des femmes et des enfants— ne cessent de croître au jour le jour, et les quelques deux millions de personnes déplacées et massées dans des camps de fortune à Rafah, se trouvent toujours visées par le projet annoncé par le premier ministre Netanyahou d’une attaque terrestre de l’armée d’Israël. Quant aux rares organisations humanitaires oeuvrant encore sur le terrain, elles ne cessent de rappeler les conditions absolument inhumaines infligées au peuple palestinien de Gaza, tout comme les risques de famines et d’épidémies grandissants, alors que systématiquement est entravée, retardée, interdite même par l’armée israélienne, l’entrée d’une aide humanitaire pourtant si ... vitale.
Pendant ce temps là, les grandes puissances occidentales —celles-là mêmes qui, dans les forums internationaux, se font un honneur de défendre le droit à l’auto-détermination des peuples (comme en Ukraine)— jouent de duplicité et tergiversent, fermant hypocritement les yeux sur le drame qui se joue pourtant sous leur yeux. Apparemment tout occupées à empêcher qu’un conflit plus grave dégénère entre Israël et l’Iran.
C’est dans ce contexte passablement délétère que l’initiative internationale et citoyenne d’organiser depuis Istanbul une flottille de bateaux humanitaires à destination de Gaza afin d’y apporter de l’aide, prend un sens particulier. Cette flottille de la liberté pour Gaza est composée de 3 bateaux chargés de près 5 500 tonnes de matériel humanitaire (médicaments, matériel médical, anesthésiants, vivres, etc.). Et c’est plus de 280 volontaires et activistes provenant de 34 pays, dont quatre Québécois (Nima Machouf (épidémiologiste), Jean-Pierre Roy Valdebenito (infirmier), Gligor Delev (urgentologue) et Rifah Audeh (documentariste)) qui ont décidé de monter à bord.
Avec les moyens dont ils disposent, ils tentent de faire face à ce sentiment d’impuissance que tant d’entre nous ont pu vivre ces derniers mois. Ils tentent aussi de répondre au besoin de justice et d’humanité que, par-delà la peur ou l’effroi, on ne peut que ressentir en prenant conscience des drames humains qui ne cessent de se multiplier au sein de la population civile de Gaza. Et surtout ils essayent de rappeler à nos gouvernements —du Québec comme du Canada— les devoirs politiques et éthiques qui leur reviennent : ceux de faire respecter les accords internationaux et règles du droit qui permettent aux individus et aux peuples d’échapper aux malheurs de la guerre et de l’arbitraire absolu ; tout comme d’assurer la sécurité de citoyens et citoyennes qui, en participant à une telle flottille, nous rappellent ce qu’il en est de notre humanité commune.
Après tout le Canada n’a-t-il pas participé tout récemment à une coalition internationale pour protéger la sécurité de bateaux marchands en mer Rouge ? On ne peut que souhaiter qu’il fasse de même pour cette flottille de la liberté, et qu’un vaste mouvement de solidarité se lève au Québec dans le sillage de cette courageuse mission humanitaire.
Pierre Mouterde
Sociologue et essayiste
le 22 avril 2024
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