Édition du 23 avril 2024

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Opinion

Violents, les radicaux ?

Voilà un amalgame qui ne tient pas la route. De célèbres radicaux (Luther King, Gandhi, les jésuites et frères Berrigan, …) ont attiré l’attention des policiers, mais n’ont jamais dérogé à leurs principes menant à la désobéissance civile.
Alors, la question reste pour les militants les plus résolus : de quelle façon faire en sorte qu’une violence, politiquement funeste dans les circonstances, ne nous soit pas attribuée et qu’en contrepartie, les radicaux les plus pressés dans nos rangs ne finissent par appeler à une riposte violente contre les symboles d’un pouvoir sclérosé, mal adapté et souvent plus tenté par la répression que par l’écoute ?

L’histoire du pouvoir britannique en Irlande ou celle du Canada contre les Autochtones peut nous servir de repère. Rien n’a vraiment abouti, dans l’effort pour être entendu, qui ne finisse par des reculs du pouvoir.

Il me semble que la seule issue véritablement durable soit l’ouverture aux changements, i.e. aux concessions du pouvoir à la hauteur des enjeux posés par les militants de manière à ce qu’une partie de ce pouvoir soit dévolu au peuple lui-même (dont font partie les radicaux) dans la jouissance de nouvelles libertés, d’accès à de nouveaux droits ou de nouvelles responsabilités, avec des moyens de les assumer. Les exemples issus d’initiatives populaires ou syndicales sont légions. La démocratie participative dans la gestion au quotidien des groupes populaires. Des garderies gérées par les parents et financées par l’État. Comme salariés, le droit de refuser un travail dangereux. L’implication de femmes dans des centres spécialisés pour contrer la violence conjugale. En somme, un élargissement des droits démocratiques plutôt que leur encadrement rigide, policier, comme en appelle souvent l’ADQ.

Les radicaux ne sont pas spontanément violents, mais leur engagement politique n’en mérite pas moins une attention des pouvoirs plus ouverte aux objectifs progressistes qu’ils posent pour des avancées de société. Leur stratégie de ne s’associer au pouvoir en aucune façon me semble la plus adaptée pour le changer. Comment en effet défendre la gratuité scolaire, pour un accès universel à l’éducation, par exemple, quand tous les partis confondus de l’Assemblée Nationale, loyaux entre eux et envers leur façon d’en imposer au nom de « l’intérêt supérieur de la nation », se préparent à se liguer contre les étudiants cet automne ? Une jeunesse qui se refroidirait sur cet enjeu majeur serait le pire déni d’elle-même qu’une démocratie tournée vers l’avenir pourrait connaître. En effet, on ne veut pas, soi disant, laisser aux jeunes une dette collective, mais on leur impose une dette individuelle pour une éducation accessible. Comment ne pas voir venir le piège et refuser tout dialogue jusqu’à la concession finale du pouvoir en place ?

Mots-clés : Opinion
Guy Roy

l’auteur est membre du collectif PCQ de Québec solidaire à Lévis.

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