Édition du 30 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Point de mire du 12 mars 2019

À nous la rue !

Dans ces points de mire, Presse-toi à gauche présente synthétiquement des éléments d’analyses d’articles publiés dans l’édition de la semaine et explicite ses partis-pris sur les points d’actualité et les débats en cours. Points de mire, pour bien marquer où nous voulons en venir !

Les débats sur la position à adopter concernant le projet de loi sur la laïcité de la CAQ se poursuivent parmi les membres de Québec solidaire. André Frappier a assisté à une rencontre de membres qui défendent l’option A, soit le compromis autour du rapport Bouchard-Taylor. L’auteur déplore que les tenant.e.s de cette position sous-estiment les efforts de la CAQ et de la droite identitaire en général, PQ inclut, de jouer sur les sentiments anti-étrangers pour (re)construire leur base électorale. Il souligne aussi l’argument de la « position nuancée » que souhaite l’aile parlementaire pour ouvrir une voie de négociation avec la CAQ. Frappier affirme au contraire que le rôle de QS est de « débusquer les flibustiers et les poltrons qui nous gouvernent (...) et de démystifier l’instrumentalisation qu’ ’ils font des préjugés et de la peur de l’étranger pour diviser la société et s’assurer le pouvoir ? » Il conclut qu’il faudrait davantage souligner que « c’est l’Etat qui doit être laïque net qu’en ce moment l’Etat finance les écoles privées, dont les écoles confessionnelles. »

Frappier fait aussi référence à la lettre de membres qui est adressée à l’aile parlementaire et aux associations de comtés et qui défend l’option B qui prône l’absence d’interdiction quant aux signes religieux. Le conseil national de QS tranchera le débat à la fin mars. Les signataires soulignent que le rapport Bouchard-Taylor a produit les effets inverse de ceux souhaités, soit l’augmentation de la stigmatisation et qu’il faut dépasser ce qui est un mauvais compromis. Même Charles Taylor est revenu sur sa position. Par ailleurs, ils et elles déplorent que certain.e.s participent au débat à des fins politiques, voulant clore le débat par un compromis alors que l’exemple de la France démontre les effets inverses d’une telle position. Sébastien Barraud exprime lui aussi son appui à l’option B en mentionnant avec justesse que l’interdiction des signes religieux là où elle est appliquée n’a pas permis de lutter contre les inégalités, ce qui est de la nature même d’un parti de gauche selon l’auteur. Il est pessimiste quant aux chances que le compromis à la Bouchard-Taylor n’apaisera la situation. Nous complétons le dossier sur le sujet en publiant la compréhension du débat qu’adopte la Ligue des droits et libertés L’article rappelle les prises de positions de l’organisme ainsi que sa conception de la laïcité dans le débat actuel.

La lutte des travailleurs et travailleuses de GM à Oshawa contre la fermeture de l’usine annoncée par la multinationale se poursuit. Les membres du syndicat local renouent avec une tradition d’avant-garde alors qu’ils et elles réclament la nationalisation sans compensation et sous contrôle des salarié.e.s et de la communauté de l’usine concernée. Une mobilisation d’envergure est à construire pour contraindre les gouvernements à agir en ce sens. Les organisations syndicales et populaires du Québec doivent soutenir ce mouvement.

À quelques jours des manifestations du 15 mars pour lutter contre les changements climatiques, nous publions un entretien avec l’agronome belge Daniel Tanuro. Il souligne la radicalisation des manifestations en faveur du climat. Les jeunes s’annoncent officiellement anti-capitalistes et organisent des actions de désobéissance civiles. Tanuro souligne que l’abolition du capitalisme, intrinsèquement « croissanciste », est une condition nécessaire à la lutte aux changements climatiques. Le capitalisme est une économie de surproduction et de surconsommation qui va de pair avec la destruction de l’environnement et le pillage des ressources. Il faut donc que les mouvements écologistes adoptent une orientation anti-capitaliste, tissent des liens avec les autres mouvements sociaux par des revendications communes et renforcent la protection contre la répression qui sera inévitablement la réponse des riches et puissants et de leurs Etats.

Deux importants événements se tiendront cette semaine. Tout d’abord Québec solidaire de la Capitale-nationale organise une soirée publique portant sur l’opposition au 3e lien. Puis, les manifestations à l’invitation du collectif La Planète s’invite à l’université et les organisations de cette mouvance invitent la population , cheval de bataille de la droite dans la région. C’est mercredi le 13 mars au D’Auteuil à des manifestations régionales vendredi le 15 mars. Il s’agit d’événements importants dans la construction de mouvements pour contraindre la CAQ à prendre au sérieux la lutte aux changements climatiques. Tous et toutes à la rue.

Sur la scène internationale

S’intéresser à la situation internationale est parfois difficile. Il faut des notions géographiques, économiques, historiques qu’un seul article ne peut apporter. Pour y voir clair, il faut alors recourir à plusieurs sources d’informations. Mais parfois, on peut trouver un seul article qui peut, à lui seul, résumer la situation et nous en donner un bon portrait.

Nous avons retenu deux textes pour leur approche 101 de problématique internationale.

D’abords le Sahara occidental en Afrique, contrée qui passe sous la plupart des radars de l’actualité

Sahara occidental : un conflit de décolonisation toujours sans solution.

L’article commence par une série de questions pertinentes :  Le Sahara occidental est l’un des derniers territoires non autonomes reconnu par l’ONU et sa situation reste plus que jamais bloquée…...Pourquoi 43 ans après le départ de l’Espagne est-il encore sous la férule du pouvoir marocain et pourquoi les multiples résolutions et initiatives de l’ONU ne sont-elles toujours pas appliquées ? »

En fait les réponses à ces questions sont le cadre de ce texte. Nous avons reproduit les têtes de chapitre pour illustrer le tour d’horizon historique et social que l’article apporte :
 Un territoire désertique, sous-peuplé et sans allégeance politique ; Une colonisation brève et superficielle (1884-1975) ; La fin de la colonisation espagnole (1963-1975) ; Les débuts de la guerre et la proclamation de la RASD (1975-1976) ; De la guerre au cessez-le-feu (1976-1991 ; L’impasse (1991-2019) ;Une colonisation qui n’en finit pas »

L’article conclut sur une note peu optimiste : l’autodétermination est loin d’être un enjeu facilement ré-solvable et ce, à l’instar du peuple palestinien.

L’autre article 101, porte sur l’Algérie.

Les mobilisations massives des dernières semaines sont importantes à suivre et l’article en fait un recensement chronologique dès plus pertinents.

Algérie Le « hirak » (mouvement) contre « le mandat de la honte » de Bouteflika

Évidemment l’énumération des actions en souligne leur importance : « Pourtant, une page de l’histoire est en train de s’écrire et il y aura bien un avant et un après 22 février 2019 en Algérie ». L’article conclut sur un constat : « l’Algérie retient son souffle, la responsabilité du pouvoir en place est énorme. »

L’Algérie fait présentement les manchettes avec ces mobilisations de masses. Un article expliquant la situation des jeunes étudiants et étudiantes nous a intéressé. Les étudiants algériens, clés du changement

L’Algérie est un pays jeune : la population de moins de trente ans totalise 53%. Et l’instruction est devenu partie prenante de la jeunesse. En 1999 il y avait 425,000 étudiants et étudiantes pour 1,7 millions en 2019 : « Une part importante et croissante de la jeunesse est inscrite dans l’enseignement supérieur. En seulement six ans, le taux est passé de 31 à 43 %, rattrapant puis dépassant rapidement celui de la moyenne mondiale (de 32 à 37 %), » De plus les jeunes instruits sont en fait des femmes : « Un aspect très visible (notamment dans les manifestations récentes), emblématique et non des moindres, est la féminisation de l’université.D’une représentation à peu près équilibrée entre les deux sexes en l’an 2000, la part des jeunes femmes parvient à atteindre aujourd’hui les deux tiers des effectifs étudiants ». L’article conclut sur la place essentielle de la jeunesse scolarisée dans les luttes actuelles : « Les étudiants – de par leur poids démographique, l’énergie dégagée de leurs aspirations aux changements sociétaux qu’incarne leur population – constituent un puissant vecteur de transformation immédiate et à venir. »

Au niveau international, les gilets jaunes en sont à leur seizième semaine de mobilisation. L’article que nos vous présentons rapporte les propos d’un jeune de 13 ans. En un paragraphe et demi, il nous expose la situation avec une lucidité étonnante. À lire mais impossible à résumer. Témoignage de Efan, 13 ans, à propos des gilets jaunes

Autre sujet chaud de l’actualité internationale . Le Vénézuela. Venezuela : Suspendre le paiement de la dette et créer un fonds d’urgence humanitaire. L’article commence en prenant clairement position contre l’intervention et l’ingérence étrangères : « Il ne fait aucun doute qu’il faut s’opposer activement à la politique de Donald Trump, à celle du groupe de Lima [1] et aux puissances européennes qui veulent imposer le putschiste Juan Guaidó à la présidence du pays et qui sont prêts à recourir à différentes formes d’ingérence pour y parvenir. » Mais du même coup, l’article précise qu’il ne faut pas tordre le bâton dans l’autre sens et encenser Maduro : « Mais il y a également une part de responsabilité du gouvernement de Maduro et de la nouvelle bourgeoisie bolivarienne qui est née et a prospéré ces dernières années dans le sillage du gouvernement et du parti de Maduro, le PSUV. La racine des problèmes remonte loin. »

2019, grève internationale des femmes

Au lendemain du 8 mars, Journée internationale des femmes, il nous semblait important de vous proposer des textes féministes. Le premier choisi rapporte une grève de femmes en France, Résidences de Biscaye : victoire syndicale et féministe

Ce conflit de travail a duré plus de deux ans. Mais fortes de leur détermination, ces femmes courageuses ont gagné : « Le 27 octobre 2017, après presque deux ans de mobilisation, nous, les salariées des maisons de retraite de Biscaye, sommes arrivées à un accord formidable, qui permettra de dignifier les conditions de travail de 5 000 salariées. Cet Accord reprend les exigences toujours revendiquées par le secteur : journée de travail de 35 heures par semaine, salaire minimum de 1 200 euros, 100% du salaire en cas d’accident professionnel ou maladie professionnelle, augmentation des bonus pour travail dominical et de nuit, reconnaissance de la pause de 20 minutes comme temps de travail ». L’auteure tire les leçons de ce conflit qui, en fait, peuvent servir partout où des femmes se mettent en luttent. Nous en avons choisi trois : « Une large diffusion du conflit ; Un immense travail d’organisation ; Le soutien de tout un syndicat. » Une goutte d’espoir dans notre vaste monde capitaliste et patriarcale

Avec ce dernier texte on tente de faire le lien féminisme et écologie. L’écoféminisme, un regard indispensable face à l’anthropocène « L’humanité se trouve dans une situation difficile. Les derniers rapports sur le changement climatique signalent que l’effondrement des écosystèmes est déjà en marche, et les signes d’épuisement des ressources naturelles et énergétiques sont désormais manifestes » Dès le départ, ce constat est fait et place écologie et féminisme dans les différentes crises actuelles. L’auteur poursuit son argumentation autour de deux dépendances ; celle envers la nature et celle envers les autres êtres humains : « La vie humaine comporte deux dépendances incontournables : la dépendance que chacun d’entre nous entretient avec la nature et celle que nous entretenons avec nos semblables. » L’auteure conclut sur une définition de l’écoféminisme qui tient compte des perspectives de changement social : « Prendre en compte les relations d’écodépendance et d’interdépendance peut aider à remettre l’économie au service de la soutenabilité de la vie - vie humaine, sociale et écologique. Cette soutenabilité suppose une relation équitable et harmonieuse entre l’humanité et la nature, et entre les femmes et les hommes. »

Bonne lecture

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