Revendiquer la réduction du temps de travail est une chose. C’est une revendication légitime de toutes les travailleuses et de tous les travailleurs depuis que le syndicalisme existe. Il est essentiel pour la santé de tout le monde, et au vu des gains de productivité qu’ont permis toutes les avancées technologiques, que la durée de la semaine de travail soit réduite tout en conservant la même rémunération. Le rapport actuel entre l’investissement des propriétaires et le profit qu’ils tirent du travail de leurs employéEs est plus grand qu’il n’a jamais été. Cela justifie un peu plus de respect pour celles et ceux qui font vivre les dirigeants d’entreprise dont les revenus sont astronomiques.
Il est normal aussi que l’on répartisse mieux le temps de travail dans la journée et que les travailleuses et travailleurs disposent de temps pour se reposer. Et, effectivement, ils pourront bien faire ce qu’ils veulent pendant ces pauses (prier, fumer, aller aux toilettes ou tchatter avec leurs chums).
Mais introduire la religion dans les lieux de travail n’a absolument rien de légitime. De quel droit et en vertu de quel privilège, certaines pauses seraient accordées aux personnes qui prient et pas aux autres ? Pourquoi donc faudrait-il qu’on aménage du temps et de l’espace pour les activités religieuses sur les lieux de travail ?
Si les employéEs demandaient qu’on aménage une salle pour les personnes qui collectionnent les timbres ou les canettes de bière, je ne crois que l’on trouverait cela approprié.
L’objectif du pasteur Brinton et de ses semblables est de faire reconnaître la religion dans l’espace public alors qu’il s’agit du dérivé d’une croyance, laquelle n’est qu’une affaire personnelle qui doit rester dans la tête des personnes qui y croient. Libres à elles de se réunir dans des lieux qu’elles auront réservés à cet effet dans le cadre de leurs activités privées. Reconnaître une seule religion sur les lieux de travail, c’est ouvrir la porte à les reconnaître toutes. Et on ne voit pas en effet pourquoi l’une devrait avoir un privilège sur les autres.
Il faut d’une part, et très laïquement, revendiquer une meilleure répartition du temps de travail, une diminution de la semaine de travail, plus de respect pour le droit des employéEs de bénéficier de pauses. C’est une première chose. C’est toutefois extrêmement différent de demander des pauses liées à la foi religieuse.
Ce n’est certainement pas en accordant des privilèges aux religions que l’on aidera la cause des travailleuses et des travailleurs. Les religions multiplient les discriminations et les motifs de dispute entre les êtres humains à cause de leurs exigences et distinctions byzantines.
Il faut au contraire libérer l’espace public de toute référence religieuse.