Édition du 30 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Point de mire du 17 septembre 2019

Campagne électorale : de la politique spectacle

Dans ces points de mire, Presse-toi à gauche présente synthétiquement des éléments d’analyses d’articles publiés dans l’édition de la semaine et explicite ses partis-pris sur les points d’actualité et les débats en cours. Points de mire, pour bien marquer où nous voulons en venir !

Cette semaine, Chloé Matte-Gagné dresse un panorama de la scène politique fédérale au déclenchement des élections, Mark Winfield se place en porte à faux des libéraux sur leurs engagements « écologistes » et le groupe Montréal antifaciste nous expose un tableau de ce qui constitue aujourd’hui l’extrême droite québécoise.
 
Chloé Matte-Gagné dénonce la politique spectacle que nous imposent les partis fédéraux. « Les promesses des partis politiques nous laissent croire à un futur meilleur. Mais ce futur s’annonce, dans la vraie vie, bien plus sombre que ce que nous en disent les partis politiques. Ce qui se profile, en fait, à l’horizon c’est le spectre d’une crise économique précédée d’un chaos environnemental et d’un désastre écologique. », croit l’auteure. Ils possèdent bien une stratégie différente de nous convaincre de leur programme mais, à terme, leurs orientations comportent des « sujets tabous » qui constituent autant d’angles morts que les politicien.ne.s veulent éviter d’aborder. Une mascarade électorale conclut l’auteure.
 
Soulignant que l’environnement constitue un enjeu clé du prochain scrutin, Winfield souligne les importantes contradictions entre le discours libéral et les gestes politiques posés par le gouvernement Trudeau. Peu verront dans l’achat d’un pipeline une mesure favorable à la réduction des GES. Attaqué sur sa droite par les conservateurs et sur sa gauche par le NPD et les Verts, Justin Trudeau a perdu de son vernis vert. Les électeurs et les électrices auront bien du mal à départager qui mérite leur confiance et qui doit être écarté des options. Les libéraux ne font définitivement plus partie des valeurs sûres.
 
Compte-tenu du contexte récent avec la Charte des valeurs du PQ puis de la montée du discours de la CAQ, l’extrême-droite québécoise a connu une croissance importante au cours des récentes années. Montréal antifaciste dresse un portrait de cette mouvance qui porte avec force la haine dans le discours public depuis quelques années. Faisant la nuance entre la droite nationale-populiste et l’aile réellement néo-nazi, les auteurs en font l’historique, propose un état des forces des différents courants et organisations et offre des perspectives d’action pour ceux et celles qui veulent couper court au développement de cette peste politique.
 
Pour compléter notre dossier sur les élections fédérales, nous vous invitons à parcourir les textes de Brian Budd sur les difficultés des conservateurs en ce début de campagne, de Chedly Belkhodja sur le développement du discours populiste dans la campagne et des textes du Congrès du travail du Canada, du Syndicat des travailleurs et des travailleuses des postes et de CPP Environnement sur les enjeux de cette élection pour les mouvements sociaux.
 
Par ailleurs, Québec solidaire initie une réflexion sur les enjeux relatifs à l’écotaxation, sur la défense d’un Québec solidaire ainsi que sur d’autres aspects programmatiques. Des contributions nous sont parvenus, notamment celle du Regroupement des militant.e.s écoligistes et de Marc Bonhomme.

Sur la scène internationale

Des mobilisations se déroulent un peu partout à travers la planète. Nous en avons retenu trois. Et nous vous invitons à lire deux autres articles portant sur l’industrie automobile et le débat laïcité en France.

Concernant les mobilisations

Évidemment les luttes pour protéger la planète seront à l’avant plan de l’actualité dans les prochaines semaines
Les syndicats doivent se rallier à la grève mondiale pour le climat pour éviter une catastrophe climatique

D’emblée, l’article pose bien le problème de la grève pour le climat dans les rangs ouvriers. Plusieurs contraintes juridiques avec fortes pénalités empêchent les travailleurs et travailleuses de se mettre en grève. Et les amendes et contraintes sont d’importants repoussoirs à la mobilisation. Le texte poursuit en mentionnant que les revendications climatiques sont nouvelles dans le mouvement ouvrier et « ces efforts se sont, jusqu’ici, limités aux stratégies d’atténuation et d’adaptation à l’échelle du lieu de travail et manquent de couvrir des engagements plus larges sur le changement climatique. »

Mais certains syndicats commencent à négocier des clauses d’écologisation ou de transition juste. Pourquoi cette démarche est-elle importante ? « Déjà, l’OIT a expliqué que le changement climatique, s’il n’est pas traité, aura des répercussions sérieuses sur l’emploi dans tous les secteurs et dans toutes les régions. Parmi ces répercussions, on peut citer d’importantes migrations pour le travail liées au climat, des conditions de travail dangereuses dues à des chaleurs extrêmes, la perte d’emplois dans les zones rurales en raison de mauvaises récoltes et la perte d’emplois dans les zones urbaines attribuable aux phénomènes météorologiques extrêmes. » Et en conclusion l’article insiste sur l’importance de continuer la réflexion après les importantes mobilisations sur le climat.

La grève des Urgences : un combat exemplaire

Une importante grève se déroule présentement en France dans les urgences hospitalières. Nous avons choisi cette lutte parce qu’elle a plusieurs points en commun avec nos propres grèves dans le secteur public et nos propres négos qui débutent cette automne. Peut-être un présage de ce qui nous attend. Pour comprendre l’ampleur du mouvement : « En mars dernier, la grève ne touchait que les hôpitaux de Paris. Fin août, elle avait gagné plus du tiers des Urgences du pays. » Et pour connaître les revendications « Les revendications, portées par le collectif Inter-Urgences et les syndicats CGT, SUD et FO, sont :
1) L’augmentation des salaires de 300 euros net mensuels ;
2) L’ouverture d’un nombre de lits d’hospitalisation répondant aux besoins réels ;
3) La création sans délai de 10 000 postes supplémentaires à l’échelle nationale. »

Et à l’instar d’ici les personnes soignantes vivent fardeau de tâches, violences et remplacement déficient. Mais fait nouveau il est mentionné dans l’article que la population française 30% en fait ne se fait pas soigner faute d’argent. C’est beaucoup ; mais peut-être que, si ici on faisait des statistiques, on arriverait à des résultats similaires. Et nous retenons la conclusion de l’article pour le lien avec la population  « Ce n’est pas parce qu’on fait grève que vous attendez [aux Urgences] ; c’est parce que vous attendez que nous faisons grève », répètent ces « héros » dont le mouvement et la radicalité sont soutenus par plus de 90 % de la population. » Et comme conflit retenu : un lutte féministe contre la montée de la droite.

Ne pleurons pas, organisons la résistance au populisme !

La personne rédactrice du texte démontre bien que dans les pays où la droite est au pouvoir les droits de femmes sont remis en question. Bien sûr la question de l’avortement vient en tête de liste mais aussi bien d’autres droits acquis sont annulés, remis aux votes, questionnés etc.. et surtout ceux concernant les violences faites aux femmes. L’article pose la nécessité de s’unir pour lutter et fait le partage entre non-alliées et « Les véritables alliées des mouvements pour l’émancipation des femmes étaient – et sont toujours – d’abord et avant tout, le mouvement ouvrier et les autres groupes de la société qui font l’objet d’une oppression spécifique » et incite à lutter pour une alternative politique claire.

Et les autre articles…

Avec la crise climatique, la remise en question des énergies fossiles et la nécessité du transport collectif, public et du transport actif, l’automobile est de plus en plus remise en question. Or, depuis le début du XXième siècle l’automobile règne en maître sur l’économie.

Auto-Crash. L’industrie automobile au cœur de la crise à venir

Quelle est l’ampleur de la crise actuelle : « Depuis la reprise par PSA [en février 2017], 8000 emplois ont été supprimés chez Opel, ce qui correspond à 25% du total ; la réduction de 2500 emplois supplémentaires est envisagée, au même titre que la fermeture d’un des trois sites de production. Aux Etats-Unis, GM et Ford réduisent leurs investissements depuis des mois. L’industrie automobile japonaise s’affaiblit également...Dans la première moitié de 2019, une baisse spectaculaire de 14% a été constatée. La Chine est le plus grand marché pour la plupart des constructeurs automobiles occidentaux. »

Cette crise est donc mondiale et secoue le système capitaliste dans son coeur même car cette industrie est un leader en investissement et s’abreuve aux énergies fossiles. Mais la concurrence est féroce et si l’Amérique du Nord, le Japon et la Corée du Sud de même que l’Europe ont longtemps eu la main mise sur cette industrie, la Chine accapare maintenant 30% de la production mondiale.

Alors il faut voir que : « Dans le contexte de la crise de l’économie mondiale dans son ensemble et de l’intensification des différends commerciaux, tout porte à croire que l’évolution de la Chine et de l’industrie automobile sera au cœur d’une nouvelle crise générale du capital mondial. »

Causes et effets d’une rentrée aux senteurs islamophobes. Le discours sur la menace « fondamentaliste

La rentrée automnale en France se fait sous les mobilisations mais aussi sur de féroces débats. Les rangs du mouvement de la France Insoumise ont été ébranlés par des réflexions sur l’islamophobie et la laïcité. « La couverture et les polémiques médiatiques de ces « affaires » contribuent, une nouvelle fois à les (les personnes musulmanes PTAG) construire comme « problème social », à les désigner comme « soucis politique », à les présenter comme « menace idéologique ».

Ces commentaires médiatisés développe une image négative en qualifiant ces gens de ne pas suivre les règles communes et de ne pas vouloir ‘vivre ensemble’. Alors c’est toute la société française qui devient menacée dans certains territoires du pays. Et l’auteur de poursuivre en apportant une définition du racisme et en clarifiant les contextes sociopolitiques de cette nouvelle montée de haine. « Une nouvelle fois la fièvre islamophobe ne resurgit pas indépendamment du contexte. De nouveau c’est l’approche d’élections qui caractérise la montée de la température islamophobe. Ce statut particulier des séquences électorales révèle l’ampleur de la lepénisation des esprits c’est-à-dire l’imposition par l’extrême-droite à l’ensemble du théâtre politique de son vocabulaire, de ses thèmes et de ses logiques. » L’article se poursuit en développant un argumentaire contre la France Insoumise « Le débat bascule dès lors du champ de l’égalité des droits à celui de « l’intégration », euphémisme policé de la logique de l’assimilation coloniale trop connotée négativement par les leçons de l’histoire récente. »

La réflexion aborde aussi l’impact de ce discours raciste sur les luttes « L’islamophobie et le discours sur les réfugiés qui menaceraient l’identité française et/ou européenne ou le « modèle social français et/ou européen » sont les deux mamelles contemporaines du désarmement des contestations sociales et politiques de l’ordre dominant que le mouvement des Gilets Jaunes a ébranlé sérieusement. La violence de la répression de ce mouvement, jusque-là réservée justement aux quartiers populaires en général et à leurs habitants noirs et arabes en particulier, est un indicateur de l’urgence pour la classe dominante de retrouver une idéologie de légitimation désarmant les luttes sociales. » Et finalement, l’auteur nous laisse sur cette réflexion  « Le seul chemin disponible pour une telle dynamique de réarmement des luttes sociales est de jeter aux orties le fatras idéologique à base « d’universalisme », de « modèle français », d’ intégration », de « crise migratoire, etc. »

Bonne lecture

Mots-clés : Edition du 2019-09-17

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