Édition du 16 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Religion : une liberté comme une autre ?

Je ne peux m’empêcher de me poser des questions et de regretter, quand il s’agit de religion, que l’on confonde sans cesse le droit de croire en ce qui nous plaît avec la liberté de religion, qui est en fait la possibilité pour des prêtres ou autres responsables de l’orthodoxie de décider pour nous de ce qui est bien ou mal.

Qu’une personne croie en une entité supérieure parce que ça lui permet de
s’expliquer qu’il y ait quelque chose plutôt que rien, je l’accepte sans problème. Pour moi, ça ne résout rien, parce qu’on peut aussi se demander pourquoi il y aurait une déité plutôt que pas du tout, mais bon.

Qu’une personne croie en une entité supérieure qui fera vivre son âme éternellement parce que ça la rassure devant l’inévitable fin de toute vie, je l’accepte sans problème. Pour moi, ça ne résout rien, parce que l’éternité ne me paraît pas plus rassurante qu’une vie bien accomplie, mais bon.

Mais, dans tous les cas où on arrive à se mettre d’accord sur le fait que c’est bien correct qu’une personne ait ce genre de croyance, jamais cela ne justifie le saut qualitatif qui consiste à accepter ensuite une religion, c’est-à-dire une ensemble organisé qui s’octroie le droit d’opprimer ses fidèles.

Vous me répondrez : « Mais les gens qui ont la même croyance ont bien le droit de s’associer entre eux pour partager leur foi. » Voilà, on y est, c’est le droit d’association, il est prévu par les Chartes. Mais pourquoi donc les Chartes prévoient-elles une liberté de religion, alors que la liberté de conscience et la liberté d’association y sont déjà prévues ?

On ne prévoit pas spécifiquement la liberté de se syndiquer parce que la liberté d’association est déjà prévue, alors pourquoi la religion ?

Aussi, dans le débat sur la laïcité qui fait rage actuellement, on ne fait pas
souvent cette distinction entre la croyance, qui est un droit individuel, et la
religion, qui est un droit d’association.

Aussi mélange-t-on deux objectifs très différents : celui d’empêcher l’état de
contribuer à faire en sorte que les prêtres et autres responsables de l’orthodoxie décident à notre place de ce qui est bien ou mal et celui de respecter les individus dans leurs croyances.

Pour atteindre le premier objectif, il faut que les religions n’aient aucun avantage différent de celui qu’ont toutes les organisations sans but lucratif sinon la liberté de religion serait une liberté d’association plus « égale » que les autres.

Pour atteindre le second objectif, on doit permettre aux individus d’exprimer leur croyance quand cela ne nuit pas à la neutralité de l’État et leur permettre de s’associer avec qui ils le veulent pour partager leur conception du monde.

Alors, est-on justifié de se mêler de la façon dont les gens s’habillent en dehors de certains contextes très spécifiques ? Ne vient-on pas jouer dans la liberté chèrement acquise de pouvoir se vêtir comme on veut, de pouvoir manifester ses opinions et ses croyances dans la mesure où cela n’incite pas à la haine ou à la violence ?

En tout cas, le débat est plus complexe qu’il y paraît et en mélangeant sans cesse deux niveaux, croyance individuelle et association organisée qui vise à l’observance de l’orthodoxie, on n’aide pas à y voir clair.

LAGACÉ Francis

Francis Lagacé

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