Édition du 18 juin 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Amérique centrale et du sud

L’analyse des résultats (et les actions qui en...

L’analyse des résultats (et les actions qui en découlent) exigent de prendre en compte la complexité du processus électoral et certaines de ses caractéristiques.

Note du traducteur :

Le monde entier a suivi le premier tour du 2 octobre des élections présidentielles au Brésil, conscient que là ce jouait le destin d’un pays avec des retombées inévitables sur le continent latino-américain et le monde entier.

L’analyse des résultats (et les actions qui en découlent) exigent de prendre en compte la complexité du processus électoral et certaines de ses caractéristiques.

• D’abord les Brésiliens n’ont pas participé le 2 octobre à une seule élection, mais á 5. Deux élections majoritaires à deux tours pour élire le Président de la République et, pour chacun des 26 états de la fédération et pour le district fédéral de Brasilia, un gouverneur. Une élection majoritaire à un tour pour élire dans chaque état et au district fédéral un sénateur. Ainsi que 2 élections proportionnelles intégrales pour élire dans chaque état et au district fédéral les députés d’état ou du district (membre de l’assemblée législative locale) et des députés fédéraux qui siégeront à l’assemblée législative fédérale à Brasilia.

• Le vote au Brésil est présentiel avec des urnes électroniques. Ce système, continuellement décrié par Bolsonaro et ses sbires, a démontré au fil des ans sa fiabilité, limite les possibilités de fraude et de pression sur les électeurs. En outre il permet une divulgation rapide des résultats : dimanche 2 octobre, les résultats de plus de 99% des urnes pour les cinq élections étaient disponibles vers dès 21h30.

• Les partis et leur campagnes électorales bénéficient d’un large et généreux financement public : ils se sont distribués plus de 1 milliard de dollars en 2022 ! Néanmoins ils peuvent se voir privé de cette manne si leurs résultats électoraux restent en deçà d’une clause de barrière (un minimum de votes ou d’élus dans un minimum d’états). Cette Clause de barrière a poussé des partis à se regrouper en une fédération, ce qui leur permet de cumuler leurs résultats. C’est le cas par exemple de la fédération formée par le PSOL et REDE (Réseau, écologie).

Sur les résultats du premier tour :

Reprendre la rue pour gagner le 30 octobre !

(Déclaration du Secrétariat National du MES-PSOL)

Lula a remporté le premier tour avec 48,4% des voix (57 259 504) contre 43,2% pour Bolsonaro (51 072 345), soit une avance de plus de 6 millions de voix. Cependant le fait marquant - contrairement à l’attente créée par tous les sondages d’opinion - c’est que Bolsonaro a fait beaucoup mieux que prévu. Si le résultat de Lula, à seulement 1,6% d’une victoire au premier tour, se situe dans la marge d’erreur des sondages, ces derniers ont largement sous-estimés les votes pour l’actuel président et, surtout, se sont trompés dans les pronostics concernant les élections aux postes de gouverneur et de sénateur au niveau des états.

Ce qui explique, à certains égards, ce résultat, c’est, á la dernière heure, une migration des votes en faveur Bolsonaro, une sorte de vote utile inversé des secteurs les plus arriérés qui se reconnaissaient jusqu’ici en Simone Tebet (centre droit- 4,16%), et Ciro Gomes (centre gauche- 3,04%) ; en plus d’une mobilisation intense des bolsonaristes le jour du vote, tant sur les réseaux sociaux et que dans la rue. Par conséquent, Bolsonaro a déjà au premier tour fait le plein (ou presque), c’est pourquoi il est important de bien caractériser ce qui s’est passé. Lula devra attirer les 7% de votes qui se sont portés sur Simone et Ciro pour consolider sa victoire, en plus de la nécessité d’impulser un fort mouvement de rue, dont nous parlerons plus loin.

Ce n’est pas la première fois où les sondages se démentis par les résultats. Le phénomène s’est déjà produit dans d’autres élections impliquant de l’extrême droite, comme avec Trump aux États-Unis, le vote du Brexit au Royaume-Uni, entre autres.

La carte électorale montre également un pays divisé. Les états du Nord et du Nordeste ont donné la victoire à Lula et ses candidats gouverneurs ou sénateurs ; en revanche, le Centre Ouest et à l’intérieur du pays, fief traditionnel du bolsonarisme, mais aussi le Sudeste, l’ont largement appuyé. Dans des capitales comme São Paulo et Porto Alègre, fait essentiel, Lula arrive en tête et les candidats du PSOL atteignent des scores importants aux élections législatives.

La lutte continue les prochaines semaines et nos acquis électoraux seront au service de la défaite électorale de Bolsonaro, décisive pour les prochaines années dans le pays.

Des semaines qui valent des années

Face à ce scénario, plus que toute autre tâche, il faut étendre l’effort à la base de la société, en convoquant et en coordonnant des actions politiques et électorales qui dialoguent avec la majorité du peuple qui rejettent le gouvernement de Bolsonaro. A cette fin, nos résultats électoraux servent de point d’appui à l’action de la classe ouvrière, des jeunes, des femmes, des Noirs et des pauvres dans leur ensemble. Nous devons articuler un front antifasciste et étendre notre influence sur la force sociale mobilisée sur le terrain, dans les périphéries et parmi les jeunes.

Le premier tour a été marqué par une certaine apathie et une faible mobilisation de la société. Contrairement á d’autres élections passées, il n’y a pas eu d’agitation ni de grandes concentrations, même dans les universités, bien qu’il y ait eu des actes forts dans certaines villes comme Porto Alegre, Curitiba et Salvador, ainsi que des rassemblements dans les zones Sud et Est de São Paulo.

Dans l’esprit du "Vira voto" [Retourner le vote, grand effort collectif pour convaincre], nous appelons l’ensemble du militantisme, en particulier l’électorat du PSOL, à être l’avant-garde décidée des actions visant à convaincre les indécis et gagner des électeurs de Bolsonaro, et donner le dernier coup de rein pour assurer l’élection de Lula. Ce n’est que dans la rue que nous pourrons vraiment affronter et contenir toute escalade de la violence politique - qui a déjà connu des épisodes lamentables au premier tour - et la narrative putschiste des bolsonaristes sur les réseaux sociaux. Nous devons être ouverts au dialogue avec la population, et débattre des questions concrètes en rapport avec la vie quotidienne. C’est notre défi urgent et immédiat.

Où l’extrême droite s’est renforcée

Bolsonaro a progressé dans la dernière ligne droite, comme on l’a dit, en faisant appel à toutes ses ressources et, malgré cela, il aura bien du mal à battre Lula au second tour. Cependant, il y a eu des victoires importantes de l’extrême droite, que nous voulons signaler et comprendre.

Les plus importantes ont été les victoires au Sénat, où se sont présentés d’anciens ministres et des figures de proue du bolsonarisme, à commencer par le vice-président Hamilton Mourão (RS, Rio Graande do Sul), Marcos Pontes (SP, São Paulo), Rogério Marinho (RN, Rio Grande do Norte), Tereza Cristina (MS, Mato Grosso), parmi d’autres figures abjectes, élues avec le soutien de Bolsonaro, comme Damares Alves (DF, District Fédéral), Magno Malta (ES, Espirito Santo), Claitinho (MG, Minas Gerais), Seif (SC, Santa Catarina). Pour ce qui concerne les gouverneurs, Bolsonaro a également remporté d’importantes victoires avec Ibaneis Rocha (DF), Claudio Castro (RJ, Rio de Janeiro) et Romeu Zema (MG), liquidant au premier tour ces élections dans des états stratégiques. Les bons résultats d’Onyx Lorenzoni (RS) et de Tarcísio de Freitas (SP) - contrairement á ce qu’anticipaient les sondages - illustrent également ce tableau complexe.

Ces résultats corroborent l’existence d’un mouvement social d’une couche importante qui va des secteurs de la classe moyenne qui gagnent entre deux et cinq salaires minimums et s’étend à la classe moyenne plus aisée et à la bourgeoisie. Un mouvement social qui se meut en dessous des superstructures de communication et ou d’organisation traditionnelle, qui a une idéologie d’extrême droite consolidée (antiféministe, raciste, antiscientifique, anticommuniste) très similaire à celle du Trumpisme et des autres mouvements de droite en Europe. Qui a ses propres moyens, se bénéficie de l’appareil d’État, avec ses propres réseau de communication qui diffuse ses vérités parallèles (les soi-disant "faits alternatifs" de Steve Bannon, l’ancien conseiller de Trump).

Dans les classes moyennes les plus pauvres, ce mouvement est très encadré par les églises évangélistes. Ce mouvement fondamentaliste a montré une grande capacité de mobilisation le 7 septembre et est resté à l’œuvre dans toutes les activités de campagne du candidat. Cette mobilisation a été contagieuse, imprégnant ce secteur social de manière silencieuse, de telle sorte que le phénomène n’est pas apparu dans les sondages dans toute son ampleur. Ce mouvement a bénéficié d’une relative amélioration des indices économiques, en particulier de la baisse du prix de l’essence et la diminution du chômage.

Nous ne pouvons pas dire que le gouvernement Bolsonaro a été un gouvernement fasciste, parce qu’il n’a pas été confronté à des situations d’offensive révolutionnaire des travailleurs, comme le fascisme européen l’a fait dans les années 1920 et 1930. Non qu’il n’ait pas eu cette envie, mais il y a eu une résistance démocratique de la rue, mais aussi de fractions de classes qui d´fendent les institutions du régime démocratique bourgeois. Mais le bolsonarisme en tant que mouvement contient tous ses éléments potentiels, qui peuvent se développer différemment dans la période que nous vivons, ou plutôt, qui se déploie déjà comme un néo-fascisme. Ils deviennent de plus en plus réactionnaires à mesure qu’ils renouvellent leur mandat, et c’est ce qui se passera au Brésil si Bolsonaro gagne. Si cela devait se produire nous courrions fortement de risque d’être confronté à un changement de régime jusqu’à voir se constituer un totalitarisme de droite, comme c’est le cas en Hongrie.

Notre élection

Le PSOL a connu une avancée électorale importante, en surmontant la clause barrière et en se plaçant parmi les plus votés dans des grandes villes et des états. Notre représentation parlementaire est plus forte, atteignant 12 sièges à la Chambre des Députés en tant que parti et 14 pour notre fédération. Le PSOL a obtenu plus de voix que le PSDB et le PDT, se consolidant comme la deuxième force de gauche et des nouvelles têtes sont apparues, protagonistes de débats et des luttes centrales de ces dernières années. Il s’agit, en outre, d’un parti qui suit son chemin - pour l’instant, une alternative minoritaire - malgré la ligne d’adaptation au PT défendue par sa direction. Le PSOL continue à maintenir sa propre personnalité et son profil.
Le PSOL a également élu 22 députés d’état, et le Mouvement de la gauche socialiste (MES) a remporté d’importantes victoires dans ce contexte. En premier, pour avoir fait partie du PSOL et de la lutte sans relâche contre le bolsonarisme. Nous avons réélues l’assemblé fédérale Sâmia Bomfim (226 mille voix) à SP, et Fernanda Melchionna (200 mille) au RS ; avec quatre députés d’état, avec l’élection de Luciana Genro (111 mille voix) au RS, Mônica das Pretas (106 mille) à SP, le professeur Josemar Carvalho (28 mille) au RJ et Fábio Felix (51 mille) au DF.

Vivi Reis (qui avait accédé à l’assemblée législative en 2020 comme suppléante de Edmilson Rodrigues élu maire de Belém) a considérablement élargi son vote par rapport à 2018, en atteignant 52 mille voix et en étant la plus votée du parti au Pará après avec une campagne combative, qui a mobilisé les jeunes, les noirs et les femmes. Malheureusement, en raison de l’usure de la direction du parti dans l’état, nous n’avons pas pu renouveler le siège que le PSOL Pará avait jusqu’à aujourd’hui dans la Chambre Fédérale.
Retenons aussi que le PSOL est le parti le plus voté à Porto Alegre, avec Luciana Genro comme porte-parole, la deuxième plus votée de l’État, et Fernanda Melchionne obtenant un vote record, malgré l’avancée des conservateurs ; que Fábio Felix a été le député du district le plus voté dans l’histoire du DF ; que Sâmia Bomfim a obtenu 226 000 voix avec une élection "organique" (par la seule force des voix qui se sont portées sur son nom), dans l’élection la plus disputée du pays, où ne manquaient pas les concurrents de poids ; et que les élections de Josemar Carvalho et Monica das Pretas représentent un bond en avant, spécialement pour la négritude et pour le travail de base dans la périphérie.

Le PSOL a obtenu près de 4 millions de voix, totalisant 3,57% pour les députés fédéraux au niveau national, plus que des partis comme Podemos, PDT et PSDB. Il faut souligner le score de Guilherme Boulos, qui avec plus d’un million de voix, est le deuxième député le plus voté du pays ; que le PSOL a été le parti le plus voté à Porto Alegre, atteignant presque 20% des votes valides dans cette capitale.
Le MES investit prioritairement ses forces pour favoriser l’émergence de leaders des mouvements de femmes et des personnes noires. C’est déjà une marque de notre croissance et de notre bilan électoral. Comme nous ne limitons pas notre action à la lutte pour les droits civils, qui renforcent mais ne remplacent pas les intérêts universels du prolétariat, nous ne faisons pas de cette priorité un absolu, bien sûr. Mais c’est un critère fondamental pour notre construction, et qui doit être renforcé parce qu’il reflète une question structurelle de la formation sociale de la classe ouvrière brésilienne et fait partie du développement de la conscience de centaines de milliers, et même de millions, qui parient sur cette construction. Ces secteurs - même s’ils n’ont pas une claire conscience anticapitaliste ou ne défendent pas un programme révolutionnaire - ont pris conscience de l’importance de défendre la lutte des femmes et des noirs.

Les causes anti-machistes et anti-racistes portées à leurs conséquences ultimes contribuent de façon importante à l’effondrement du système capitaliste, puisque le capitalisme se structure sous l’oppression des femmes et au Brésil des noirs, et doivent être considérées comme des causes fondamentales pour la défense universelle des intérêts du prolétariat et comme partie essentielle de notre programme. Et ce point de notre programme rencontre une conscience de masse embryonnaire, qui doit être renforcée et disputée dans une perspective socialiste.

En ce sens, il convient de souligner l’importance de l’élection de Josemar Carvalho député de l’État de Rio de Janeiro. Il est l’un des rares dirigeants noirs du PSOL, le seul homme noir des députés élus qui vit en périphérie, dans la puissante et convulsive São Gonçalo. Ses 28 000 voix pourraient bientôt se démultiplier en un soutien beaucoup plus important en sa faveur lorsqu’il sera connu dans sa nouvelle fonction. Dans un État où Marcelo Freixo a subi une défaite cuisante, après un virage opportuniste aussi profond que sa chute, peut-être qu’un espace plus ample s’ouvrira pour l’émergence de nouveaux leaders. Il faut surmonter l’étape des dirigeants blancs, issus de la classe moyenne, sans formation marxiste.

À São Paulo, les plus de 100 000 voix qui se sont portées sur la candidature de Monica Seixas, des Pretas, désormais réélue dans un format de mandat collectif avec six autres femmes noires et périphériques (Ana Laura, Rose, Leticia, Pollyana, Najara et Karina), sont conformes au rôle stratégique du mandat de Luana Alves dans la capitale.

Fabio Felix, lui aussi reconnu pour sa défense des causes LGBT et noires, est entré dans l’histoire du DF en tant que député de district le plus voté, avec près de 52 000 voix, multipliant par quatre le vote de 2018. Un bond en avant pour le PSOL et le MES dans la capitale du pays.

Il convient également de mettre en avant les candidats que nous avons soutenons et/ou qui font partie de la gauche du PSOL, avec des victoires importantes, comme Glauber Braga, à Rio de Janeiro ; Renato Rosseno, au Ceará ; Hilton, à Bahia ; et Camila Valadão au Espírito Santo.

Nous saluons tous les élus du PSOL. Au niveau fédéral, outre Fernanda et Samia, nous aurons Boulos, Erika Hilton, Sônia Guajajara et Luiza Erundina pour le SP ; Tarcísio Motta, Taliria Petrone, Chico Alencar, Glauber Braga et Henrique Vieira, pour Rio ; Célia Xakriabá, pour Minas Gerais. Au niveau des États, outre les députés du MES, Livia (PA), Linda (SE), Hilton (BA), Camila (ES), Dani (PE), Max (DF), Bella (MG), Matheus (RS), Giannazi, Bancada Feminista, Ediane et Gui Cortez (SP), Renato (CE), Renata Souza, Flavio, Dani Monteiro et Yuri (RJ) et Marquito (SC) ont été élus.

La polarisation entre le PT et le parti de Bolsonaro se retrouve sur les bancs de l’assemblée fédérale

Le PT et le PL (Parti Liberal de Bolsonaro) ont augmenté leur représentation législative, tandis que les "centristes" ont maintenu leurs positions. Ce fut une élection marquée par la contradiction entre un fond électoral milliardaire et une participation moindre de la société, comme nous l’avons déjà mentionné. Il est important de noter certains éléments plus généraux de ce cadre : la croissance de la négritude dans les représentations parlementaires, dont le PSOL est l’un des principaux agents, mais pas le seul ; l’élection de femmes transgenres en réponse à la LGBTQphobie des bolonaristes (Erika, Duda et Linda Brasil) ; l’élection de cadres du MST (Mouvement des Sans Terre), avec deux députés fédéraux et quatre députés d’État ; l’entrée de leaders indigènes, comme Sônia Guajajara (SP) et Célia Xakriabá (MG).

L’extrême droite a élu les siens, avec Carla Zambelli, Eduardo Bolsonaro et Eduardo Pazuello et Ricardo Salles, tous issus du PL, comme vedettes du bolsonarisme à la chambre des députés. Il y a eu, encore, des policiers civils et militaires surfant sur un discours de haine pour se faire élire.

Le PSDB a connu sa pire élection, exclu du second tour à SP, passant de 22 à 13 députés fédéraux, prélude à un nouveau chapitre de son déclin en tant que projet principal de la bourgeoisie libérale brésilienne. En témoigne la défaite, après de nombreux mandats, du sénateur José Serra. Et la tâche s’annonce bien difficile là où il participe au deuxième tour des élections au poste de gouverneur. Il est important de noter que des partis importants n’ont pas atteint la clause barrière. Des partis significatifs comme le PTB, Solidarité, PROS et Novo ont obtenu moins de voix que la fédération PSOL/REDE, ce qui démontre la force du parti.

Le rôle de Lula et du PT

La campagne de Lula n’a pas réussi à mobiliser les militants autant que les bolsonaristes l’ont fait lors du premier tour, et surtout le 7 septembre. Comme nous l’avons dit, il y a eu d’importants meetings et manifestations de rue, mais ils n’ont pas donné le ton de la première étape de la campagne. Le PT a réussi à faire élire 68 députés fédéraux, se rapprochant ainsi du PL en tant que plus grand banc, mais loin de son pic de 2002, où il avait 81 députés fédéraux élus. En 2022, le PT a remporté d’importants États du Nord-Est, avec Rafael Fonteles (PI, Piaui) et Fátima Bezerra, réélue au RN. Le parti a également réussi à battre le candidat de Ciro Gomes (PDT) dans son fief du Ceará, qui a élu le gouverneur Elmano Freitas (PT). Le PT participe à la dispute du deuxième tour pour les gouvernements de SP, SC, BA et SE (Sergipe), après avoir vu des alliés gagner dans le Pará, l’Amapá, le Maranhão, dès le premier tour.

Cependant, face à une situation de passivité générale et d’absence de mobilisations de masse, le PT ne peut à lui seul mobiliser de larges secteurs - également en raison de son bureaucratisme et de l’affaiblissement de l’appareil syndical. Lula a également eu des hauts et des bas. Il a eu de bons moments, comme dans l’émission TV populaire de Ratinho, où, bien à l’aise, il a attaqué efficacement Bolsonaro, et dans le débat présidentiel organisé par la TV Globo, mais il y a eu des moments où le sentiment de "on a déjà gagné" a désarmé la lutte nécessaire contre le bolsonarisme.

Dès le début de la campagne, Lula s’est présenté comme le sauveur de la Nouvelle République. Pour cela, il a obtenu le soutien d’importants représentants du capitalisme (notamment Henrique Meirelles), mais la croissance de Bolsonaro a relancé davantage de doutes et d’exigences. Après tout, s’il gagne par le vote, pas par un coup d’État, les grandes entreprises ne se sentent pas dans l’obligation derejeter Bolsonaro, notamment parce que ses politiques néolibérales sont garanties sans l’instabilité politique qu’engendrerait un coup d’État. Mais comme le capital international préfère Lula, la tendance de la haute bourgeoisie est de continuer à négocier avec le PT. Cependant, une partie importante de la base sociale bourgeoise qui était avec Bolsonaro s’est trouvée renforcée, notamment avec la victoire de Tarcisio à Sao Paulo.

Une orientation pour lutter et gagner le 30

Il existe une conscience médiatisée dans le mouvement de masse, capable de commenter, de se lamenter, de dénoncer mais qui n’agit pas, ne produit pas de réactions fortes contre la brutalité réactionnaire, raciste, misogyne, anticommuniste, ne suscite pas de grandes mobilisations. Cela changerait s’il y avait un coup d’État, mais cela ne semble pas être la perspective la plus probable.

Dans ce tableau complexe, dont nous devons faire une évaluation approfondie et débattre de la situation politique en profondeur, en commençant par le niveau international, notre orientation est résolue : descendre dans la rue en masse, combatifs pour assurer la victoire de Lula le 30. Unir nos forces dans toutes sortes d’initiatives pour y parvenir.

Nous devons nous mettre en avant : encourager de nouveaux esprits à émerger pour continuer la campagne, gagner les rues dès demain ; sortir et parler aux gens sans peur, sans complexe, sans se contenter des rencontres au sommet.

Le défi consiste à voter contre le fascisme. Pour cela, tout soutien est le bienvenu, doit être recherché et accueilli favorablement. Nous ne le faisons pas en cherchant à obtenir des postes au sein du gouvernement. Au contraire. Notre parti est né pour être une gauche indépendante et nous prônons qu’il le reste. Nous ne pouvons pas nous contenter de commenter nos résultats. Ils sont bons dans un contexte où il y a le danger d’une nouvelle avancée de la vague réactionnaire qui s’approfondira si Bolsonaro gagne. Et cela peut être évité.

Le PSOL doit profiter du capital politique accumulé pour agir de manière unitaire. En tant que référence importante de la gauche radicale, le parti doit être en première ligne contre l’extrême droite lors de ce second tour, en donnant un exemple de mobilisation qui contribue à la défaite de Bolsonaro et en le montrant comme une alternative de construction pour les larges secteurs qui cherchent une gauche cohérente, tant dans la lutte antifasciste que dans la lutte contre le néolibéralisme.

Nous parions sur la force du peuple et nous nous engagerons dans les mutirões, ces initiatives collectives souvent spontanées, en cherchant à gagner l’avant-garde sociale pour le PSOL, en menant également une large campagne d’affiliations.

Le destin des prochaines années se joue maintenant, et les militants du MES ne manqueront pas ce rendez-vous.

Secrétariat National du MES (Mouvement de la Gauche Socialiste), 5 Octobre 2022

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