Édition du 14 mai 2024

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Le désengagement de l’État est le véritable responsable de l’état lamentable de notre réseau routier

Québec, le 19 octobre 2007 – Réagissant à la publication du Rapport de la Commission d’enquête sur l’effondrement d’une partie du viaduc de la Concorde et au dévoilement du Plan de modernisation du réseau routier présenté par la ministre Julie Boulet, le président général du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ), Michel Sawyer, estime que le désengagement de l’État, imposé par tous les gouvernements qui se sont succédé à la tête du Québec depuis 25 ans, est le véritable responsable de l’état lamentable des infrastructures routières du Québec.

Le président général du SFPQ rappelle qu’au ministère des Transports (MTQ), comme ailleurs dans la fonction publique, les gouvernements ont procédé à d’énormes compressions budgétaires et à des coupures de personnels qui ont grandement hypothéqué la capacité d’agir de l’État. À titre d’exemple, notons qu’en 1979, les effectifs du MTQ se chiffraient à 10 347 personnes, alors qu’aujourd’hui, ils ne sont plus que de 7 243 (2005-2006). « Nous devons maintenant vivre avec les conséquences de ces choix politiques », déplore Michel Sawyer.

Le MTQ à bout de souffle

Selon le Syndicat, loin de s’améliorer, la situation s’est grandement détériorée depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement Charest. Michel Sawyer souligne qu’en raison de la politique de non-remplacement des départs à la retraite, instaurée par la ministre Monique Jérôme-Forget, combinée au gel complet de l’embauche qui paralyse actuellement l’ensemble de la fonction publique, le gouvernement Charest a augmenté dangereusement la pression sur le MTQ. Cette situation n’est pas sans effet pour la sécurité de la population.

Ce n’est pas seulement le SFPQ qui l’affirme. À preuve, dans son Plan pluriannuel de main-d’œuvre 2006-2009, publié en juin 2006, le MTQ reconnaissait que les « réductions d’effectifs que nous subissons depuis maintenant deux ans affectent inévitablement notre capacité à livrer adéquatement nos produits et services ». Le MTQ soulignait également que « le nombre estimatif de départs à la retraite au cours des trois prochaines années (511) aura pour effet de réduire de 255 le nombre d’effectifs du Ministère selon la règle du 1 sur 2 établie par le Conseil du trésor ». Pourtant, les besoins identifiés par le MTQ se chiffrent à 634 nouvelles embauches, déplore Michel Sawyer. « Privé de sa capacité d’agir, il ne faut pas se surprendre que le ministère des Transports subisse les blâmes de la Commission Johnson. Mais dans le fond, les véritables coupables, ce sont celles et ceux qui ont fait les choix politiques qui ont conduit à la situation que nous connaissons présentement », a poursuivi le leader syndical.

Une agence hors fonction publique

Selon Michel Sawyer, l’annonce de la création d’une agence pour assurer la construction, la gestion et l’entretien des ponts et des viaducs démontre à quel point le gouvernement du Québec s’est empêtré dans une logique absurde avec sa « réingénierie » de l’État. Ainsi, pour embaucher les effectifs nécessaires à la réalisation de la mission du MTQ, il faudra maintenant créer une agence hors fonction publique parce que le gel d’embauche décrété par Mme Jérôme-Forget ne permet plus de le faire au sein du ministère ! « Quelle absurdité ! », s’indigne Michel Sawyer.

« Au lieu de redonner au MTQ les ressources nécessaires et la capacité d’agir, le gouvernement préfère créer une nouvelle structure, dont l’imputabilité devant l’Assemblée nationale sera moins grande que celle d’un ministère. La création de cette agence permettra surtout au gouvernement d’avoir les coudées franches pour sous‑traiter ses responsabilités auprès du secteur privé. Cette façon de faire aura pour conséquence d’accentuer davantage la perte d’expertise du ministère des Transports et sa dépendance envers le privé », a conclu le président général du SFPQ.

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