Édition du 30 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Le mouvement des femmes dans le monde

Les droits des femmes iraniennes ou la légitimité de la communauté internationale

Les autorités iraniennes regagnent du terrain dans le combat que mènent les femmes et plus largement les Iraniens dans la défense de leurs droits humains.

Tiré de Entre les lignes et les mots

Sous la pression populaire, suite à la mort de la jeune Masha Amini qui avait été arrêtée par la police des mœurs, le procureur général avait annoncé la dissolution de cette milice d’État qui est sous l’autorité du ministère de l’intérieur.

Cette promesse n’a pas été respectée par les autorités, qui de surcroît ont élargi et intensifié leur périmètre et moyens d’actions.

La stratégie est simple. Museler la révolte par la peur.

Depuis mi-avril, les forces de sécurité ont déferlé sur une population qui ne demandait qu’à bénéficier des droits les plus élémentaires. Surveillance de masse permettant de repérer les femmes sans voile et agressions sur celles qui refusent de le porter. En trois mois, un million de SMS contenant des messages d’avertissement ont été adressés à des femmes photographiées sans voile dans leur voiture. Plus de 130 000 ont ordonné l’immobilisation temporaire du véhicule, 2 000 voitures ont été « confisquées » et 4 000 « récidivistes » ont été déférées devant la justice à travers le pays.

Des centaines de commerces ont été fermés parce qu’ils n’ont pas appliqué les lois sur le port obligatoire du voile, et des femmes se sont vu refuser l’accès au système éducatif, aux services bancaires ou aux transports publics. 300 femmes ont été condamnées à des peines dégradantes telles que laver des corps à la morgue ou nettoyer des bâtiments publics.

Briser le moral et provoquer l’effroi. Cela en toute impunité.

Certes, le haut commissariat des droits de l’homme aux Nations Unies et quelques organisations non gouvernementales telles qu’Amnesty International dénoncent vigoureusement les comportements inhumains des représentants de l’Etat iranien.

Mais qu’en est-il d’une intervention diplomatique énergique des États dits démocratiques ? Que fait la cour pénale internationale pour mettre en cause la responsabilité des dirigeants iraniens qui ordonnent, planifient et commettent des violations généralisées et systématiques des droits fondamentaux ? Et que dire du droit d’asile que les États dits démocratiques doivent proposer à des populations persécutées.

Silence Radio.

Ce qui est certain, c’est que les femmes iraniennes font preuve d’un courage dont nous devrions prendre exemple.

La révolution féministe qui dure maintenant depuis un an, malgré cette récente violence étatique, ne faiblit pas. La campagne de répression et de brutalités engagées par les autorités n’a d’égal que la volonté des femmes à se battre et l’intensité des manifestations.

Depuis plus de quarante ans, l’Iran est ancré dans un apartheid de genre. La législation entretient les femmes sous la domination masculine. De nombreuses pratiques discriminatoires assoient insidieusement cet état de fait au sein de la société. Mariages d’enfants dès l’âge de 5 ans, différences de limite d’âge pour la responsabilité pénale entre les filles et les garçons, gardes des enfants laissées aux seuls chefs de famille que sont les hommes, répartition inéquitable des droits de succession, restrictions d’accès à certaines professions, absence de reconnaissance du viol conjugal, et restriction vestimentaire.

La liste est longue et la coupe est pleine.

Les femmes se battent en Iran pour bénéficier des droits humains fondamentaux que la communauté internationale doit soutenir activement. Aucune raison géopolitique ou justification stratégique ne peut justifier l’attentisme des différents États du monde.

Ce qui se passe en Iran est effroyable pour l’humanité. La passivité de la communauté internationale face au courage ravageur de ces femmes opprimées est une honte pour notre civilisation.

Une nouvelle fois, l’éclaircie viendra de la société civile. Dernier rempart des droits humains, nous devons mettre nos représentants face aux responsabilités que nous leur avons données.

C’est le prix du maintien, ou du regain de leur légitimité.

Kami Mahmoudi
Membre d’Amnesty International France

https://blogs.mediapart.fr/kami-mahmoudi/blog/310723/les-droits-des-femmes-iraniennes-ou-la-legitimite-de-la-communaute-internationale

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