Édition du 23 avril 2024

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LE PROJET NE PASSE PAS LE TEST DE L’ACCEPTABILITÉ

NATURE QUÉBEC DEMANDE À DAVID HEURTEL DE NE PAS ÉMETTRE D’AUTORISATION POUR LES FORAGES SUR ANTICOSTI

Québec, le 5 mai 2016 — « Québec ne peut faire la sourde oreille et prendre une décision concernant l’émission des certificats d’autorisation des trois forages avec fracturation hydraulique prévus à Anticosti cet été sans écouter les craintes de la population d’Anticosti et de la Côte-Nord » a déclaré Christian Simard de Nature Québec.

Il y a quelques semaines, un nouveau maire opposé à l’exploration pétrolière a été élu à Anticosti. Ce dernier, appuyé par les élus de la MRC de Minganie, a demandé à rencontrer le ministre de l’Environnement et à suspendre d’ici là tout processus d’autorisation à Anticosti. Pour Nature Québec, le projet de réaliser dès l’été 2016 trois forages avec fracturation hydraulique sur Anticosti ne passe pas le test de l’acceptabilité, qu’elle soit sociale, environnementale et économique. L’organisme demande donc au Ministre de répondre favorablement aux autorités politiques de la MRC de la Minganie et de ne pas émettre d’autorisation pour ces forages inutiles et risqués.

Une obligation de consulter la population

Contrairement aux déclarations récentes du Ministre Heurtel à l’effet que l’avis de la population n’est pas requis à l’étape de l’exploration, Nature Québec rappelle au ministre que le Québec est tenu par règlement de prendre en compte l’opinion de la population avant d’approuver tout projet de fracturation. En effet le, Règlement relatif à l’application de la Loi sur la qualité de l’environnement s’applique à tout projet de forages sur Anticosti. Il y est stipulé que « Celui qui demande un certificat d’autorisation (…) doit préalablement informer et consulter le public ». Un rapport de cette consultation doit même être joint au certificat d’autorisation. Pétrolia s’est d’ailleurs soumis à cet exercice obligatoire de consultation le 28 janvier dernier sur Anticosti en présence de 34 personnes. Il est à noter qu’à la fin de ce processus, la municipalité doit faire part de ses observations, « le ministre ne peut faire abstraction de la position de la municipalité et de la MRC dans l’émission du certificat et ne peut ignorer que l’élection à la mairie avait un effet de référendum sur la question » de poursuivre Christian Simard.

Des impacts importants dès l’exploration

Selon Nature Québec, le gouvernement du Québec ne doit pas banaliser l’impact environnemental de trois forages par fracturation hydraulique, une méthode controversée qui nécessite l’injection d’eau et de produits chimiques dans le sol. Il considère que la position du Premier Ministre Couillard de ne pas aller de l’avant avec la filière pétrolière sur Anticosti à son retour de la conférence sur le climat à Paris est toujours la bonne.

Au-delà de la question de l’acceptabilité sociale, Nature Québec rappelle que les trois forages avec fracturation hydraulique prévus cet été pourraient avoir des impacts très importants sur l’environnement. « La fracturation hydraulique est une technique qui consomme d’énormes quantités d’eau et de nombreux additifs chimiques. Or, l’eau est une ressource rare sur Anticosti. À titre d’exemple, selon une étude récente AENV03 « seulement deux bassins versants primaires sur un total de 49 sur l’île d’Anticosti disposeraient de ressources en eau en quantité suffisante pour répondre aux besoins de l’industrie des hydrocarbures ». Les risques pour le saumon, dont la population est en voie de disparition à Anticosti, y sont également très élevés. Plusieurs phénomènes karstiques sont également présents à Anticosti mais on en connaît encore très peu à ce sujet. Cela peut engendrer une instabilité du terrain, des changements dans les écoulements de surface et souterrains. Cette particularité illustre également la vulnérabilité et la fragilité du milieu. La décision de réaliser ces trois forages exploratoires ne peut donc pas être prise à la légère. "Il y a des impacts à la fracturation hydraulique, a-t-il dit. Subir ces impacts alors qu’on n’a pas l’intention d’aller de l’avant avec l’exploitation est selon nous injustifiable. On espère que le ministère de l’Environnement n’émettra pas de certificat d’autorisation. Il a le droit de le faire."

Un cul de sac économique

« Les milieux économiques doivent cesser de soutenir le canard boiteux que constitue la filière pétrolière et gazière à Anticosti. Tous les indicateurs pointent vers la non rentabilité absolue de l’opération et vers des impacts environnementaux majeurs. Il est temps de mettre à fin à ce projet pétrolier et de penser à un développement durable pour la communauté d’Anticosti » conclut Christian Simard.

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Nature Québec œuvre à la conservation de la nature, au maintien des écosystèmes essentiels à la vie et à l’utilisation durable des ressources. Travaillant depuis 1981 à la protection de la biodiversité, Nature Québec souscrit aux objectifs de la Stratégie mondiale de conservation de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), dont il est membre. Nature Québec regroupe plus de 50 000 sympathisants, donateurs et membres individuels et plus d’une centaine d’organisations affiliées. Nature Québec est un organisme de bienfaisance reconnu. www.naturequebec.org

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Christian Simard, directeur général

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