Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Rouges de colère – Une manifestation dynamique... et des absents

Environ un milier de personnes ont manifesté dans les rues de Québec le 22 octobre dernier. Si les jeunes étudiantEs, la CSN, des représentantEs de la Coalition opposée à la tarification et la privatisation des services publics et le FRAPRU ont marqué l’événement de leur présence importante et dynamique, plusieurs mouvements sociaux étaient étrangement absents.

On aurait pu s’attendre à une manifestation beaucoup plus massive compte tenu de la conjoncture qui favorise la révolte populaire contre le gouvernement Charest. Plusieurs centrales syndicales étaient absentes comme organisations : la CSQ, la FIQ, la FTQ, le SFPQ et le SPGQ étaient introuvables. Plus généralement, on se demande ce qui advient de l’Alliance sociale qui promettait de faire la guerre au gouvernement Charest mais qui devrait chercher à se donner un second souffle.

Heureusement, une participation importante du mouvement étudiant semble présager une mobilisation plus convaincante le 10 novembre prochain à Montréal. Selon Simon Gosselin de la TaCEQ, la participation étudiante à la manifestation rencontre les objectifs des organisateurs. « Bilan de la manif ? Très positif ! Il y a eu une très forte participation d’étudiantEs et cela augure très bien pour la manifestation du 10 novembre (à Montréal). Considérant toutes les manifestations régionales qui ont eu lieu dans les derniers mois et qui rassemblaient des centaines d’étudiantEs à chaque fois, nous pouvons déjà affirmer que la manifestation du 10 novembre aura une ampleur démesurée. Toutes les associations étudiantes du Québec mobilisent leurs membres pour participer à cet évènement et je crois que le gouvernement ne pourra plus faire la sourde oreille aux revendications étudiantes, le MELS devra négocier avec la TaCEQ, la FECQ, la FEUQ et l’ASSÉ. »

La Coalition contre la tarification et la privatisation des services publics fait également un bilan positif de l’événement (voir Une foule rouge de colère contre les libéraux à Québec). Ann Gingras, du conseil central de la CSN Québec-Chaudière-Appalaches a dénoncé l’appropriation par les intérêts privés des budgets autrefois dévolus aux travaux publics avec les conséquences que l’on connait en matière de collusion et de corruption et plus largement d’écart de plus en plus croissant entre les riches et les pauvres.

Le mouvement étudiant, comme plusieurs autres, confrontent la logique néolibérale de faire payer les frais de la crise à la population. “ Nous croyons que le rôle des universités ne doit pas s’arrêter à ça. La mission de l’Université c’est la transmission du savoir. C’est former des citoyens responsables qui contribueront à l’avancement et au développement de la société. De notre côté, nous considérons que les retombées de l’éducation universitaire sont multiples et profitent à l’ensemble de la société, » a t-on pu entendre lors du discours prononcé devant l’édifice du ministère de l’Éducation au centre-ville de Québec. Or, il est clairement démontré dans une récente étude de la FEUQ (voir http://1625canepassepas.ca/ ) que plus de 90% de la hausse projetée à l’université sera le fardeau unique des étudiantEs. Le gouvernement Charest mets la barre très haute dans son offensive contre le mouvement étudiant.

Si la mobilisation étudiante ne désarme pas, il faudra davantage pour faire réellement reculer le gouvernement Charest. Les gouvernements néolibéraux partout sur la planète montrent une résistance tenace dans leur refus d’écouter la population. Qu’on pense au débat qui a cours sur l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste qui confronte une vaste majorité de la population à un gouvernement Charest isolé sur la question. A t-il l’intention de céder ? Pas vraiment. Il tergiverse, il opte pour la poudre aux yeux, il camoufle la vérité, il cherche à gagner du temps avec des commissions bidons. Mais céder ? Jamais sans une contrainte populaire imposante qui menacerait de le submerger politiquement.

Sur le fonds, le gouvernement Charest n’a aucune intention de faire marche arrière. Les intérêts qu’il défend passent avant la population. Au niveau international, c’est le même constat : les gouvernements comme celui de Sarkozy et le dossier des retraites font fie de l’opinion populaire et conserve le cap de leur agenda de réforme néolibérales visant à faire porter l’odieux et les frais de la crise sur la population au profit de l’oligarchie.

Pour échafauder un rapport de force suffisamment important pour forcer le gouvernement Charest à reculer, il faut une convergence des luttes, une mobilisation de masse. Les batailles en ordre dispersé permettent au gouvernement de marginaliser l’opposition. La prochaine manifestation du 10 novembre devrait être l’occasion de faire entendre la parole citoyenne. La bataille contre la hausse des frais de scolarité, contre la tarification et la privatisation des services publics sur fonds de crise de légitimité du gouvernement comme le souligne le mouvement des IndignéEs devraient permettre de fédérer une multitudes de luttes en un mouvement d’opposition frontale à Charest. Le mouvement syndical, le mouvement des femmes, les groupes écologistes et citoyens doivent rallier cette mobilisation afin de bâtir un rapport de force qui forcera le gouvernement Charest à reculer.

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