Édition du 23 avril 2024

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Santé

Consultations prébudgétaires 2021-2022 - La FIQ et la FIQP présentent leurs attentes au ministre des Finances

MONTRÉAL, le 15 févr. 2021 - La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec-FIQ et de la FIQ | Secteur privé rendent publiques les attentes et les solutions qu’elles proposent en marge du prochain exercice budgétaire : « C’est le tour des professionnelles en soins du secteur public. Nous rappelons au ministre des Finances que les 76 000 membres de la FIQ et de la FIQP attendent avec impatience le prochain budget », lance Nancy Bédard, présidente de la FIQ. Elles ont tout donné depuis le début de la pandémie, à s’en rendre malade. Elles ont fait des compromis sur leur famille, leur vie personnelle et leur santé pour soigner la population. C’est assez. Elles sont la colonne vertébrale du système de santé. Elles ont droit à des conditions de travail qui reflètent le rôle stratégique qu’elles jouent dans la société. Les Fédérations soulignent par ailleurs que le ministère des Finances n’a pas accédé à leur demande de rencontre afin de témoigner de la vision des professionnelles en soins qu’elles représentent.

Un changement de culture ou le mur

Les changements exigés par les Fédérations pour réparer le système de santé s’articulent autour de deux propositions phares : réinvestir en santé afin de consolider le réseau public et prioriser l’attraction et la rétention des professionnelles en soins au sein du réseau public de la santé. Les conséquences de l’absence de valorisation de la profession ont provoqué l’exode des professionnelles en soins vers le privé. Les gestionnaires sont devenus dépendants du recours systématique au temps supplémentaire obligatoire imposé à celles qui restent et au recours au personnel des agences privées pour combler les besoins. Cela représente des centaines de millions de dollars en dépenses, de même qu’une dégradation ses services et des soins de santé. Les Fédérations veulent briser ce cercle vicieux.

L’entente de principe portant sur les conditions de travail de la prochaine convention collective permettra de renverser la tendance, notamment grâce aux leviers consentis pour stabiliser les équipes, pour limiter la surcharge de travail et pour le réduire les ratios professionnelles en soins/patient-e-s en CHSLD et en établissement privé conventionné (EPC). Le gouvernement s’est également engagé à réduire le recours à la main d’œuvre indépendante. Les Fédérations exigent aussi de meilleurs salaires afin de mieux représenter le rôle névralgique qu’elles jouent au sein du réseau de la santé. Ces éléments devront être prévus au prochain budget.

Sans ces changements, les Fédérations sont claires, des millions de Québécoises et de Québécois paieront le prix d’une détérioration accélérée des services de santé et de la hausse incontrôlable des dépenses due à leur privatisation sans précédent.

« Ce n’est pas un hasard si le bilan de la première année de la pandémie est si catastrophique au Québec, comparativement aux autres provinces. On a frappé le mur ! Aucune imputabilité des gestionnaires, des conditions de travail autoritaires, du mépris pour les piliers du réseau de la santé, c’est un échec ! Le Québec trône au sommet du palmarès pour le nombre de décès en CHSLD et pour le nombre de professionnelles en soins qui ont démissionné pour sauver leur peau. Nous avons besoin d’un système de santé public fort, au cœur duquel la priorité est accordée aux professionnelles du réseau et aux soins de qualité. », poursuit Mme Bédard.

Une solution s’impose : des services publics de qualité pour tous

La pandémie a exposé à quel point les mesures d’austérité des dernières années ont décimé les services publics, particulièrement la santé et les services sociaux. La privatisation d’une partie croissante de l’hébergement des aînés, la gestion autoritaire et centralisée du réseau public sont autant d’éléments à l’origine de l’importante crise sanitaire que traverse actuellement le Québec. En matière de protection du public, le gouvernement a failli à ses obligations en raison, entre autres, d’un sous-investissement chronique en santé publique et en prévention et contrôle des infections. Les personnes âgées et les plus vulnérables, de même que les professionnelles en soins ont fait les frais des compressions en santé publique. Cela s’est traduit entre autres par une augmentation de la charge de travail pour les professionnelles en soins. À l’évidence, un réinvestissement en santé publique et en prévention s’impose.

Certains secteurs ont été complètement évacués des priorités dans les budgets précédents. C’est le cas pour la santé mentale et les soins à domicile. Les besoins en santé mentale ont été exacerbés pendant la pandémie. Il y a urgence d’agir en prévention et détection précoce des enjeux psychosociaux. Le gouvernement ne peut plus se mettre la tête dans le sable. Des investissements massifs et récurrents sont attendus. L’appui que pourrait fournir les infirmières praticiennes spécialisées en santé mentale est une solution dont le gouvernement ne peut se priver.

Pour les soins à domicile, le double des investissements est requis. La pandémie et la crise qu’elle a suscitée dans les milieux de soins de longue durée amènent les Fédérations à presser le gouvernement de revoir ses orientations et à opter pour une offre de services à domicile accessible à un plus grand nombre, qui répond aux besoins des personnes aînées et qui lui permet de considérer réalistement le maintien à domicile comme une option possible.

« C’est terminé. Le gouvernement doit arrêter de gérer en fonction de la prochaine échéance électorale. Il n’y a pas trente-six solutions. La santé n’est pas une dépense, c’est un investissement. Les surplus dégagés au cours des années d’austérité doivent servir à ne pas répéter les erreurs. Ce sont les femmes et les personnes plus vulnérables qui ont le plus souffert des coupures et des conséquences de la pandémie. Il est temps que le gouvernement fasse preuve d’équité. Étant incapable de faire ce constat lui-même, nous sommes 76 000 professionnelles en soins pour le lui rappeler. », conclut Nancy Bédard.

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