Édition du 30 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Environnement

Éléments de la position de l'AQLPA sur le pétrole

Le pétrole est une forme d’énergie fossile non renouvelable qui est la base d’une multitude d’objets et d’activités de notre quotidien. Malgré son impact néfaste sur le climat mondial et la quantité de polluants atmosphériques émis par sa combustion (gaz précurseurs du smog et des pluies acides et/ou destructeurs de la couche d’ozone), le pétrole demeure aujourd’hui la principale source d’énergie dans le monde.

GES et changements climatiques
 Le réchauffement planétaire à l’origine des bouleversements climatiques en cours et à venir est la résultante des émissions de gaz à effet de serre (GES) dues aux combustibles fossiles dont le pétrole. L’AQLPA milite pour la réduction de notre dépendance au pétrole et autres hydrocarbures afin de réaliser l’importante réduction des émissions de GES nécessaire pour tenter de réduire l’ampleur du dérèglement du climat planétaire.

Transition énergétique 
L’AQLPA préconise qu’une transition rapide et planifiée de notre consommation effrénée d’hydrocarbures doit reposer sur l’efficacité énergétique, le recours croissant aux énergies renouvelables et l’électrification des transports. Les investissements publics dans le secteur énergétique doivent être faits dans ces stratégies d’avenir.

Investir dans les énergies PROPRES d’ici

 Le détournement de nos investissements vers le développement d’infrastructures d’exploitation, de raffinage, ou de transport pour une source d’énergie polluante et sans avenir, nous ferait perdre un temps précieux pour le développement de nos énergies propres de demain. Les sources d’énergies fossiles au Canada, de type non-conventionnel comme les sables bitumineux et le gaz et pétrole de schiste, exigent de grandes quantités d’énergie et d’eau pour leur exploitation. Elles présentent des enjeux environnementaux bien pires que les sources dites conventionnelles.

Les multinationales du pétrole vendent leur production au plus offrant ; il est très peu probable que du pétrole canadien se retrouve dans nos véhicules. L’AQLPA croit que le développement des énergies propres d’ici pour répondre à nos besoins en créant des emplois de qualité, en réduisant nos émissions de GES et en protégeant nos ressources naturelles pour les générations futures est le gage d’un avenir viable et sécuritaire.

Réserves de pétrole et changements climatiques
 Pour un avenir climatique sécuritaire, au moins 50% des réserves de pétrole restantes doit demeurer dans le sol. L’AQLPA s’oppose donc à toute nouvelle exploitation de gisement pétrolier ou expansion des sites existants – notamment les sables bitumineux de l’Alberta, un des projets énergétiques les plus polluants de la planète.

Coke de pétrole
 De plus, la production et l’utilisation du coke de pétrole (petcoke), un déchet pétrolier, résidu de raffinage, est hautement nocive pour l’environnement, notamment par les émissions de soufre. L’AQLPA s’oppose à l’expansion des sables bitumineux parce que le raffinage de ce pétrole sale produit d’immenses quantités de ce déchet pétrolier. Suncor à elle seule produit 15 000 tonnes métriques par jour de petcoke à haute teneur en soufre à ses installations de Fort McMurray et à sa raffinerie située près d’Edmonton, en Alberta.

Transport du pétrole 
Le transport de pétrole, que ce soit par bateau, rail ou oléoduc, présente d’importants risques d’accidents. Les déversements sont inévitables et leurs impacts sur les communautés touchées et leur environnement sont dévastateurs. Un argument de plus en faveur des énergies renouvelables, qui ne présentent pas de tels dangers.

Une épée de Damoclès pour l’environnement

Le pétrole brut nécessite souvent des opérations de forage, parfois en haute mer, parfois tout près des nappes phréatiques qui nous alimentent en eau potable. Il y a toujours des risques inhérents à l’extraction de pétrole.

De plus, le transport du pétrole comporte des risques considérables pour la sécurité humaine et les écosystèmes, comme nous l’avons constaté une fois de plus lors de la catastrophe du 6 juillet 2013 à Lac-Mégantic. Que ce transport s’effectue par train, par bateau ou par oléoduc, les déversements sont fréquents et engendrent de lourds dommages dont les effets se font ressentir pendant des décennies.

La combustion du pétrole dans le secteur du transport, de l’industrie ou de l’agriculture est à l’origine des gaz à effet de serre (GES) qui dérèglent le climat mondial. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) nous a déjà mis en garde contre les conséquences irréversibles d’un emballement climatique, mais les mesures politiques tardent à être mises en œuvre pour atténuer et s’adapter au réchauffement global. Au contraire, plusieurs États comme le Canada tentent d’accentuer l’exploitation du pétrole tout en niant les changements climatiques.

Enfin, le raffinage nécessaire du pétrole brut donne naissance à une industrie pétrochimique qui produit une panoplie de dérivés auxquels nous sommes devenus fortement dépendants. Cette industrie pétrochimique est source de pollution atmosphérique, sans compter les produits synthétiques comme le plastique qui exigent des milliers d’années avant de se dégrader dans l’environnement.

Des risques pour l’économie mondiale

La dépendance au pétrole et autres hydrocarbures n’entraîne pas seulement des dommages sur l’environnemental mondial. Le produit intérieur brut (PIB) mondial va également souffrir de cette situation en encaissant les contrecoups des changements climatiques. Nous l’avons d’ailleurs constaté en octobre 2012 lorsque l’ouragan Sandy a frappé la côte est des États-Unis. Les dégâts laissés par ce type de désastre naturel devenu plus fréquent avec le réchauffement planétaire a nécessité plusieurs centaines de milliards de dollars en coûts de reconstruction, sans compter les victimes humaines.

Au Québec

Alors que le Québec ne dispose que de peu de sources conventionnelles de pétrole sur son territoire, la tentation est parfois forte chez nos dirigeants de se lancer dans l’exploitation du pétrole de schiste, notamment dans des endroits aussi fragiles que l’île d’Anticosti. Cette frénésie pour l’« or noir » cause de vives inquiétudes dans la population et ne doit pas nous faire dévier de notre objectif global de réduction de 25% de nos émissions de GES d’ici 2020 par rapport au niveau de 1990.

D’autre part, le fait que nous ne soyons pas un producteur de pétrole ne signifie pas que nous ayons une économie affranchie du pétrole. Au contraire, le Québec figure parmi les plus grands émetteurs de GES per capita au monde et ce, malgré l’abondance des énergies renouvelables comme l’hydroélectricité (97% de notre production énergétique), l’éolien, la biomasse, le solaire et la géothermie. C’est pourquoi nous devons repenser et modifier rapidement nos habitudes de vie en misant sur l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables, l’électrification des transports et le développement des transports collectifs pour réduire notre empreinte carbone et entrer définitivement dans le 21e siècle.

L’arrivée ou le passage de pétrole lourd en provenance des sables bitumineux sur le territoire québécois via rail et oléoduc est source d’inquiétude pour les communautés. L’augmentation des émissions de polluants atmosphériques près des raffineries (Montréal et Lévis), le risque élevé de déversements et accidents mortels et le fait que cela facilitera l’expansion des sables bitumineux de l’Alberta avec l’augmentation des émissions GES qui s’en suivra font que ces projets rencontrent une importante résistance de la population québécoise.

Commission sur les enjeux énergétiques (septembre-octobre 2013)

Le 4 juillet 2013, la ministre des ressources naturelles, Martine Ouellet, annonçait la tenue d’une commission sur les enjeux énergétiques du Québec. Les consultations se dérouleront du 4 septembre au 9 octobre. Pour la base de cette démarche, la ministre Ouellet repart des conclusions du débat sur l’énergie en 1996 : la conservation de l’énergie et l’efficacité énergétique ainsi que le développement des énergies vertes. On se relance le défi de devenir des leaders en production d’énergie renouvelable : solaire, éolien, hydraulique, géothermique et autres.

L’AQLPA invite la population à participer en grand nombre pour établir ensemble notre vision de l’avenir énergétique du Québec qui tiendra compte des valeurs et des aspirations québécoises, tout en protégeant les ressources pour les générations à venir. La participation citoyenne est fondamentale et essentielle dans toute consultation, et cela est particulièrement vrai pour les enjeux énergétiques à cause des impacts environnementaux, sociaux et économiques de nos choix.

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