Édition du 23 avril 2024

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Premières Nations

La Première Nation des Innus de Pessamit se mobilise pour la protection des forêts et de son identité culturelle

PESSAMIT, QC, le 15 oct. 2021 - En lien avec La Grande Marche pour la protection des forêts1, notre Première Nation a tenu une marche symbolique dans la communauté hier afin de souligner l’importance de la forêt et du rôle fondamental qu’elle joue dans notre culture et notre identité.

Une marche rassembleuse

L’évènement Mamu tshishpeuatetau minashkuau mak ilnu aitun : Ensemble pour la protection des forêts et de l’identité innue a attiré près de 300 personnes qui ont marché avec les élèves des écoles Nussim et Uaskaikan. Monsieur Ghislain Picard, Chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, ainsi que plusieurs groupes environnementaux, tels que la SNAP Québec, et groupes régionaux, tels que la RMBMU, étaient présents en appui à la communauté.

« Nous sommes très fiers de nos jeunes qui ont participé avec enthousiasme à cet évènement et sommes reconnaissants envers les gens de l’extérieur qui se sont joints à nous, afin de souligner ensemble l’importance de protéger et de gérer sainement la forêt pour y préserver sa biodiversité et notre culture » souligne Jean-Marie Vollant, Chef du Conseil des Innus de Pessamit.

Le Pipmuakan, un territoire à protéger de toute urgence

« À ce chapitre, il y a urgence d’agir afin de protéger notre Nitassinan, tout particulièrement, le secteur Pipmuakan. Ce dernier abrite une population de caribou qui lutte présentement pour sa survie » s’inquiète Monsieur Vollant.

Le rapport d’inventaire de cette population, déposé à l’automne 2020 par le Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, indique « que la population est dans un état extrêmement précaire et que sa capacité d’autosuffisance est peu probable dans les conditions actuelles ».

« Bien que le gouvernement reconnaît la précarité de cette population, ce dernier tarde à agir pour son rétablissement » déplore Jérôme Bacon St-Onge, vice-chef du Conseil des Innus de Pessamit.

« Cette lenteur à intervenir pour la protection d’atiku, nous impacte directement. Il en va de notre survie culturelle » ajoute le vice-chef, exaspéré par la situation.

Le caribou forestier est d’une importance fondamentale pour les Innus. Il est un symbole clé de notre culture et de notre identité, et son déclin engendre des pertes culturelles inestimables. Son déclin nous envoie aussi le signal d’alarme que notre biodiversité, tout comme notre identité culturelle, sont en danger.

Déposé au gouvernement du Québec à l’automne 2020, le projet d’aire protégée Pipmuakan vise justement à protéger l’habitat du caribou et le patrimoine culturel innu. Ce projet d’initiative autochtone fait pourtant partie de la centaine de projets qui ont été délaissés dans l’atteinte de la cible de 17% d’aires protégées. Tandis que le Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs travaille à l’élaboration d’une Stratégie pour la protection du caribou forestier, le Conseil des Innus de Pessamit attend d’y voir la proposition d’aire protégée Pipmuakan pleinement intégrée.

La mobilisation ne fait que commencer

Le combat pour la protection du caribou et de la biodiversité est celui de plusieurs Premières Nations au Québec, ainsi que celui de la population québécoise.

« Nous avons fait assez de compromis. Nous appelons toutes les Premières Nations, les Québécois et les Québécoises à se mobiliser avec nous pendant les jours, les semaines et les mois à venir pour la protection de nos forêts et de la culture innue » lance Ghislain Picard, Chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador.

De plus, le Conseil des Innus de Pessamit n’écarte pas la possibilité d’emprunter la voie juridique pour se faire entendre.

Une délégation du Conseil des Innus de Pessamit sera présente à Québec demain le 16 octobre pour le rassemblement de La Grande Marche pour la protection des forêts. Elle invite ses membres et toute la population à y participer.

1 (www.lagrandemarche.ca)

Conseil des Innus de Pessamit

https://pessamit.org/

La réserve indienne de Pessamit est située à environ 50 km en amont de Baie-Comeau. En 2005, le conseil de bande de Betsiamites a été remplacé par le conseil des Innus de Pessamit et, le 6 novembre 2008, la Commission de toponymie acceptait le changement du nom Réserve indienne de Betsiamites pour celui de Réserve indienne de Pessamit. Les habitants d’un village montagnais ont été identifiés dès les premières explorations européennes. Champlain en rapporte en effet la présence sur sa carte de 1632 où il fait mention des Sauvages Bersiamiste. Sous le Régime français, un poste de traite était établi à l’embouchure de la rivière Betsiamites. Désigné sous le nom Pointe-des-Bersimites par Hocquart en 1733, on pense cependant qu’il était localisé sur la rive ouest de la rivière plutôt que sur la rive est où le village se situe actuellement. Les registres de la mission de Notre-Dame-de-Betshiamits s’ouvrent en 1845 et c’est probablement à cette époque que démarre l’évolution en parallèle des formes Betsiamites et Bersimis. Du côté des Montagnais et des missionnaires oblats dont Charles Arnaud et Louis Babel, c’est la première forme qu’on utilise. La seconde est cependant privilégiée par l’amiral Bayfield lorsqu’il fit les relevés hydrographiques du Saint-Laurent entre 1837 et 1848 et par la Compagnie de la Baie d’Hudson lorsqu’elle vint s’y établir en 1855. Par ailleurs, à partir de 1860 environ, un petit noyau industriel se développe sur la rive ouest et c’est là surtout que Bersimis acquiert sa popularité. Un bureau de poste y est établi sous ce nom en 1863 puis sous ceux Moulin-Bersimis, en 1910, et de Rivière-Bersimis, en 1945. Il faut se rappeler que, vers 1900, la population y est plus importante que du côté du village montagnais. Là, le bureau de poste porta le nom Notre-Dame-de-Betshiamits de 1881 à 1898. Remplacé par celui de Bersimis de 1898 à 1919, il reprit ensuite le nom Betsiamites quand les habitants en firent la demande et que la Commission de géographie du Québec réussit à convaincre son homologue fédéral du bien-fondé de cette position. Malgré cela et en dépit du fait que la réserve ait été établie sous le nom Betsiamites en 1861, l’usage administratif a, le plus souvent, favorisé Bersimis à tel point qu’Hydro-Québec y a exclusivement recours dans ses aménagements de la rivière dans les années 1950. C’est en 1981 que le conseil de bande entreprend de renverser la tendance en faisant la promotion de Betsiamites. L’anthropologue Frank G. Speck avançait en 1931 l’hypothèse que le nom pourrait signifier ceux qui arrivent par la rivière. Toutefois, la plupart des auteurs s’entendent pour accorder à ce toponyme montagnais « Pessamit » le sens de lieu où il y a des sangsues ou des lamproies ou anguilles de mer.

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