Montréal, le 2 juillet 2022. Des membres de la diaspora sud-asiatique ont
organisé une manifestation à Montréal le 30 juin pour tirer la sonnette
d’alarme sur le démantèlement de la soi-disant plus grande démocratie du
monde. Dans cette action, ils rejoignaient d’autres personnes en Inde et
dans le monde.
Aujourd’hui, l’Inde ressemble à l’Allemagne des années 1930 ; la violence
d’État et la peur sont déployées contre les voix dissidentes. Dans une
tactique classique employée par les régimes autoritaires, les personnes qui
s’efforcent de faire respecter la démocratie et l’État de droit sont
accusées de terrorisme, d’incitation à la violence interreligieuse et
d’activités antinationales, et sont emprisonnées.
Le jour même où la Cour suprême des États-Unis a invalidé l’arrêt Roe v.
Wade, la Cour suprême de l’Inde a également rendu un jugement très
controversé, donnant un feu vert sans précédent à l’arrestation de deux
défenseurs des droits humains, qui ont été arrêtés dans les 24 heures
suivant cette décision. Teesta Setalvad, célèbre militant des droits de
l’homme et défenseur de la justice des minorités, a été arrêté sans mandat.
Le verdict de la Cour suprême à l’encontre de Setalvad comprend "l’audace
de mettre en doute l’intégrité de chaque fonctionnaire impliqué", et que
"ceux qui cherchent la justice [...] doivent être sur le banc des accusés".
L’autre personne arrêtée est R.B. Sreekumar, ancien directeur général de la
police du Gujarat, parce qu’il avait témoigné dans une procédure liée au
génocide du Gujarat en 2002, contre le ministre en chef de cet État à
l’époque, Narendra Modi, qui est aujourd’hui Premier ministre de l’Inde, le
poste le plus puissant du pays. Peu après, le 27 juin, le journaliste
Mohammed Zubair, d’AltNews, un site web de vérification des faits, a été
arrêté pour atteinte aux sentiments religieux, ce qui est un code en Inde
pour l’incitation à la violence entre hindous et musulmans. Pendant ce
temps, ceux qu’il dénonçait et qui appelaient ouvertement au génocide des
musulmans jouissent de l’impunité.
La plus grande démocratie du monde est devenue le fief personnel des
ethno-nationalistes hindous. La tyrannie majoritaire prévaut. L’État s’en
prend à ceux qu’il considère comme des empêcheurs de tourner en rond ; le
système judiciaire suit les caprices du parti d’extrême droite au pouvoir,
le BJP (Bharatiya Janata Party).
"L’État s’en prend à ceux qu’il considère comme se mettant en travers de
son chemin ; ceux qui agissent ou ceux qui essaient simplement de survivre
– vieux, jeunes, dalits, musulmans, pauvres, élites. Les arrestations, les
lynchages, les démolitions de maisons, les assassinats, la terreur et
l’intimidation sont des événements quotidiens, générant peur et misère", a
proclamé l’un des participants.
"Nous demandons au gouvernement canadien de demander des comptes au
gouvernement Modi", a déclaré un autre participant.
Nous dénonçons les arrestations de type urgence, la violence généralisée et
l’indignité envers les minorités, et nous demandons au gouvernement
canadien de se joindre à d’autres voix éminentes à travers le monde pour
exiger la libération de tous les prisonniers politiques en Inde.
Nous dénonçons l’injustice, la violence et la discrimination envers les
musulmans, les Dalits et les autres minorités.
Source :
SADAC/CADSA (South Asian Diaspora Action Collective/Collectif d’action de
la diaspora sud-asiatique)
CERAS (Centre sur l’asie du sud)
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