Édition du 7 mai 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

LGTB

Ne plus sous-estimer l’importance des actes LGBTphobes verbaux et comportementaux

Comme le disent à très juste titre les auteur-e-s de cette brochure, le syndicalisme « s’est toujours considéré comme légitime pour intervenir sur tous les aspects de la vie » et il combat les discriminations « sans établir de priorités ou de hiérarchies entre elles ».

Le Collectif confédéral de lutte contre l’homophobie, pour l’égalité et la non-discrimination des Lesbienne, Gays, Bi et Trans (LGBT) nous propose une brochure très complète, qui commence par un petit lexique dont je souligne un paragraphe « Le code pénal et le code de travail français ont recours à la notion d’identité sexuelle. Ce terme est critiquable car il élude la notion de genre et introduit une confusion possible avec l’orientation sexuelle ».

La première partie est historique « De la répression à la reconnaissance des droits ». Sont abordés, entre autres, la suppression du crime de sodomie, lors de la Révolution française, la politique du régime de Vichy, le procès d’Oscar Wilde et l’Angleterre des années20, les positions du parti communiste allemand et de l’Urss avant la « nuit stalinienne », la pénalisation de l’homosexualité dans le monde, les luttes de libération des homosexeul-le-s et des trans, leurs organisations (en France, le FHAR, le CUARH, les associations plus récentes, dont celles dans le monde du travail, etc .) ou les marches des fiertés. Une sous-partie est consacrée à la « transidentité » et les auteur-e-s nous rappellent que « Pour l’heure, en matière de droits des trans, la législation française ne se conforme ni à la la résolution 1728 du Conseil de l’Europe, ni aux recommandations du commissaire au Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, ni aux principes de Jogjakarta ».

La seconde partie traite du monde du travail et de la LGBTphobie. Sous-estimées par beaucoup, les rumeurs insidieuses, les railleries douteuses, les insultes ouvertes « atteignent les victimes au plus profond de leur être et s’attaquent à la dignité même de la personne humaine ». J’ajoute que les propos soulignant incessamment « les normes majoritaires » relèvent des mêmes atteintes à la dignité. Dans une société dominée par l’hétéro-sexisme, « la révélation de son homosexualité à son entourage ne va pas de soi et le degré de dévoilement peut rester différent en fonction des sphères de vie sociale de l’individu ». Les auteur-e-s soulignent que dans les contextes professionnels, certain-e-s « inventent un-e partenaire imaginaire de sexe opposé », certain-e-s se font passer pour célibataires, et/ou utilise des « mots neutres » pour parler de leur vie privée. Dévalorisations, discriminations, harcèlements sont analysés, ainsi que le rôle des associations ou des syndicats.

La troisième partie est consacrée aux « Normes, lois et droits en faveur des LGBT », au niveau mondial, , au niveau européen et en France. Parmi différents éléments, les auteur-e-s soulignent que « le Pacs est bien plus restrictif en droits que le mariage. De plus il est muet sur l’autorité parentale, l’adoption, l’assistance médicale à la procréation, les droits de succession et patrimoniaux ». Les dispositifs (et leurs limites) de lutte contre les discriminations sont présentés ainsi que « les revendications actuelles du mouvement LGBT en France ». Concernant la parenté, les auteur-e-s indiquent : « Il est aujourd’hui urgent de mettre en conformité la loi et le réel en établissant désormais que c’est l’intention d’être parent qui doit déterminer la filiation, et non l’orientation sexuelle d’un couple ou le lien génétique ». La filiation est toujours une construction sociale et non une détermination génétique comme le déclarent les opposants au mariage et à l’égalité des droits.

La quatrième partie concerne « L’intervention du syndicalisme face aux discriminations frappant les LGBT », au niveau mondial, européen, avec l’exemple des Trade Union Congress (TUC) en Grande-Bretagne.

Pour ce qui concerne la CGT, j’ai déjà indiqué, en ouverture de cette note le positionnement général. La confédération s’appuie sur une enquête « Les syndiqué-e-s de la CGT et leur rapport à l’homophobie et aux discriminations à l’encontre des LGBT » dont un résumé est présenté.

Si les auteur-e-s rappellent le révélateur que constitue le numéro de Sécurité sociale pour les trans, elles et ils soulignent surtout que les « accords et conventions » sont « un outil réellement efficace à la différence des codes de bonne conduite et des chartes privées auxquels les employeurs souscrivent pour afficher leur sensibilité à la »diversité » » et présentent les instances de représentation et de défense des salarié-e-s.

Les revendications actuelles de la CGT pour l’égalité des droits des LGBT sont détaillés. Ces revendications ne sont pas un à coté d’autres revendications. La lutte contre toutes les discriminations et pour l’égalité des droits devrait être effectivement au cœur des pratiques syndicales.

Richement illustrée, cette brochure devrait être largement diffusée et discutée.

Voir aussi Line Chamberland : Gais et lesbiennes en milieu de travail. Rapport de synthèse de recherche, publié au Québec, Des chums et des blondes

CGT : Gagner l’égalité des droits des LGBT dans le monde du travail.

Guide d’action syndicale Homophobie – La cgt

Montreuil 2012, 90 pages

Didier Epsztajn

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