Édition du 23 avril 2024

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Éducation

Région du Coeur et du Centre du Québe

Plusieurs élèves ayant des besoins font les frais du manque de ressources professionnelles

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Trois-Rivières, le 18 février 2010. – Les professionnelles et professionnels de l’éducation dans les écoles de la région du Cœur et du Centre-du-Québec sont en nombre insuffisant, ce qui a pour conséquence qu’ils ne peuvent traiter que les cas les plus urgents d’élèves dans le besoin, alors que pendant ce temps de nombreux élèves ayant des difficultés sont malheureusement laissés à eux-mêmes.

Telle est l’une des importantes conclusions qui ressortent d’une vaste consultation menée par la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ), dont le président, M. Jean Falardeau, a dévoilé aujourd’hui les résultats en compagnie du président du Syndicat du personnel professionnel de l’éducation du Cœur et du Centre-du-Québec (SPPECCQ), M. Denis Bastarache.

Seuls les cas les plus graves sont traités

M. Jean Falardeau soutient que pour plusieurs catégories de professionnels de l’éducation, le personnel œuvrant dans les établissements scolaires de la région est nettement insuffisant.

« Le constat est semblable dans les cinq commissions scolaires se trouvant sur notre territoire. Le manque de professionnels jumelé au nombre élevé d’élèves ayant des besoins fait que l’on ne traite que les cas les plus graves, délaissant les autres, alors qu’il n’y a plus du tout de temps pour la prévention. De plus, pour ce qui est des élèves que nous réussissons à rencontrer, nous devons ensuite nous restreindre à leur apporter une aide insuffisante et incomplète, faute de temps pour assurer un suivi adéquat », explique M. Falardeau.

Une situation difficile pour le personnel

Le président de la FPPE-CSQ précise que ce n’est pas la bonne volonté du personnel professionnel qui est en cause, mais bien plutôt le manque de moyens et de ressources mis à leur disposition.

« Toutes les catégories professionnelles sont touchées par cette situation, dont les conseillères et conseillers d’orientation, les psychologues, les psychoéducatrices et les psychoéducateurs, les orthophonistes, les animatrices et animateurs à la vie spirituelle et l’engagement communautaire, les orthopédagogues, les travailleuses et les travailleurs sociaux, les conseillères et conseillers pédagogiques, les agents et agents de correction du langage, les agentes et agents de réadaptation, les conseillères et conseillers en éducation préscolaire, les conseillères et conseillers en formation scolaire, les conseillères et conseillers en rééducation, de même que les conseillères et conseillers en information scolaire et professionnelle. C’est très difficile pour le personnel de réaliser qu’il ne peut intervenir qu’auprès d’un nombre limité d’élèves, en délaissant de nombreux autres, faute de temps pour agir. Ce n’est pas surprenant que plusieurs veuillent quitter le milieu scolaire alors que d’autres ont hâte de pouvoir partir à la retraite et de ne plus vivre une telle pression », relate M. Jean Falardeau.

Une situation qui se dégrade

Pour sa part, le président du SPPECCQ, M. Denis Bastarache, ajoute que les délais d’attente pour les élèves sont longs avant de pouvoir recevoir des services.

« C’est normal puisqu’il n’y a pas de professionnels en nombre suffisant. Comment veut-on qu’une psychoéducatrice, qui a 1 200 élèves sous sa responsabilité, puisse donner un service de qualité à chacun ? Ça n’a aucun sens. Et la situation se dégrade du fait que certains professionnels, épuisés par la surcharge de travail, se retrouvent en congé pour maladie et ils ne sont pas remplacés. Ce qui augmente encore plus la charge de ses collègues et prolonge les délais d’attente pour les élèves ayant des besoins », raconte M. Bastarache.

Des situations en attente d’éclater

Le président du SPPECCQ précise que, faute de temps, il n’est évidemment pas question de faire de la prévention dans les écoles.

« Il y a longtemps qu’on ne fait plus de prévention. Nous priorisons les priorités, ce qui veut dire que nous n’avons pas le temps d’apporter à tous les élèves le soutien professionnel dont ils ont besoin. Malheureusement, il est évident que tôt ou tard, les difficultés des élèves vont devenir de plus en plus importantes jusqu’à éclater faute d’avoir pu recevoir de l’aide à temps », déplore M. Denis Bastarache.

Échecs scolaires et décrochage

M. Bastarache donne des exemples où des élèves se retrouvent avec une médication dont ils n’auraient pas besoin pendant qu’ils ne sont pas traités pour leur vrai problème. Dans d’autres cas, il y a des élèves dans le besoin qui auraient pu être aidés facilement, mais qui sont rencontrés trop tard, alors que le problème s’est aggravé, ce qui nécessitera une rééducation plus longue et moins efficace.

« Les échecs scolaires augmentent chez les élèves qui ne peuvent pas recevoir les services professionnels auxquels ils ont droit. Pire encore : il y a de nombreux cas où les élèves, désespérés d’attendre une aide qui ne vient pas, finissent tout simplement par décrocher de l’école. Ce sont finalement eux qui paieront toute leur vie parce que le gouvernement n’aura pas investi les montants nécessaires pour augmenter les ressources professionnelles dans nos écoles », affirme le président du SPPECCQ.

Un gouvernement qui doit agir

MM. Jean Falardeau et Denis Bastarache croient que les différents acteurs du monde de l’éducation de la région, et plus particulièrement les parents, doivent s’unir pour dénoncer cette situation et réclamer d’une même voix que le gouvernement du Québec leur accorde les ressources professionnelles nécessaires pour assurer à tous leurs élèves des chances égales à la réussite scolaire.

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