Édition du 5 novembre 2024

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Éducation

Une solution à portée de main pour la pénurie de personnel de soutien dans les écoles : la création de postes à temps plein ! (FPSS-CSQ)

QUÉBEC, le 23 oct. 2020 - Dans la foulée de l’opérationnalisation de la plateforme de recrutement « Répondez présent ! », la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ), interpelle le gouvernement du Québec à propos de la pénurie de surveillants, d’éducateurs de service de garde ou de concierges qui continue de sévir dans les écoles et demande au ministre Roberge d’offrir des temps complets aux milliers d’employés déjà dans le réseau de l’éducation, formé de surcroît, mais qui n’ont que quelques heures par semaine.

Appuyée par la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) et la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ), la FPSS-CSQ invite le ministre de l’Éducation à mettre en vigueur une solution à portée de main afin d’aider significativement les équipes-écoles dans leur mission quotidienne : la création de postes de soutien scolaire à temps plein. Après avoir consulté ses 19 syndicats affiliés, répartis dans 24 centres de services scolaires à travers le Québec, la preuve est faite pour la FPSS-CSQ : dans chaque école, sans exception, les enjeux liés à la pénurie de main-d’œuvre et à la surcharge de travail du personnel de soutien ont des répercussions démesurées sur le terrain.

À ce stade-ci, un constat général se dégage à l’effet que la plateforme de recrutement « Répondez présent ! » n’a pas eu d’effets sur le terrain. C’est pourquoi les syndicats se questionnent ouvertement sur le refus du ministre de l’Éducation de créer davantage de postes de personnel de soutien à temps complet pour prêter main-forte au personnel actuel. Cette solution structurante permettrait à la fois de lutter contre la pénurie de main-d’œuvre et de diminuer la précarité du personnel sur le terrain, qui se situe actuellement à 70 %. Tant pour le personnel de soutien que pour le personnel enseignant ou professionnel, la création de postes de surveillants, d’éducateurs en services de garde et de concierges apparaît comme une mesure urgente et prioritaire pour les écoles publiques.

De multiples enjeux par école

« Dans chaque école, il y a plusieurs enjeux : manque de concierges pour s’occuper de la désinfection. Manque de techniciens informatiques pour assurer le fonctionnement des cours à distance. Manque de techniciennes et d’éducatrices en service de garde, de préposées aux élèves handicapés, de surveillantes d’élèves, de techniciennes de travail social, de techniciennes en éducation spécialisée. La liste est sans fin » explique Éric Pronovost, président de la FPSS-CSQ.

« On n’arrive pas à s’expliquer l’aveuglement volontaire du ministre Roberge. Il est temps qu’il mette ses yeux devant les trous parce que nos membres sont de plus en plus irrités par son attitude hautaine. On a l’impression que le capitaine du navire refuse d’admettre que le bateau prend l’eau de partout et qu’on est en train de couler. Il faut cesser de regarder le personnel de soutien de haut. Nous sommes essentiels en éducation, au même titre que nos collègues les enseignantes et enseignants et professionnelles et professionnels » ajoute monsieur Pronovost.

La pénurie de personnel de soutien scolaire se répercute sur l’ensemble du réseau scolaire

Le système de l’éducation québécois est à l’image d’engrenages où chacun doit bien rouler pour que le tout fonctionne. Autant les enseignantes et enseignants que les professionnelles et professionnels sont impactés par le manque de personnel de soutien scolaire.

« La pandémie a mis en lumière les limites du sous-investissement en éducation qui sont malheureusement entretenues depuis trop d’années. Pour des considérations comptables et budgétaires, la crise sanitaire que l’on vit s’est transformée en véritable crise des conditions de travail. Sans amélioration des conditions de travail et de création de postes en temps plein pour le personnel de soutien scolaire, les problèmes de fond vont perdurer. Le gouvernement aura beau ajouter les ressources qu’il veut, si les problèmes structurels de précarité ne sont pas réglés, il maintient le syndrome de la chaudière percée dans les écoles ! », explique Sonia Ethier, présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).

« Si la pandémie a fait connaître plusieurs des difficultés vécues par le personnel du réseau, elle a eu comme conséquence de faire augmenter significativement la tâche déjà trop lourde des enseignants. Le temps et les bras nous manquent pour arriver à tout faire parmi les nouvelles exigences liées à la crise, dont beaucoup sont liées à la surveillance et à la désinfection. Cependant, plus on fait ces tâches énergivores et nécessaires, moins il en reste pour le rattrapage et l’encadrement auprès des élèves. Nous avons vraiment besoin d’un ajout de ressources pour nous permettre de nous concentrer sur l’enseignement, les apprentissages et la réussite des élèves », a fait savoir Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ).

« Depuis la rentrée, nous sommes abasourdis de constater ce manque d’effectifs criant au sein du personnel de soutien. Ils offrent une expertise importante pour soutenir les équipes-écoles dans toutes les tâches. Sans leur aide on peut difficilement s’imaginer le milieu scolaire, mais pourtant ils sont peu nombreux à avoir une stabilité d’emploi. Il faut absolument que tous ces employés avec qui nous travaillons au quotidien et qui ont à cœur le bien-être des élèves soient reconnus à leur juste valeur. Il faut diminuer la précarité et cesser le roulement de personne de soutien si on veut être capables d’avancer, surtout dans ce contexte particulier de pandémie » dénonce Jacques Landry, président de la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ)

Témoignages

Par souci de transparence, et afin de forcer le ministre à ouvrir les yeux, la FPSS-CSQ a interrogé ses membres à travers le Québec. Le témoignage de chacun d’eux démontre clairement que les problématiques ne sont pas des « exceptions ».

« Ce qui se passe actuellement en service de garde dépasse tout ce qu’on voit dans les médias. La situation sur le terrain est à ce point difficile qu’il n’est pas rare que des collègues arrivent le matin en pleurant, déjà exténuées et angoissées par la journée à venir. Le gouvernement nous demande de répondre à des besoins particuliers en situation de pandémie, mais sans augmenter les effectifs. On essaie bien de s’entraider entre-nous, on remplace des collègues TES ou concierges par exemple, mais ce sont les enfants qui en souffrent. Nous n’avons plus le temps de répondre à tous leurs besoins, malgré qu’on voit leur détresse psychologique augmenter, et ça nous déchire tous. C’est bien beau de passer notre temps à faire et refaire des bulles, mais la santé psychologique des enfants là-dedans, qui va s’en occuper ? » Sylvie Levert, éducatrice en service de garde à l’école Sans-Frontières, Rivière-du-Nord.

« Comme je suis technicienne en service de garde, je dois voir au bon fonctionnement de celui-ci. Mais actuellement, je passe énormément de temps à essayer de trouver des remplaçantes pour combler les absences quotidiennes. Mais il n’y a personne ! On ne trouve pas de remplaçants, nos listes de rappels sont vides. On essaie de s’aider entre techniciennes de services de garde d’une école à l’autre, on travaille aussi avec les ressources humaines, mais c’est le même scénario partout. La pénurie de main-d’œuvre nous frappe de plein fouet et nos pauvres conditions de travail n’ont rien pour attirer de nouveaux employés. J’ai peur de ce qui s’en vient, car le personnel est déjà brûlé, deux mois seulement après la rentrée scolaire. Ça va être quoi rendu en janvier ? Ou au printemps ? Et tout ça sans parler des conséquences de ce roulement de personnel sur les enfants. Ils n’ont pas de constance dans les services de garde. Il est donc difficile pour eux de créer un lien d’attachement avec un adulte signifiant. Quel sera l’impact à long terme ? Je le répète, je suis inquiète. » Isabeau Julien, technicienne en service de garde à l’école des Ormeaux, Laval.

« Actuellement, ça ne se passe pas très bien. C’était beaucoup plus réaliste au printemps parce qu’il y avait moins de monde dans les écoles. On avait le temps de tout désinfecter tel que demandé par la Santé publique. Maintenant, c’est impossible d’y arriver sans faire de temps supplémentaire. Alors on fait juste ce qu’on peut dans le temps qu’on a. En plus, on est épuisés. J’ai 40 ans et je me considère très en forme, mais à ce rythme-là, je ne me rendrai jamais à ma retraite. C’est extrêmement exigeant physiquement, on court partout. J’ai plusieurs collègues sur le bord de l’épuisement. En plus, on n’a aucune reconnaissance. Rappelons-nous qu’au printemps, le personnel de soutien scolaire était au front, mais on n’a pas eu le droit à aucune prime. » Rémi Lapierre, concierge à l’école Jacques-Cartier, Sept-Îles.

« Le problème vient du ministère de l’Éducation et de son ministre. Depuis le mois de mars, les revirements de dernière minute sont nombreux. Rendu en octobre, ça devrait être moins pire, mais ce n’est pas le cas. À titre d’exemple, c’est dans les médias qu’on a appris qu’il n’y aurait pas trois, mais deux bulletins cette année. Je venais de passer une semaine entière à préparer le premier bulletin ! J’ai donc passé 35 h à travailler pour rien. Imaginez à l’échelle provinciale le coût de tous ces revirements. On doit sans cesse recommencer la même tâche à cause des changements de dernière minute. Sans oublier qu’il n’est pas normal qu’on apprenne par la télévision les nouvelles directives. Il est anormal que les gens sur le terrain ne soient pas consultés ou informés. Le ministre Roberge se vante d’avoir fait partie du réseau scolaire, et donc, de comprendre la réalité terrain. Eh bien, sur le terrain, on le trouve complètement déconnecté » Annie Bissonnette, secrétaire d’école l’école Fleur-de-Vie, Laval.

« Si je devais décrire en un mot la situation actuelle, je choisirais le mot « enfer ». Je suis technicienne en service de garde depuis huit ans, mais je n’ai jamais rien vu de tel. L’accès à la main-d’œuvre et les conditions de travail difficiles se dégradent depuis des années. Mais avec la pandémie, on atteint les bas-fonds. J’ai l’impression de passer la journée à jouer à Tetris avec les diverses classes d’emploi du personnel de soutien pour respecter les bulles et combler les absences liées à la COVID. Le climat est très tendu, et c’est normal dans des conditions pareilles ! Imaginez… on choisit de travailler dans un service de garde scolaire pour œuvrer auprès des enfants. Actuellement, on a plus de plaisir avec eux parce qu’on ne fait que s’assurer qu’ils respectent les règles de la Santé publique. Sans parler du manque de locaux, des contraintes grandissantes et des compromis à n’en plus finir. Combiné au petit nombre d’heures de travail garanti par semaine, il n’est pas étonnant que plusieurs personnes envisagent de changer de boulot. » Julie Côté (nom fictif), Technicienne en service de garde, Île-de- Montréal

« Actuellement, on ne fait qu’éteindre des feux, c’est-à-dire gérer les urgences. On n’a pas le temps de faire rien d’autre parce qu’il y en a trop. Jumelé aux remplacements d’absences à cause de la COVID, c’est invivable. On est même parfois obligé de faire des heures supplémentaires ou d’annuler des congés déjà prévus, faute de remplaçant. On est tous à bout. Entre collègues, nous avons signalé à la direction notre épuisement. Les gestionnaires le comprennent bien, mais du personnel, il n’y en a pas ! Ils ne peuvent pas faire grand-chose. Et ils savent très bien qu’ils sont en train de brûler leur monde par les deux bouts de la chandelle, mais les solutions proposées par le ministre sont complètement utopiques. Il serait temps qu’il revienne faire un tour sur le plancher des vaches lui, pour voir ce qui s’y passe vraiment ». Marie-Sophie Paré, technicienne en éducation spécialisée, école Jo-Paquin, Premières-Seigneuries

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