Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Syndicalisme

Défi de l'heure

Tiré du journal Unité Conseil central du Montréal métropolitain–CSN
Avril 2017, volume 31, numéro 3 | Manon Perron est secrétaire générale du CNMM-CSN

Le 22 avril, nous soulignerons le Jour de la Terre. Initiée dans les années 1970, cette journée symbolisait l’éveil de la conscience écologique. Au cours des années 1990, on a pris la juste mesure de l’incidence de l’activité humaine sur les changements climatiques. Aujourd’hui, la dégradation de l’environnement semble irréversible : le réchauffement de la planète n’est plus à démontrer.

Dans ce contexte, l’élection de Donald Trump nous inquiète. Lors de la campagne présidentielle, il s’était engagé à renier l’Accord de Paris sur le climat, signé par l’administration Obama dans la foulée de la COP21. Peu après son élection, Trump a nommé Scott Pruitt, un climatosceptique à la tête de l’Agence américaine de protection de l’environnement. Pruitt est bien connu pour sa proximité avec l’industrie de l’exploitation pétrolière. Il y a quelques semaines, il mettait en doute l’impact des émissions de CO2 sur le réchauffement climatique, alors que tous les experts estiment que c’en est la principale cause. Parions que les jours de l’agence réglementaire sont comptés.

L’élection américaine a satisfait l’industrie pétrolière canadienne tant et si bien que le gouvernement Trudeau a autorisé deux importants projets de pipelines destinés à l’exportation de pétrole des sables bitumineux, le projet Trans Mountain et le remplacement de la Ligne 3 d’Enbridge, alors qu’un virage économique et environnemental s’impose. Sans changement de cap, nous serons confrontés à une réduction de la croissance économique, à une augmentation des dépenses publiques engendrée notamment par une détérioration de la santé des populations et par la dégradation des infrastructures. Il est donc grand temps que l’on opère une transition énergétique pour adopter des technologies propres et pour produire de l’énergie renouvelable.

Devant un tel défi, les politiques d’austérité qui attaquent les services publics, la réglementation et le filet de sécurité sociale n’ont pas leur place. Les gouvernements doivent cesser d’être subordonnés aux intérêts d’entreprises qui tentent de profiter au maximum d’un système économique socialement injuste, destructeur de l’environnement et sans fondement démocratique. Nous devons exiger que nos politiciens relèvent leurs ambitions en environnement.

Conscients des enjeux liés à une transformation aussi radicale de l’économie, la Confédération syndicale internationale, dont la CSN est membre, a mis de l’avant l’idée d’une transition juste. Ce concept a été inclus dans l’Accord de Paris sur l’environnement. Pour le mouvement syndical international, il faut rendre nos sociétés compatibles aux défis environnementaux. Les organisations syndicales sont résolues à améliorer la qualité des emplois dans les industries existantes en voie de transition vers un modèle de développement durable. Un virage vers une économie verte est une opportunité de créer des emplois décents.

Concrètement, certaines conditions doivent accompagner une telle transition. Les communautés doivent être impliquées dans la conversion du tissu industriel vers un modèle économique de développement durable. Dans les milieux de travail, la planification de la transition énergétique doit se faire avec l’implication des syndicats, l’accès à la formation et le développement des compétences accompagné de programmes d’aide à la transition. Des programmes de développement de l’emploi et de requalification, notamment pour les salarié-es âgés pouvant avoir de la difficulté à se maintenir en emploi ou à en retrouver, doivent être prévus.

Une véritable politique de transition énergétique doit donc comprendre le principe de transition juste. Les gouvernements doivent dresser un nouveau contrat social à la hauteur des défis environnementaux.

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