Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

L’ennemi de notre ennemi n’est pas notre ami

Dans un monde complexe où s’enchevêtrent plusieurs contradictions, il n’est pas toujours évident pour la gauche de trouver son chemin. Avec les yeux fixés vers un horizon de transformations radicales, il faut aussi identifier les pistes qui peuvent nous faire avancer à court terme. L’écosocialisme, on le sait, n’est pas pour demain. Il faut penser à un combat prolongé, opiniâtre, ce que Gramsci appelait une « guerre de position ».

Dans ce nœud de contradictions, il faut tenir compte des défis et manœuvres de nos adversaires. « Connais ton ennemi, et tu te connaîtras toi-même » : je pense que cela vient de Sun Tzu qui avait écrit dans « l’Art de la guerre » des réflexions qui ont inspiré les mouvements révolutionnaires en Chine et ailleurs.

On le sait, les adversaires ont aussi un projet (maintenir le statu quo). Ils savent s’adapter et changer de stratégies pour persister, c’est leur force. Cependant, ces adversaires sont multiples. Il n’y en pas qu’un seul. Il est fractionné entre groupes concurrents. Il est appuyé par des États qui ont aussi leurs intérêts. Pour le camp du changement, il faut toujours être attentif à cela et profiter des failles et fissures qui affaiblissent cet adversaire et si on peut, en tenir compte pour élaborer nos propres stratégies. C’est parfois difficile, mais si est incapables de faire preuve d’intelligence à ce niveau, on ne peut pas avancer. On peut être instrumentalisés par les uns ou les autres.

Comment échapper à cela ? Malheureusement, il n’y a pas de recette magique. Chaque cas est particulier et il faut trouver son chemin en connaissant ce qui a été fait avant nous, sans chercher de « modèles » et en procédant, selon l’expression consacrée à définir des analyses concrètes dans des situations concrètes.

Revenons à ce qui se passe aujourd’hui.

Les États-Unis, la grande puissance impérialiste, est en déclin, ce qui ne veut pas dire qu’ils vont imploser demain matin. Leurs contradictions internes sont, je le crois, indépassables et tout indique que la puissance numéro 1, comme d’autres avant elle (pensons à l’Angleterre de la première moitié du vingtième siècle) va naviguer de crise en crise en perdant peu à peu l’hégémonie dont elle disposait sur le reste du monde. Dans ce contexte, des concurrents, qu’on appelle les pays « émergents » progressent, dont la Chine.

Pour nous, le déclin des États-Unis est une bonne chose, pas une mauvaise chose. En effet, l’impérialisme américain ont constitué pendant des décennies le « centre stratégique » du dispositif du pouvoir capitaliste dans le monde, le rempart ultime contre lequel tous les mouvements d’émancipation se sont retrouvés

Par rapport à la Chine, nous n’avons pas d’illusion : c’est un capitalisme d’état à la main de fer, où les classes populaires prolétarisées subissent le poids de l’exploitation et de l’oppression. C’est aussi une puissance impérialiste montante qui cherche à mettre la main sur les ressources de l’Afrique et d’ailleurs.

Cet ennemi de notre ennemi n’est certes pas notre ami. Cependant, nous sommes contre le build-up actuel qui est orchestré de Washington (avec ses alliés-subalternes comme le Canada). Une vaste campagne est en cours pour diaboliser et déstabiliser la Chine en espérant préparer l’opinion publique aux grands conflits qui risquent de surgir n’importe quand. Cette confrontation actuelle et imminente s’applique également à de vastes régions du monde où l’affrontement USA-Chine s’aggrave, comme en Asie-Pacifique, au Moyen-Orient, en Afrique subsaharienne. Les points de fixation s’appellent l’Iran, Taiwan, le Venezuela, etc.

Notre projet écosocialiste est antinomique avec des régimes qui confrontent les États-Unis, non pas pour porter le drapeau de l’émancipation, mais pour conforter leur propre pouvoir qui pourrait, espèrent-ils, devenir le pôle hégémonique de demain. Nous ne faisons pas partie d’un « camp » qui se définit seulement comme l’adversaire des États-Unis. Nous n’endossons pas ces régimes et les projets politique qui leur sont associés. Nous allons nous mobiliser contre les agressions préparées par les États-Unis contre ces régimes sur nos propres bases.

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