En planchant sur le plan de travail 2017-2018, le conseil central compte bien faire valoir que la société québécoise détient les leviers pour améliorer les conditions de travail de tous les travailleurs et travailleuses, particulièrement ceux et celles à statut précaire. Il faut freiner une tendance mondiale qui révèle les travers du système économique néolibéral. Les mieux nantis avec la complicité de nos gouvernements s’arrogent tous les biens, faisant preuve d’une cupidité sans bornes. Selon un rapport d’Oxfam, depuis 2015, le 1 % des plus riches détient plus de richesses que le reste de la population mondiale. Il est donc faux de prétendre que nous n’avons pas les moyens de nos ambitions, bien au contraire.
Au Québec, à maintes reprises nous avons fait la démonstration que l’augmentation du salaire minimum est bénéfique à plus d’un point de vue. L’économie se porte mieux puisque le pouvoir d’achat des individus augmente et les fruits de ces gains sont immédiatement réinjectés dans l’économie. De surcroît, les gouvernements engrangent plus de revenus fiscaux. Sur le plan de la justice sociale, ce sont d’abord les femmes et les minorités racisées qui en tirent profit. Celles-là mêmes qui peinent à rehausser leurs conditions de travail. Les travailleuses et les travailleurs ne sont pas dupes. C’est d’ailleurs ce que confirme un sondage réalisé par la Confédération syndicale internationale auprès de 15 728 personnes provenant des quatre coins de la planète : 71 % des personnes interrogées pensent que les gouvernements peuvent agir en haussant les salaires et 80 % estiment que le salaire minimum dans leur pays est insuffisant. Les travailleuses et les travailleurs, peu importe leur condition, comprennent très bien les rouages du capitalisme moderne. L’exploitation et les inégalités se conjuguent trop souvent avec l’incapacité des gouvernements à réglementer. Au Québec, le gouvernement de Philippe Couillard refuse de suivre l’Alberta et l’Ontario qui ont décidé d’augmenter le salaire minimum à 15 $. Pourtant le nombre de travailleurs au salaire minimum est assez comparable (Alberta 18 %, Ontario 23 % et Québec 21 %).
Cet automne, la ministre du Travail promet une réforme de la Loi sur les normes du travail qui annonce un bras de fer entre le patronat et le mouvement syndical. Un salaire minimum à 15 $ l’heure sera remis à l’avant-plan de l’actualité ainsi que les modifications que nous souhaitons afin que cette législation réponde aux nouvelles réalités du monde du travail. Une nouvelle mouture de cette loi devra s’attaquer à la précarité du statut d’emploi pour contrer l’industrie des agences de placement de personnel. Trop d’histoires d’horreur témoignent de l’exploitation dont sont victimes les travailleuses et les travailleurs, souvent des personnes immigrantes, recrutées par ces agences sans scrupule. Plusieurs sociétés, notamment d’autres provinces canadiennes, ont jugé bon d’intervenir par voie législative et réglementaire afin d’encadrer cette industrie. Les solutions sont connues, il faudra maintenant que Québec agisse.
La Journée mondiale pour un travail décent est l’occasion de placer les femmes et les hommes au cœur de la réflexion sur le travail. La dignité humaine n’est pas négociable.
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