Publié le 10 septembre 2016
Communiqué de Presse de la Via Campesina
(Harare, le 8 septembre 2016) Le 10 septembre est la journée d’action contre l’OMC, La Via Campesina, mouvement paysan international qui rassemble plus de 200 millions de paysans venant de 164 organisations membres dans 73 pays, commémore la mort de Lee Kyung Hae et continue à lutter pour la FIN de l’OMC.
L’année dernière, à Nairobi, lors de la 10ème session ministérielle sur le commerce, les négociations ont abouti à la dernière heure afin de sauver les apparences alors que l’OMC tentait de se réinventer et de chercher une légitimité en Afrique. Depuis la réunion de Nairobi, les membres de l’OMC ont tenu leur première réunion informelle sur l’agriculture, le 8 mars de cette année, afin de discuter du futur des négociations sur l’agriculture. Nous devons nous mobiliser de plus en plus pour la FIN de l’OMC, afin que, dans les préparations de la 11ème réunion ministérielle en 2017, l’agriculture sorte du champ d’action de l’OMC.
En ce 13ème anniversaire du martyre de Lee Kyung Hae, nous rejetons les Accords de libre-échange bilatéraux et multilatéraux qui vont à l’encontre des intérêts des peuples et de la démocratie. Ces accords sapent le contrôle par les peuples de leurs propres ressources comme le soulignait déjà les paroles de Lee : « Je voudrais avertir tous les citoyens que l’espèce humaine est en danger. De grandes entreprises internationales non contrôlées et un petit nombre de membres de l’OMC organisent une mondialisation indésirable, inhumaine, non démocratique, qui dégrade l’environnement et tue les paysans. Il faut l’arrêter immédiatement, sinon la logique fausse du néolibéralisme effacera la diversité de l’agriculture mondiale avec des résultats désastreux pour l’espèce humaine. »
Les accords de libre-échange (ALE) tels que l’Accord économique et commercial global (CETA en anglais), le Partenariat transpacifique (TPP en anglais) et le Partenariat économique global régional (RCEP en anglais) sont conçus pour profiter aux larges entreprises. Mais ces grandes entreprises, en accaparant les marchés locaux et les terres agricoles des paysans les conduisent à leur perte. Depuis l’adoption des ALE, nous avons constaté un déclin drastique du nombre de paysans et de paysannes. La nature n’a pas été épargnée non plus car les ALE portent atteinte à la protection de l’environnement et au bien-être animal. La sûreté alimentaire est aussi menacée avec les conséquences sur la santé que l’on connaît. De surcroît, les ALE, par le biais de mécanismes litigieux de résolution de différents entre investisseurs et États, érodent la souveraineté des états les laissant à la merci des larges entreprises transnationales (TNC). Nous demandons à nos gouvernements de s’engager à mettre en place des programmes d’achats publics et institutionnels robustes qui permettent aux paysans d’avoir accès à un marché rémunérateur, participatif et stable pour les produits de leur ferme.
Le controversé Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) négocié entre l’Union Européenne et les États-Unis est au point mort, les négociations étant bloquées. Cela représente une étape significative dans notre mobilisation contre les ALE. C’est une opportunité pour redire le projet destructeur de ces accords et mettre fin à ce type de négociations.
Lee n’était pas n’importe qui. Il avait fondé une coopérative et une association de paysans en Corée, Il avait été législateur d’état et avait été reconnu par le gouvernement de Corée et par l’ONU comme un paysan remarquable. Pourtant, il avait perdu sa terre, comme des millions d’autres paysans coréens, après que le gouvernement ait signé, en 1992, l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), prédécesseur de l’OMC.
Nous demandons, aujourd’hui, à nos organisations membres, à nos alliés, aux mouvements sociaux du monde entier de se mobiliser contre l’agenda néolibéral de l’OMC qui sert à la promotion du pouvoir des multinationales sur l’humanité. Nous devons continuer à nous battre pour un monde basé sur la souveraineté alimentaire.
À bas l’OMC
FIN à l’OMC
STOP aux ALE
Souveraineté alimentaire maintenant !