Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/10/21/premiere-victoire-une-journee-doccupation-dun-chantier-des-jo-des-dizaines-de-sans-papiers-regularises/
Au petit matin du 17 octobre, une centaine de travailleurs et grévistes sans papiers ont pénétré dans le chantier de l’Arena La Chapelle en vue des jeux olympiques de Paris 2024, avec comme maître de saccage le groupe Bouygues. Des dizaines de soutiens se sont au même moment retrouvés face aux portes closes du chantier, tenues par un des employés, mais ont fini par réussir à s’engouffrer par une autre ouverte pour laisser passer un camion, au nez et à la barbe des trois policiers présents qui ne savaient que faire pour les en empêcher.
Un chantier immense, démesuré. C’est ce qu’ont découvert toutes les personnes ayant pu rentrer pour rejoindre les grévistes à l’intérieur de l’Arena. La rencontre entre des travailleurs et grévistes sans papiers et de leurs soutiens s’est réalisée en chants et en slogans entonnés toustes ensemble : « So So, Solidarité avec les sans-papiers », « Des papiers ! Pour qui ? Pour tous ! », « Darmanin, on est pas dangereux, c’est nous qui sommes en danger ! ». C’est le début d’une coalition d’actions qui est amenée à s’inscrire dans la durée contre les chantiers des JO 2024 en Île-de-France. Les JO et leur monde, c’est l’artificialisation des sols pour des projets d’infrastructures inutiles dédiées à une pratique du sport élitiste, mais c’est aussi l’expulsion de tous les squats et campements de fortunes du 93, le déplacement des SDF, la mise à la rue des étudiants des CROUS, et l’exploitation des travailleureuses sans-papier qui sont un rouage essentiel de la machine à produire toujours plus vite et moins cher des géants du BTP.
Il est 7h30 à peine. La cantine des Pyrénées, qui soutient de nombreuses luttes dans la région, a préparé un petit déjeuner pour affronter le froid matinal.
Très rapidement, des négociations sont acceptées avec le donneur d’ordre Bouygues (via un représentant) et la mairie de Paris. Une délégation représentant les grévistes, les collectifs de sans-papiers et le syndicat CNT-SO partent donc négocier la régularisation de tous les travailleurs sans papier sur le chantier. Régulièrement au cours de la journée, la délégation a pu informer l’assemblée des travailleurs grévistes sans papiers et de leurs soutiens de l’évolution des échanges.
Lorsque l’on apprend que la victoire est à portée de main et que les revendications de régularisation des grévistes étaient en voie d’être acceptées, une vague d’enthousiasme déterminé gagne l’assemblée qui propose d’étendre l’accord à tous les sans-papiers quel que soit leur secteur d’activité. S’ensuit de vives discussions entre la délégation et les travailleurs, dont une majorité envisage de rester occuper le chantier toute la nuit. Les propositions qui étaient fait aux grévistes dépassent désormais la teneur de leur revendications initiales : la réintégration des travailleurs sans papiers qui ont été licenciés par les sous-traitants, la régularisation des grévistes et de tout les travailleurs sans papiers qui ont été employés par ces sous-traitants dans les 3 mois passés et les trois mois après. Il ne leur reste plus qu’à négocier d’être reçus par le ministère du travail pour faire valoir l’opposition à la loi Darmanin et obtenir la régularisation de tout les sans papiers de tout secteur d’activité !
Lorsque la confirmation arrive qu’une trentaine de piquets de grève de sans papiers tient au même moment en Île-de-France à l’initiative de la CGT, l’idée de rester sur ce chantier des plus symboliques pour obtenir la régularisation de tous se fait de plus en plus tentante.
À l’extérieur, quelques centaine de personnes se sont peu à peu retrouvées devant les grilles du chantier, pour apporter de la nourriture aux occupants, manifester leur soutien en chantant et dansant et en mettant la pression à l’entreprise dont les agents de sécurité, tout en manifestant leur destin commun avec les sans-papiers, ayant eux-mêmes lutté pour être régularisés, ont bien cru à un moment que le portail d’entrée allait céder. À l’intérieur, la fatigue se fait sentir chez nombre d’occupants, étant des travailleurs de nuit et n’ayant pas dormi pour participer à l’occupation.
Vers 21h, toutes les revendications initiales étaient acceptées et signées, et devant cette première victoire, pour tenir compte de la fatigue et se ménager avant de reprendre la lutte, l’assemblée décide de mettre fin à l’occupation. C’est en cortège que tous les occupant·es sont sortis, sous les acclamations des soutiens à l’extérieure. Et toustes de reprendre en choeur : « Des papiers ! Pour qui ? Pour tous ! ».
Aujourd’hui c’est la régularisation des travailleurs grévistes mais aussi de tout les sans-papiers qui ont travaillé durant les trois derniers mois pour les 3 sous-traitants concernés en Île-de-France, (ainsi que la réintégration de ceux qui ont été licenciés), et la mise en relation d’une délégation avec le ministère du travail pour s’opposer à la loi Darmanin et exiger la régularisation de tout les sans papiers vivant sur le territoire français qui ont été obtenus. Mais également un chantier des JO, déjà très en retard sur le calendrier de construction qui a été mis à l’arrêt pendant une journée.
Pas de papiers, pas de chantiers, pas de JO !
rappel
Les immigrés arrêtent les J. O. !
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/10/18/les-immigres-arretent-les-j-o/#more-75419
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