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Éducation

Projet de loi à propos de la gratuité scolaire - Une brèche inacceptable pour l'école publique (FAE)

MONTRÉAL, le 7 juin 2019 - Alors que le premier ministre, François Legault, promettait un redressement national en éducation lors de son inauguration, son gouvernement vient d’adopter le projet de loi no 12, qui permettra d’exiger des parents des contributions financières pour les projets pédagogiques particuliers. Il s’agit d’une brèche inacceptable pour l’école publique, puisqu’ainsi, le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, consacre l’école à trois vitesses : l’école privée, qui sélectionne ses élèves et qui est financée à 70 % par des fonds publics ; les projets pédagogiques particuliers, pour lesquels des frais pourraient être chargés, qui demeureront aussi sélectifs que l’école privée ; et la classe « ordinaire ».

« L’adoption de cette non-gratuité pour l’école publique s’inscrit dans une vision marchande et néolibérale adoptée par tous les gouvernements qui se sont succédé depuis la réforme des années 2000. Cette nouvelle loi comporte de lourdes conséquences pour notre système d’éducation. Comme les autres avant lui, le gouvernement de François Legault consacre, avec ce projet de loi, la non-mixité scolaire et sociale. Il nous éloigne de plus en plus des idéaux du père de l’éducation publique au Québec, Paul Gérin-Lajoie, et du Rapport Parent qui souhaitait une école commune où tous les élèves auraient des chances égales dans leur parcours scolaire. Nous aurions souhaité que le gouvernement de François Legault fasse mieux et plus pour l’ensemble des élèves du Québec, jeunes et adultes, issus de milieux défavorisés ou non », a déclaré Nathalie Morel, vice-présidente à la vie professionnelle de la FAE.

En effet, avec cette nouvelle loi, le ministre de l’Éducation contribuera à accentuer les inégalités sociales et économiques des jeunes du Québec. La FAE rappelle que, de 2002 à 2013, le nombre d’élèves du secondaire inscrits dans un projet pédagogique particulier est passé de 14,4 % à 17,2 %, selon le Conseil supérieur de l’éducation, et le phénomène semble gagner de l’ampleur au primaire. De plus, peu importe le niveau scolaire, les frais demandés aux parents atteignent régulièrement plusieurs centaines, voire des milliers de dollars. Sachant qu’en 2015, 71,4 % des contribuables québécois avaient un revenu annuel inférieur à 50 000 $, dont 34,2 % est inférieur à 20 000 $, il est facile de comprendre que de tels frais sont loin d’être à la portée de toutes les bourses. Enfin, la classe ordinaire est souvent composée d’une population scolaire combinant plusieurs facteurs de risque socioéconomiques, en plus d’une haute concentration d’élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation et d’apprentissage (EHDAA) pratiquement exclus des écoles privées : ce seront eux qui feront le plus les frais du projet de loi no 12.

« Il revient pourtant à l’État de garantir le maintien, l’accessibilité, l’universalité et la gratuité des services publics sans aucune concession aux intérêts privés et marchands. En adoptant cette nouvelle loi, non seulement le gouvernement faillit à ses obligations, mais il manque un moment historique en n’incluant pas les projets pédagogiques particuliers dans la loi sur la gratuité scolaire », a conclu madame Morel.

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