Texte reçu le 7 mars 2006
Ce qu’on entend ces jours-ci : « C’est bien ce nouveau parti de gauche, Québec solidaire, mais c’est dommage pour le projet indépendantiste car cela divisera le vote et nous laisserons une fois de plus passer les Libéraux honnis ».
À y regarder de près, cette confrontation dernièrement apparue n’est-elle pas elle-même le reflet dans le monde politique d’une division qui existe déjà dans la société québécoise ? Et n’était-elle pas inévitable compte tenu du peu de cas que le PQ, tout comme les Libéraux et l’ADQ, font, sinon pour en endiguer l’influence, du mouvement ouvrier québécois ?
La contradiction qui oppose désormais le PQ à Québec solidaire, Boisclair ayant catégoriquement tranché que le PQ est la SEULE formation politique pouvant faire progresser le projet indépendantiste, cette nouvelle source de chicanes politiques n’est-elle pas une conséquence logique des divergences, malgré tout créatrices, dans les débats démocratiques parmi les différentes couches de la société québécoise elle-même ?
On n’aspire pas à la souveraineté de la même manière selon que l’on habite un quartier pauvre de Montréal, selon que l’on voit son usine fermer ou selon que ses études ont été un motif d’endettement hypothéquant son avenir, ou bien encore, selon que l’on est une femme ou un homme. Le choix n’est pas le même si la vie vous est facilitée par la capacité que vous avez d’imposer aux Québécois et Québécoises un régime salarial condamnant à l’appauvrissement presque inévitable ou à un nivellement par le bas de vos conditions de vie.
Alors, cette « division du vote » ne sera que l’expression du choix que l’on donne ou non au peuple québécois de mieux maîtriser son destin.
Cette division entre la gauche et la droite, entre le néolibéralisme et une conception progressiste de l’économie, correspond à la maturation de contradictions qui s’aiguisent. Elle n’est pas le résultat d’une volonté machiavélique ou opportuniste d’entraver le progrès jusqu’à l’indépendance, mais un aboutissement raisonnable du processus d’émancipation continu du peuple québécois, particulièrement de ses couches populaires. Et elle sera solidaire, ... « parce que ça marche » la solidarité !
