Édition du 23 avril 2024

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Féminisme

Contre le masculinisme : petit guide d’autodéfense intellectuelle

Un petit guide intéressant contre le masculinisme vient de paraître. C’est 153 pages d’argumentation féministe pour en finir avec cette idéologie machiste. Et même si le livre traite de la situation française, ici au Québec nous sommes loin d’être dépaysé lors de la lecture.

Le livre se divise en quatre parties : Le masculinisme qu’est-ce que c’est ? Que cache la cause des pères ? Hommes battus, femmes violentes ? Des hommes en crise ?

Le masculinisme est d’emblée défini comme ;
« Cette idéologie diffuse est portée par des hommes (mais aussi par des femmes), parfois très bien organisés, parfois violents, hostiles à l’émancipation réelle des femmes et souhaitant conserver leur privilèges et leur position de pouvoir au sein de la société. » p. 16

C’est donc une idéologie réactionnaire qui se développe en France, qui est portée par différents groupes organisés et par des chercheurs français mais aussi québécois.

Après cette définition, le chapitre 2 argumente contre l’élément massue s’attirant le plus de sympathie pour les masculinistes : celui de la cause des pères. La litanie de ces hommes prend différents propos, tous avancés au nom de l’égalité homme-femme. En voici quelques ’uns. Les droits des pères doivent être reconnus. La garde partagée doit être généralisée. Les pères doivent aussi avoir droit de regard sur la fécondité des femmes vu leur rôle dans la procréation. Il faut en finir avec le matriarcat qui empêche les hommes de jouer leur rôle auprès des enfants etc…Le petit guide expose ces croyances masculinistes en détails et répond en fonction de la situation réelle d’oppression des femmes. La garde partagée même si elle pose l’égalité des rôles revient dans les faits à souvent alourdir les tâches des femmes. Car, en plus de faire sa part de travail ménager, de soins aux enfants, souvent il faut qu’elle supervise la part du conjoint. La garde partagée n’est pas si demandée que cela (les hommes n’étant pas si prêts que ça à sacrifier leur carrière pour les soins aux enfants)et souvent l’entente entre parents se fait à l’amiable. La garde partagée pose aussi des problématiques graves dans les cas de violence conjugale. C’est l’impossible rupture qui devient répétition car il faut gérer les soins hebdomadairement avec le père. La garde partagée pose aussi le questionnement de la pension alimentaire. À partage égal, pas de pension. Mais dans les faits les femmes gagnent moins que les hommes alors ce sont elles qui vivent les impacts financiers du partage des enfants. Enfin en posant leur droit de regard sur la fécondité des femmes, les hommes veulent s’assurer le contrôle sur le corps des femmes.

Le chapitre 3 aborde la notion de violence. Pour les masculinistes, nos sociétés cachent la réalité de la violence des femmes envers les hommes. Les hommes n’osent pas dénoncer leur femme et vive ce traumatisme dans l’isolement total. La violence des femmes serait plus psychologique et pousserait au suicide des hommes en détresse. Mais voici ce que le petit guide répond :

« Les hommes connaissent le langage de la violence et s’il leur arrive, assez fréquemment, d’être victimes de violences, celles-ci sont, dans l’immense majorité des cas, exercées par d’autres hommes.
(...)
Non pas parce qu’ils sont disposés génétiquement à se battre, mais parce que la société, organisée par et pour les hommes, les y encourage. Quand les hommes sont victimes de violence, inutile donc de chercher une ou des femmes. En regardant autour, on trouvera plutôt d’autres hommes. Lorsque les masculinistes veulent nous apitoyer sur les hommes victimes de violences, c’est pour mieux s’attaquer aux femmes qu’ils jugent responsables de leur malheur. S’ils avaient vraiment à cœur de lutter contre les causes et les effets des violences que les hommes subissent ou même s’infligent, il faudrait qu’ils s’en prennent d’abord aux valeurs véhiculées par le patriarcat, ainsi qu’au modèle traditionnel de la masculinité (virilisme, honneur, culte de l’agressivité, esprit de compétition, quête de la performance…) » p. 88-89

Enfin le dernier chapitre traite des hommes en crise de l’identité des hommes en fait. L’école est la cible première des masculinistes. Les hommes ne peuvent y développer leur identité d’homme. La société traditionnelle avec des rôles bien définie est appelée aussi au secours des hommes en détresse. Les hommes doivent se parler entre eux, se rencontrer entre eux. La non-mixité devient pour eux un élément de thérapie mais surtout des moments pour se victimiser et se plaindre mais surtout pour ne pas remettre en cause leurs privilèges dus à leur domination. Les réponses des féministes sont claires. Tout cela ne sert que les intérêts des hommes :

« Symétrisation des souffrances des hommes et des femmes, relativisation de la domination et des violences masculines, victimisation des hommes et retournement des analyses féministes pour servir l’intérêt des hommes. Etc. »p. 143

Pour conclure, je ne peux donc que vous conseillez de lire ce petit livre argumentaire contre le masculinisme. Vous y trouverez sûrement des idées à partager dans vos discussions avec vos amis les plus aguérris au débat.

Chloé Matte Gagné

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