Édition du 23 avril 2024

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Guatémala

*L’ex-dictateur Rios Montt trouvé coupable de génocide et de crimes contre l’humanité :

Un pas vers l’avant dans la lutte pour la justice pour les victimes de génocide et de crimes contre l’humanité au Guatemala

MONTRÉAL, le 10 mai 2013. Le procès historique contre l’ex-dictateur et
général Efraín Rios Montt et pour génocide et crimes contre l’humanité
contre des populations mayas s’est finalement terminé par un jugement de
culpabilité aujourd’hui à 16h, heure locale de Guatemala.

Le procès contre Rios Montt et Rodriguez Sanchez, dont les audiences ont débuté le 19 mars dernier, a donné la tribune à plus de 60 experts et à près d’une centaine de témoins d’origine maya Ixil ayant survécu aux exactions commises durant le règne de l’ex-dictateur, dont 94 ont signalé qu’au moins un membre de leur famille fut assassiné par les forces armées. Rappelons qu’Efraín Rios Montt a été à la tête d’un gouvernement militaire pendant un peu plus d’un an entre 1982 et 1983, période qualifiée comme la plus meurtrière du conflit armé interne qui a sévi au Guatemala de 1960 à 1996. Celui-ci a bénéficié jusqu’en 2012 d’une immunité comme membre du Congrès. Pour sa part, Mauricio Rodriguez Sanchez agissait comme chef de l’intelligence militaire durant la même
époque. Le procès concerne des actes perpétrés dans la région Ixil
(département du Quiche) en 1982 et 1983.

La lutte pour la justice et la réparation des victimes de génocide et de crimes contre l’humanité a été semée d’embûches pendant plus de 30 ans.
« Le procès lui-même a reçu des dizaines d’obstacles de la part des
avocats de la défense, qui cherchaient à invalider le procès », dit
Marie-Dominik Langlois, coordonnatrice du Projet Accompagnement
Québec-Guatemala (PAQG).

Le tribunal a donné l’absolution complète à Rodriguez Sanchez des
accusations portées contre lui, arguant qu’il n’entrait pas dans ses
fonctions de donner des ordres.

Dans un jugement historique, le tribunal dirigé par la juge Barrios a
condamné Rios Montt à 50 années en prison pour génocide et 30 ans
supplémentaires pour crimes contre l’humanité, pour un total de 80 ans fermes, sans possibilité de sortie et prenant effet immédiatement. Il s’agit de la première fois de l’histoire de l’Amérique latine qu’un ancien chef d’État est trouvé coupable de génocide dans un tribunal national.

« Il s’agit d’une incroyable victoire pour les survivants du génocide,
surtout dans un pays où les taux d’impunité pour de simples homicides demeure au dessus de 90%. Depuis le dépôt de la plainte, il y a douze ans, ils ont couru de grands risques. C’est un immense honneur qu’ils nous ont fait en sollicitant notre accompagnement", dit Etienne Roy-Grégoire, membre du conseil d’administration du PAQG.

« Le procès pour génocide du général Rios Montt en Guatemala a suscité en moi un très grand espoir de voir finalement fonctionner la justice dans mon pays. Le plus grand génocidaire du peuple maya doit payer pour ses crimes. C’est le temps enfin que l’histoire du Guatemala soit écrite non pas avec du sang mais avec dignité et justice pour toutes et tous.
Les victimes et leurs familles doivent recevoir réparations pour leurs
souffrances. Un peuple sans justice, c’est un peuple sans Paix. »,
affirme Lesvia Vela, guide spirituelle maya résidant à Montréal et
membre du PAQG.

Le tribunal se réunira lundi le 13 mai pour discuter des réparations aux victimes.

Le Projet Accompagnement Québec-Guatemala (PAQG) accompagne les victimes du conflit armé depuis plusieurs années dans leur lutte pour la justice et la réparation. Le PAQG, préoccupé par les récents événements, surveille de près les développements du procès et est d’avis que celui-ci doit continuer pour mettre fin à l’impunité et pour que le pays atteigne une paix véritable.

Source :

Marie-Dominik Langlois, coordonnatrice
Projet Accompagnement Québec-Guatemala

Marie-Dominik Langlois

Doctorante en sociologie, University d’Ottawa. Marie-Dominik Langlois travaille pour le Groupe de recherche interdisciplinaire sur les territoires de l’extractivisme (GRITE) à l’Université d’Ottawa. Elle a également agi en tant que coordonnatrice dans différentes organisations de droits humains pour l’Amérique latine ou sur les enjeux extractifs de 2005 à 2013, soit le Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL), le Réseau canadien pour la reddition de comptes des entreprises (CNCA-RCRCE), le Syndicat des Métallos, le Réseau œcuménique Justice et Paix (ROJeP) et le Projet Accompagnement Québec-Guatemala. Elle est membre bénévole du CDHAL et du PAQG, avec lesquels elle collabore sporadiquement. Sa recherche doctorale a reçu le financement du Fonds de recherche du Québec société et culture (FRQSC) (2016-2017) et du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) (2017-2020).

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