Édition du 30 avril 2024

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Environnement

ONÉ : cachez ce scandale que je ne saurai voir

Mais où s’en va donc l’ONÉ ? L’Office national de l’énergie, supposé se comporter comme un tribunal quasi-indépendant, semble plus préoccupé par les intérêts de la pétrolière TransCanada et son projet d’oléoduc Énergie Est que par ceux du public.

Tiré du site de Greenpeace Canada.

C’est en tout cas ce qui ressort de ses communications depuis les révélations explosives faites par le National Observer le 7 juillet sur une rencontre secrète qui a eu lieu en janvier 2015 impliquant des représentants de l’ONÉ, dont le président de l’Office en personne, Peter Watson, deux des trois commissaires chargés d’évaluer Énergie Est, et l’ex-premier ministre Jean Charest, alors que ce dernier agissait comme consultant pour TransCanada.

Vous êtes indignés par l’affaire Charest et voulez dénoncer la crédibilité de l’ONÉ, rejoignez-nous ce lundi 29 août à 8h15 à Montréal, pour affirmer haut et fort NON À #ÉnergieEst.

Dans un geste visiblement désespéré, l’ONÉ dénonce d’abord un coup de bluff, niant en bloc qu’il ait été question d’Énergie Est lors de cette rencontre. Un mois plus tard, le National Observer publie une copie de courriels échangés entre les responsables concernés confirmant non seulement la tenue de cette réunion, mais aussi le fait que les discussions portaient principalement sur le projet d’oléoduc controversé de la pétrolière albertaine.

Pris dans l’embarras, l’ONÉ décide de revenir sur son démenti pour s’excuser en plaidant… une erreur de « bonne foi ». Côté fédéral, le mutisme est de rigueur. La ministre de l’Environnement et des changements climatiques, Catherine McKenna, a refusé de commenter le scandale, se contentant de plaider que les Canadiens devraient avoir « confiance » en leurs institutions.

Et c’est tout ! Aucune sanction en vue, aucune démission prévue, et les consultations sur le projet de TransCanada se poursuivent comme si de rien n’était. Business as usual, comme diraient nos voisins anglophones.

Mais le fiasco est loin d’être fini. L’ONÉ, qui organise des audiences à Montréal et à Québec à partir du 29 août, vient d’informer la population québécoise, ainsi que les communautés et individus directement touchés par la construction cet oléoduc, que « l’Office n’entendra aucun exposé oral à ce sujet pendant la séance du comité ».

En d’autres termes, l’ONÉ dit : Oui, nous avons induit la population en erreur ; Oui, notre président et nos commissaires ont parlé d’Énergie Est avec le promoteur du projet en dehors du cadre des audiences ; Oui, nous allons continuer comme si de rien n’était ; Non, nous ne répondrons pas à vos questions sur cette affaire même si le pipeline va passer à deux pas de chez vous, Non vous pouvez pas parler de l’affaire Charest… Et la Ministre McKenna d’ajouter : Faites-leur confiance ! Ils sont là pour vous !
Je ne sais pas pour vous, mais Greenpeace, ainsi que d’autres groupes citoyens et environnementaux, des syndicats et plusieurs autres trouvent cette situation inacceptable et comptent bien faire entendre leur voix ! Vous êtes indignés par l’affaire Charest et voulez dénoncer la crédibilité de l’ONÉ, rejoignez-nous ce lundi 29 août à 8h00 à Montréal, pour affirmer haut et fort NON À #ÉnergieEst.

S’il va de l’avant, le pipeline transporterait du pétrole issu des sables bitumineux de l’Ouest du Canada vers l’Est du pays à des fins d’exportation. Le projet implique la conversion d’un gazoduc de 3000 km et vieux de 40 ans à certains endroits en un oléoduc, en plus de la construction d’un nouveau, long de 1600 km, qui traversera le Québec jusqu’au Nouveau-Brunswick. Ce nouvel oléoduc aboutirait à un terminal maritime à Saint John dans la Baie de Fundy.

L’Histoire le démontre bien, la politique de l’autruche n’a jamais permis de sauver quiconque et ce n’est pas l’ONÉ qui s’en sortira indemne. Pas cette fois.

Le Premier ministre Justin Trudeau a déjà promis de réformer le processus l’ONÉ et le processus d’évaluation pour plus de transparence, de crédibilité et d’impartialité tout en soulignant la nécessité de l’acceptabilité sociale pour la mise en œuvre de projet comme celui de TransCanada.

Presque un an est passé depuis ces promesses, le temps est désormais aux actes !

Rania Massoud

Blogueuse pour Greenpeace Canada.

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