Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Québec solidaire

Congrès de Convergence nationale

Discours d'Andres Fontecilla

Président et co porte-parole de Québec solidaire

Cette fin de semaine, Québec solidaire a décidé de se présenter avec une délégation officielle parce que nous souhaitions exprimer les propositions que portent notre parti dans le débat sur l’accession à l’indépendance du Québec. Nous souhaitions aussi miser sur ce qui nous rassemble.

Bonjour à toutes et tous,

Tout d’abord, c’est un honneur pour moi de m’adresser à toutes les femmes et les hommes qui sont présents cette fin de semaine et qui ont à cœur de faire du Québec un pays. J’en profite aussi pour saluer mes collègues des autres partis ici présents.

J’aimerais remercier les organisatrices et aux organisateurs de Convergence nationale qui ont permis à différentes sensibilités souverainistes de s’exprimer. C’est toujours important de se parler, particulièrement d’indépendance.

Cette fin de semaine, Québec solidaire a décidé de se présenter avec une délégation officielle parce que nous souhaitions exprimer les propositions que portent notre parti dans le débat sur l’accession à l’indépendance du Québec. Nous souhaitions aussi miser sur ce qui nous rassemble. Je vois deux choses essentielles : une stratégie basée sur la souveraineté populaire, indépendante des partis politiques et la mise sur pied d’un mode de scrutin proportionnel qu’Option nationale et nous-même portons sans détours pour des raisons sur lesquelles je reviendrai.

Cela fait bien longtemps que nous avons fait le constat que la stratégie référendaire classique ne pouvait constituer à elle seule la solution. Pour nous, il est essentiel d’associer le projet de pays à un projet de société, de lui donner un contenu social. On a beaucoup entendu les représentantes et représentants des mouvements sociaux et de la société civile en parler en fin de semaine. C’est vers cette stratégie que nous devons nous en aller pour donner le gout du pays et réunir ces fameuses conditions gagnantes.

Vous l’avez sans doute lu, mon collègue et ami, Amir Khadir, a rappelé sur son blogue que si on souhaite faire l’indépendance, le processus pour y arriver doit être un projet inclusif et démocratique. Il faut donc baser la future stratégie sur la souveraineté populaire. Il a fait un parallèle intéressant avec un pays qu’on connait peu, l’Équateur, où un processus d’Assemblée constituante a été mis sur pied. Il y a des enseignements à tirer sur la force du mouvement populaire qui existe là-bas. Ce qui s’est passé en Islande et qui est trop peu connu doit aussi nous interpeller.

Plus près de chez nous, l’extraordinaire effervescence du « printemps québécois » en 2012 tout comme le soulèvement citoyen dans la vallée du St-Laurent contre l’exploitation des gaz de schiste en 2010 nous ont montré que les pratiques démocratiques de mobilisation populaire fondée sur des assemblées, discussions de cuisine, manifestations et débats publics suscitent une adhésion croissante de la population à une idée phare qui semblait peu répandue au départ. La lutte pour l’indépendance nationale ne pourra retrouver la pleine force de son potentiel social mobilisateur qu’en se liant à un large processus démocratique, sollicitant une large participation de la base. La stratégie et les objectifs d’accession à l’indépendance doivent être définis et reposer sur cette participation.

L’Assemblée constituante est le moyen par lequel le peuple québécois pourra librement reprendre en main son destin, en toute autonomie des pressions de l’Assemblée nationale, des oligarchies médiatiques et des milieux d’affaires qui défendent le statu quo. L’indépendance ne découlera pas du jeu de la classe politique, même si celle-ci est appuyée par une campagne de marketing ou un Sommet de deux jours représentant des intérêts limités.

C’est du pouvoir citoyen, élu au suffrage universel pour représenter la pluralité de la société québécoise (équilibre hommes/femmes, communautés historiques, diversité des milieux socioéconomiques et culturels), que devra émerger un projet de pays rassembleur, capable de donner l’impulsion du changement et le goût de la liberté. Ce pouvoir citoyen, investi des moyens et des pouvoirs conférés par l’institution de l’Assemblée constituante, représente en plus un rapport de force insoupçonné, d’une ampleur qui a échappé au mouvement souverainiste depuis les 15 dernières années – depuis la Commission itinérante de 1995 et de ses partenaires de la souveraineté.
Dans ce contexte, permettez-moi un mot sur les nouveaux arrivants-es et ces néoquébécois que nous devrons convaincre. Ils et elles constituent un enjeu majeur si on souhaite faire du Québec un pays. Je n’ai pas l’impression qu’ils ont été nombreux cette fin de semaine. Il faut y remédier.

Dans notre stratégie, il faudra qu’ils aient toute leur place, qu’ils deviennent les pères fondateurs du nouveau pays. Pour les convaincre, on ne pourra le faire qu’en les associant à un projet qui changera leur vie. L’indépendance à tout prix sans projet qui lui est associé ne les convaincra pas.

Un mot enfin sur les alliances. J’ai beaucoup entendu que mon parti était la cause de la division du vote. Il ne l’est pas plus que l’est ON ou le PQ. Il faut arrêter cette guerre de clochers. Le mouvement souverainiste est diversifié et l’expression de ces différentes voix m’apparait être l’expression de la démocratie. C’est une réalité qui est là pour rester. Pour aller plus loin, on doit vraiment changer de mode de scrutin.

Je pense que, pour respecter l’identité et la place de chacun des partis souverainistes, il faut défendre l’urgence de mettre sur pied un mode de scrutin proportionnel. Je l’ai beaucoup entendu en fin de semaine. Ce geste politique est le seul qui pourrait jeter les bases de futures collaborations. Convergence pourrait lancer une vaste campagne pour qu’on y arrive.

À travers une campagne nationale pour un mode de scrutin proportionnel, on pourrait mettre en commun les citoyens et citoyennes indépendantistes. Nous croyons beaucoup que l’unité se construit dans l’action. Je me souviens quand Madame Lapointe, Monsieur Aussant et Monsieur Curzi travaillaient ensemble avec Amir Khadir et notre équipe parlementaire à Québec, ça produisait des contenus intéressants : sur PharmaQuébec ou sur l’Accord de libre-échange. On doit continuer à travailler sur certains dossiers et le mode de scrutin en est un exemple.

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