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États-Unis

Le visage de la solidarité : 100 syndicats aident les résident-e-s de Flint (Michigan)

Brandon Weber, webmestre du Progressive magazine, 16 mars 2016.

Les autorités de l’État du Michigan et le conseil de ville de Flint ont décidé, il y a quelques années, pour faire des économies, de puiser l’eau courante de la ville dans la rivière Flint sans faire de tests préalables. Elle s’est avérée lourdement polluée au plomb. La santé de la population, principalement les enfants et les femmes enceintes, est gravement affectée. N.d.t.

Traduction, Alexandra Cyr

Des syndiqués-es de partout au « mid-ouest » ont donné de leur temps, de l’eau, de l’argent pour aider les résidents-es de Flint au Michigan à passer à travers la grave crise qui touche leur eau potable encore aujourd’hui.

Des pompiers, des électriciens, des infirmiers-ères, des enseignants-es, les routiers, des plombiers, et des fonctionnaires ont travaillé pour donner de l’aide et un sens d’humanité dans une situation qui franchement manque des deux. Beaucoup sont venus-es de l’Ohio, de la Pennsylvanie, de l’Illinois, de New-York ainsi que de partout à travers le Michigan pour donner le coup de main nécessaire comme l’installation de filtres pour l’eau. Tout cela bénévolement.

M. Jeff Peake organisateur pour le local 370 a déclaré : « Beaucoup de nos membres vivent ici. Nous avons la responsabilité de rendre quelque chose à la communauté ».

Cette population vit des temps difficiles depuis des décennies. Le déménagement des usines d’automobiles vers des endroits comme le Mexique a été un premier grand choc. Ce fut la disparition d’emplois syndiqués qui s’est ajoutée aux dommages faits par la Grande récession (de 2008). Cette ville qui a déjà compté 200,000 habitants n’en a plus qu’environ la moitié aujourd’hui. 40% vivent tout juste au seuil de la pauvreté ou en-dessous.

Dans un article de The Grio, une résidente de Flint décrit les changements qu’elle a pu observer. Lynntoia Webster, trente trois ans déclare : « C’était un endroit merveilleux où grandir. Mais au fil du temps, j’ai vu beaucoup de changements. Lorsque j’étais en 9ième et 10ième année, j’ai pu voir notre économie changer. Des membres de ma famille étaient mis à pied dans l’industrie de l’auto. C’est à ce moment là que c’est devenu un « pas si merveilleux endroit où vivre ».

Récemment, les habitants de Flint ont appris que General Motors avait repris son adduction d’eau dans la rivière Détroit depuis quelques mois. L’eau de la Flint, où elle s’était approvisionnée antérieurement, dégradait les machines d’une de ses usines ; elle les rouillait. L’inquiétante histoire se poursuit. Il est évident que la population de Flint a subi tout un coup pendant que les dirigeants-es du milieu des affaires et les élus-es de l’État regardaient ailleurs.

Beaucoup de choses restent à faire à Flint pour que la sécurité revienne : par exemple, remplacer tous les tuyaux corrodés entre les prises de la ville et les maisons. Mais les choses avancent grâce en bonne partie à l’aide d’organisations comme Flint Rising qui dirige les efforts de la population qui exige du changement.

M. Ed Schroeder, secrétaire trésorier du local 300 de l’Union des travailleurs de l’auto à Flint, a organisé une collecte de fonds et d’eau embouteillée dans son syndicat. Il a exprimé les sentiments que ressentent beaucoup de ses membres qui y ont participé : « Ce sont des syndiqués-es qui aident une communauté qui en a franchement besoin. Ces gens doivent prendre leur bain dans de l’eau embouteillée, ne peuvent utiliser l’eau courante pour les nécessités de base parce que la ville et le gouvernement de l’État ont failli (à leurs responsabilités). Ils ont besoin d’une vrai réponse pas d’une autre proposition politicienne qui ne rime à rien ».

La situation de Flint n’est pas unique. On la retrouve dans d’autres villes.
Les syndicats regroupent maintenant 11,3% de la totalité de la force de travail (aux États-Unis) et seulement 7% dans le secteur privé. Une part de cette situation est imputable à l’ALÉNA dont l’implantation a causé la perte d’au moins 700,000 emplois, délocalisés au Mexique. Certaines estimations parlent de plus d’un million. Le Michigan est l’État le plus affecté avec 43,000 pertes d’emplois mais d’autres projections arrivent à 800,000 entre 2000 et 2009.

La solidarité des syndiqués-es avec des communautés qui en ont besoin, comme c’est le cas à Flint, peut avoir un plus grand impact, comme faire reculer les préjugés contre les syndicats. C’est particulièrement important au Michigan et au Wisconsin où des lois dites « du droit au travail » et d’autres mesures du genre ont considérablement affaibli la classe ouvrière et consolidé les perceptions négatives envers les syndicats. En plus, les gouverneurs de droite y ont encouragé les attaques contre les travailleurs-euses alors qu’ils faisaient la promotion des « traités de libres marchés » en particulier le Traité trans pacifique (TTP) de libre échange qui a bénéficié d’une adoption rapide au Congrès même si une sérieuse opposition s’y est exprimée.

Les syndiqués-es en ont par-dessus la tête de ces ententes qui font disparaitre les emplois ; assez également des deux principaux partis qui n’ont pas tenu compte des préoccupations des travailleurs-euses et qui ont mené à la montée de Bernie Sanders et de Donald Trump. Mais Mme Clinton a été obligée de modérer son discours en faveur du TTP et d’autres enjeux. C’est un débat majeur en cette année électorale. C’est en partie dû à l’action de travailleurs-euses qui s’unissent pour s’aider les uns les autres dans des situations comme celles de Flint.

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