« Nous avons décidé de ne pas participer à l’occupation et à l’oppression du peuple palestinien », déclarent 63 jeunes israéliens dans une lettre ouverte adressée au Premier Ministre Benjamin Netanyahu, au chef du personnel militaire Gadi Eisenkot et aux ministres de la défense et de l’éducation, publiée jeudi 28 décembre dans le quotidien Haaretz (ICI]. « La situation ‘temporaire’ traîne depuis 50 ans, et nous ne voulons pas lui donner un coup de main. »

« L’armée poursuit la politique raciste du gouvernement, qui viole les droits humains fondamentaux et met en oeuvre une législation pour les Israéliens et une autre pour les Palestiniens sur le même territoire », écrivent les 63 refuzniks qui dénoncent « la provocation intentionnelle et institutionnelle contre les Palestiniens des deux côtés de la Ligne verte », en référence à la ligne de l’armistice de 1949 qui sépare Israël de la Cisjordanie, « et nous – des garçons et des filles en âge de faire leur service militaire, venant de différentes régions du pays et de différents milieux socio-économiques – refusons de croire à ce système de provocation et de participer au bras armé d’oppression et d’occupation du gouvernement. »

« Nous refusons d’être enrôlés et de servir dans l’armée de par notre devoir envers les valeurs de la paix, de la justice et de l’égalité, sachant qu’il existe une autre réalité que nous pourrions créer ensemble. » Dans leur adresse, les 63 signataires annoncent leur intention de parcourir le pays afin de trouver de nouvelles recrues pour leur initiative et appellent les jeunes israéliens à remettre en cause leur enrôlement : « Nous appelons les filles de notre âge à se demander si le service militaire travaillera à atteindre cette réalité. »

Parmi ses signataires se trouve Matan Helman, 20 ans, mis en prison en décembre à cause de son refus d’être enrôlé dans l’armée : « Dans le passé, il y a eu beaucoup d’injustice sociale qui était légale. L’Holocauste en Europe, l’Apartheid en Afrique du Sud, l’esclavage aux États-Unis sont tous des exemples d’injustice légale. Une loi exigeant l’enrôlement dans une armée qui oppose toute une population n’est pas une loi éthique et je ne ressens pas l’obligation d’y obéir. J’ai parlé avec d’anciens objecteurs des conditions de vie en prison, et j’essaie de m’habituer à l’idée d’y vivre. » (Lire l’intégralité de la lettre de Matan Helman ICI)

Début décembre, le ministère de l’éducation et les forces de défense israéliennes ont annoncé qu’ils travaillaient sur un projet pour augmenter le nombre d’appelés recrutés pour le combat. Actuellement les taux de recrutement s’affaissent et le taux de décrochage dépasse les 7 000 soldats (hommes et femmes) chaque année.

L’annonce des 63 refuzniks israéliens intervient au moment où la jeune militante palestinienne, Tahed Tamimi, 16 ans, emprisonnée depuis le 19 décembre, attend d’être jugée par un tribunal militaire ce lundi 1er janvier. Elle risque 7 ans de prison pour avoir giflé un soldat israélien (lire l’article sur ce blog, « Quand une adolescente palestinienne rend fou de rage lsraël », ICI).

Jean Pierre Anselme, publié sur son blogue.

https://blogs.mediapart.fr/jean-pierre-anselme/blog/301217/nous-ne-participerons-pas-loccupation