Édition du 10 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Violence policière

Pratiques discriminatoires du SPVQ sous l’oeil complaisant du maire Marchand

Québec, 1er octobre 2024. Des groupes communautaires et sociaux, inquiets de la répression policière et du profilage exercés par le SPVQ, ont tenu une conférence de presse pour dénoncer la situation. En effet, des témoignages de plus en plus nombreux s’accumulent de la part des organisateurs-rices de manifestation sur les pratiques d’intimidation du SPVQ à leur égard. Les groupes s’inquiètent qu’aucune action n’a été entreprise par l’administration Marchand suite à l’étude sortie en janvier qui faisait état de l’augmentation importante du nombre de constats d’infractions remis par le SPVQ aux personnes en situation d’itinérance. À cela s’ajoutent des chiffres obtenus par une source journalistique illustrant l’ampleur des interpellations aléatoires du SPVQ ciblant les personnes racisées.

Profilage racial

Des chiffres récemment obtenus sur l’ampleur du profilage racial exercé par le SPVQ et qui seront prochainement dévoilés pourront surprendre plusieurs personnes. Mais ce n’est pas le cas de la LDL-section Québec qui, depuis plusieurs années, sonne l’alarme sur cette pratique et demande à la Ville de mener une enquête, ce qu’elle a toujours refusé. ‘’Cela fait plus de 5 ans que nous dénonçons le profilage racial pratiqué par le SPVQ. Les chiffres obtenus démontrent que nous avions raison et que le SPVQ avait tort lorsqu’il affirmait que c’était une question de « perception ». Ces données quantitatives corroborent d’ailleurs les résultats d’une enquête qualitative menée l’an passé et démontrant l’existence du profilage racial dans la Ville de Québec. Nous mettons maintenant au défi le SPVQ d’expliquer pourquoi les taux d’interpellation sont plus élevés pour les personnes noires, arabes et latinos dans la Ville de Québec’’ martèle Maxim Fortin de la Ligue des droits et libertés section Québec.

Profilage social

Depuis la sortie de l’étude sur l’augmentation alarmante de la judiciarisation des personnes en situation d’itinérance, rien ne nous permet d’affirmer que les pratiques du SPVQ ou de la Ville à leur égard ont changé. “ Si la possession de matériel de consommation, fourni par la santé publique rappelons le encore, fait l’objet de nombre de gestes répressifs contradictoires et contre-productifs, le simple usage de l’espace public par les personnes en situation d’itinérance fait l’objet d’une répression plus visible encore. La présence des personnes sans-abri et de leur matériel dans les lieux publics suscite nombre de plaintes retenues, d’interpellations non justifiées, de délocalisations et de constats d’infraction, force est de constater que l’usage de l’espace public représente un grand risque de gestes hostiles pour les personnes n’ayant pourtant pas d’autres options et cela est complètement aberrant. En coupant les subventions à plusieurs organismes et en stigmatisant ces gens, on brise le dernier lien avec des personnes qui ne demandent qu’un filet de sécurité sociale, tout en sabotant les efforts visant à favoriser la mixité sociale, “ soulève Ty Rousseau-Saucier, de Point de Repères.

Profilage politique

Les raisons de prendre la rue pour dénoncer les injustices ne manquent pas : attaques aux droits des locataires, attaques aux droits reproductifs, coupures dans les services publics ou destruction de l’environnement. Or, depuis plus d’un an, les groupes qui organisent des manifestations témoignent de désinformation, d’intimidation et de répression de la part du SPVQ. “ La police nous empêche de prendre la rue sous le prétexte fallacieux du nombre de personnes requis, exige que l’on change notre trajet pour pouvoir prendre la rue, demande de changer notre date ou nous presse de marcher plus vite ! La police devient partie prenante de l’organisation de nos manifestations et brime ainsi le droit de manifester. Et les témoignages que nous avons récoltés montrent que, lorsque les organisateur-rices sont des jeunes, des femmes ou des personnes racisées, la police se permet encore plus d’exiger des modifications ou de commenter nos revendications. Parfois, elle va même jusqu’à nous contrôler physiquement ! Nous avons fait état de ces agissements au maire sans aucune réponse de sa part. C’est frustrant ! “ dénonce Naélie Bouchard-Sylvain, du Regroupement d’éducation populaire en action communautaire des régions de Québec et de Chaudière-Appalaches (REPAC 03-12).

Profilage politique et raciale

“Au cours de la dernière année, les manifestations contre le génocide en Palestine dans la rue ont mis en lumière des pratiques de profilage politique et racial exercées par le Service de police de la Ville de Québec. Ces manifestations sont systématiquement accompagnées d’une forte présence policière, ce qui est particulièrement préoccupant pour les manifestant·es racisé·es, qui sont fréquemment ciblé·es par la violence policière. La police est également présente de manière disproportionnée lors de nos rassemblements statiques, qui se déroulent pourtant toujours sur le trottoir et n’entravent en rien la circulation. Cette présence excessive alimente l’idée fausse selon laquelle celles et ceux qui exigent la fin du génocide seraient dangereux ou criminels. Les actes de répression disproportionnée à l’encontre de personnes exerçant leur droit fondamental de manifester contre un génocide soulignent l’urgence d’un changement structurel profond “ Samia Bachire, de Palestine Quebec

Les groupes réunis en conférence de presse adressent trois revendications au maire Marchand :

 Que l’administration Marchand reconnaisse le profilage racial pratiqué par le SPVQ à l’égard des personnes racisées sur le territoire de la Ville de Québec et qu’elle mène une enquête statistique sur l’ethnicité des personnes interpellées et interceptées.

 Que l’administration Marchand reconnaisse le profilage social pratiqué par le SPVQ et s’engage à mettre fin à la judiciarisation des personnes en situation d’itinérance.

 Que l’administration Marchand veille au respect des droits de l’ensemble de la population de la ville, dont le droit à l’espace public et le droit de manifester, notamment en abrogeant le règlement 2817.

Les groupes communautaires prévoient poser des questions ce soir au conseil municipal et souhaitent un engagement clair et rapide de l’administration Marchand pour que cessent les pratiques coercitives et discriminatoires du SPVQ.

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