Voici donc ma réponse à ce texte publié dans le Devoir, écrite pendant que mon repas cuisait :
Ils ne sont pas beaucoup aujourd’hui, mais bientôt ils seront nombreux. L’histoire nous apprend qu’il suffit d’un petit noyau, réuni dans une taverne ou une brasserie, un peu trop d’alcool dans le sang, pour réaliser de gros dégâts. Faisons cesser cela avant qu’ils ne soient libres d’agir dans nos établissements d’enseignement, dans les rues, dans nos commerces ou à l’Assemblée nationale.
Déjà, on voit leurs méfaits aux États-Unis, mais aussi au Québec : ils posent des affiches et des autocollants, font des graffitis pour intimider des gens. Leur présence se fait sur internet, mais aussi dans les rues. Cette année, à Québec, on a subi les conséquences de la liberté que nous leur laissons d’agir comme bon leur semble, en allant à l’encontre de la démocratie, de la solidarité universelle et de l’égalité de droits. Un antifasciste s’est fait tabasser pour son idéologie, un concert a dû être déplacé après que le bar sensé l’héberger ait reçu de multiples menaces venant de l’extrême-droite. Lors du 1er mai dernier, on a même vu des membres d’Atalante Québec faire des saluts nazis aux abords d’une manifestation pour intimider les militant-e-s qui y participaient.
Quand on arrêtait Pauline Julien et Michel Chartrand en 1970, quand Duplessis a amené la Loi du cadenas, il fallait dénoncer cette répression qui s’en prenait à la liberté d’exprimer ses idées politiques. C’était la même chose lorsque l’État canadien a injustement enlevé son siège au Parlement à Fred Rose, premier député québécois ouvertement communiste, grâce à une classique accusation complotiste d’appartenance au KGB. Parfois, la population n’était pas derrière ceux et celles luttant contre cette répression, mais heureusement des gens plus braves l’ont défendue coûte que coûte, nous laissant, gens du Québec, avec un riche héritage de résistance contre les dérives totalitaires des gouvernements.
À l’heure actuelle, seuls les extrémistes sont activement engagés dans une lutte pour faire taire la voix du peuple québécois, mais déjà nous ressentons comment cette nauséabonde attitude que les apprentis censeurs apportent à la société civile. Les animateurs de radio-poubelles tentent de faire taire Catherine Dorion, tandis que des professeurs d’université refusent que les idées féministes soient discutées dans leurs cours. Des personnes qui promeuvent l’écologie sont intimidées par des internautes furieux, par des intellectuels qui écrivent quotidiennement leurs idées dans les journaux ou encore par des professeurs climatosceptiques qui s’opposent aux grèves étudiantes.
Le politiquement correct, la voix du statu quo, nous amènera nécessairement à ne plus avoir le contrôle sur notre pensée collective. Si Alain Denault ne peut pas exposer les crimes internationaux que font les minières canadiennes, si on ne peut plus dénoncer les magouilles qui ont trait aux pesticides ayant cours au gouvernement québécois, s’il est difficile de dénoncer les propos sexistes d’un professeur sans recevoir des menaces, où allons-nous ? Restons toujours sur nos gardes et luttons pour la démocratie. Il faut que toutes les voix soient entendues, toujours, et pas seulement celles que les médias mettent de l’avant, pour que notre société soit en santé et puisse aspirer à la liberté.
André-Philippe Doré
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