Le film s’ouvre sur la dernière parole sibylline prononcée par Charles Foster Kane au moment où il trépasse : « Rosebud ». En prononçant ce mot, Kane semble donner la clé interprétative de toute son existence. Ce sera à partir de cet indice qu’un journaliste tentera de reconstituer la vie du défunt. Sa démarche consiste à recueillir des témoignages auprès de personnes qui l’ont connu et côtoyé pendant de nombreuses années (l’ancien ami, la femme déchue, le domestique en chef). Au terme de ses investigations journalistiques, qui l’ont mené jusqu’au palais où Kane est décédé, la caméra nous montre une luge en bois qui brûle dans le foyer d’une splendide résidence de luxe accessible uniquement aux richissimes multimillionnaires. C’est sur ce traîneau, un jouet d’enfance de Kane, qu’est gravée la célèbre inscription énigmatique « Rosebud ».
Sous l’angle psychologique, ce film traite de la nostalgie de l’enfance. Sous les aspects économique et politique, le film porte sur l’orgueil, la suffisance et l’arrogance d’une personne riche et puissante qui s’imagine qu’avec l’argent « tout peut s’acheter ». D’un point de vue cinématographique maintenant, en optant pour des flash-back éclatés, le film s’inscrit indiscutablement dans la voie de l’innovation. La trame narrative linéaire traditionnelle du cinéma hollywoodien est littéralement pulvérisée ici. Avec ce film, aux nombreux retours en arrière, nous sommes devant un récit non pas chronologique en continue, mais du type déchronologie1. Une nouveauté majeure et significative à l’époque.
Ce film a été tourné en noir et blanc. Il comporte de nombreux contrastes riches qui jouent entre… l’ombre et la lumière. Il est, encore aujourd’hui, un incontournable à voir impérativement. Un must !
Yvan Perrier
Notes
1.- Déchronologie : Présentation qui ne tient pas compte de l’ordre chronologique. Le petit Robert, 2015, p. 631.
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