Édition du 30 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Québec solidaire

Ensemble, pour un Québec indépendant, écologique, féministe et solidaire !

L’association de Jean-Lesage de Québec solidaire dans le cadre des débats préparatoires au prochain congrès de ce parti a adopté pour appuyer ses propositions une analyse de la conjoncture de laquelle découlent des axes programmatiques et des propositions prioritaires. Cette démarche débouche sur une contribution que nous voulons vous faire partager. (NDLR)

Propositions :
1- Que le débat sur les priorités, les ententes électorales et le contenu de la plateforme (soit les propositions 1 à 20) soit précédé d’un débat sur les deux éléments suivants :
 La conjoncture et les enjeux
 La réponse politique de Québec solidaire face à ces enjeux

2- Que l’outil d’analyse de la conjoncture, des enjeux et des priorités politiques en découlant élaborés par l’association de Jean-Lesage soit pris en considération pour le lancement de la discussion sur les trois éléments mentionnés précédemment (Voir document ci-dessous)

Éléments d’analyse de la conjoncture

1. La gouvernement péquiste favorise une soumission nationale et sociale du Québec face aux politiques conservatrices et anti-québécoises du gouvernement Harper

Jouant le jeu de l’alternance provinciale, le Parti québécois a remis aux calendes grecques la lutte pour l’indépendance du Québec. En se soumettant aux politiques canadiennes de libre-échange et aux stratégies de prédation de nos richesses naturelles et énergétiques, le gouvernement péquiste contribue à l’affaiblissement du Québec. Sa politique de gouvernance « souverainiste » enfonce le Québec dans l’impuissance face à Ottawa. En semant la démobilisation, en discréditant la souveraineté par les politiques antisociales, en remettant à après-demain les nécessaires combats nationaux, le gouvernement péquiste laisse le gouvernement Harper s’attaquer aux droits sociaux et nationaux du Québec. Ce dernier en profite pour occuper les champs de compétences du Québec (énergies, formation de la main d’oeuvre) et pour s’attaquer à l’aspiration des Québécois-e-s à faire du français la langue commune (attaques contre la loi 101, non application la loi 101 aux institutions fédérales) tout en développant une vision militariste et monarchiste du Canada.
Le PQ ne cherche pas à mobiliser et organiser la population pour créer les rapports de force sérieux avec l’État fédéral qui lui permettraient de développer la lutte pour l’indépendance. Au contraire, en offrant sa collaboration à Ottawa dans les domaines de l’énergie, des négociations de traité de libre-échange, le gouvernement péquiste se fait le défenseur de la soumission nationale et sociale du Québec aux intérêts canadiens. Dans le même sens, ses protestations contre les réductions l’assurance-emploi ne peuvent être crédibles alors que le PQ applique lui-même des coupures dans l’aide sociale. Il démontre ainsi qu’il n’a ni la légitimité, ni la volonté et encore moins la stratégie qui lui permettraient de se prétendre le porteur de notre lutte pour l’indépendance du Québec. Malgré sa rhétorique souverainiste, il est un organisateur de la démobilisation et de notre affaiblissement collectif.

C’est dans ce contexte que les positions de plus en plus affirmées de Québec solidaire pour l’indépendance par la mobilisation populaire pour la justice sociale et la démocratie, au moyen d’une Assemblée constituante, prend toute sa pertinence. La faiblesse du PQ (et de la CAQ) sur la question nationale, la présence d’Option Nationale et les attaques des Conservateurs fédéraux impliquent pour nous de démontrer l’impossibilité d’établir un Québec solidaire dans le cadre canadien. Notre appui aux mouvements sociaux en lutte contre le fédéral (assurance-emploi, femmes, solidarité internationale), ainsi qu’avec la mobilisation des peuples autochtones, lancés par la campagne Idle no more, doit nous permettre de mieux faire connaître notre projet social et national.

Nos priorités programmatiques

1. Pour l’indépendance du Québec en liant la défense de nos droits économiques, politiques et sociaux (notre projet de société) à l’expression de la souveraineté populaire.

Éléments de réponse tirés de notre plateforme

-1- Élection d’une assemblée constituante pour établir la constitution du Québec durant le premier mandat d’un gouvernement de Québec solidaire
 2- Tenue d’un référendum de ratification sur les travaux de l’assemblée constituante
 3- Défense de l’indépendance tout au cours du processus
 4- Élargissement de l’application de la charte de la langue française dans les milieux de travail
 5- La majorité de nos propositions sur les droits sociaux, environnementaux, des femmes et des autochtones ne sont pas réalisables sans l’indépendance du Québec.


Éléments d’analyse de la conjoncture

2. La protection de l’environnement et le développement des énergies renouvelables : pas de reconversion écologique malgré une volonté citoyenne soutenue par plusieurs mobilisations.

Sur le terrain environnemental, dès son discours d’ouverture de la session parlementaire, le gouvernement péquiste a hautement revendiqué l’exploitation du pétrole dans le golfe St-Laurent. Il a fait une profession de foi au marché capitaliste pour développer les énergies renouvelables et il se dit prêt à entrer dans la course à l’exploitation du pétrole au mépris des conséquences dramatiques au niveau du réchauffement climatique. Malgré quelques concessions en début de mandat, le gouvernement péquiste n’a présenté aucun plan sérieux de reconversion écologique et d’investissements publics massifs qu’il nécessite.

Pire, il accepte de faire du Québec, une plaque-tournante dans la distribution des hydrocarbures en direction des États-Unis. En soutenant un plan Nord modifié, en se faisant le défenseur, au Québec, de la stratégie canadienne sur les hydrocarbures et le promoteur de l’Accord du libre-échange avec l’Europe, le gouvernement péquiste s’inscrit comme un acteur de l’assujettissement national du Québec.

Le 22 avril 2012, plus de 250 000 personnes manifestaient à Montréal durant la Journée de la terre. Cette manifestation était le point culminant d’une série de mobilisations citoyennes contre les gaz de schiste, la voracité des minières, l’exploitation du pétrole dans le golfe St-Laurent, les mini-centrales et l’extraction et l’utilisation de l’uranium. Les peuples autochtones sont parties prenantes de ces combats. Ces initiatives ont mené à des victoires et elles peuvent devenir les premiers pas d’un mouvement d’ensemble contre la priorité accordée aux énergies fossiles et contre le refus d’un tournant véritable vers les énergies renouvelables.
Présents dans la rue, aux élections et au parlement, les membres de Québec solidaire ont participé aux luttes écologiques et ont affirmé clairement qu’il y avait une alternative aux énergies fossiles, à l’économie extractiviste (centré sur les matières premières) et au productivisme. Nous avons adopté en novembre 2012 un projet de campagne qui reprend notre plan Vert qui démontre qu’une solution écologique existe, pour développer des emplois durables et satisfaire les besoins sociaux tout en protégeant l’environnement.

Nos priorités programmatiques

2. Un Plan vert pour un Québec solidaire par la construction d’une économie publique au service du bien commun par un vaste plan de reconversion écologique des secteurs énergétiques, de l’industrie, des transports, de la forêt et de l’agriculture.

Éléments de réponse tirés de notre plateforme

Transport et énergie :
sortir le Québec du pétrole
 6- Création d’énergie-Québec pour chapeauter la totalité de la production et de la distribution d’énergie sur le territoire québécois
 7- Développement d’un vaste plan de transport collectif à l’échelle du Québec
 8- Reprendre le contrôle de nos ressources naturelles : une industrie minière au service de la collectivité
 9- Nationalisation des ressources stratégiques
 10- Élimination de la suprématie de la loi des mines
 11- Développement des coopératives et des entreprises collectives
 12- Une agriculture centrée sur la souveraineté alimentaire
 13- Des institutions financières au service du développement du Québec


Éléments d’analyse de la conjoncture

3. La lutte contre les inégalités : une politique de soumission face à l’oligarchie dominante et la poursuite d’une politique néolibérale

Partout en Occident, le 1% de plus riche augmente sa part de revenu et de richesse au détriment de la majorité. Au Québec, cette polarisation est limitée par les politiques sociales. Par contre, les partis fédéralistes à l’Assemblée nationale, les milieux d’affaires et les médias sous leur contrôle demandent au gouvernement péquiste de faire ses preuves pour défendre les privilèges de l’oligarchie en place. Rapidement, le PQ a oublié ses engagements : rejet de la taxe sur la capital. Il a rejeté les réformes de la fiscalité exigées par les mouvements sociaux qui allaient dans le sens d’une véritable redistribution des richesses. Il a maintenu la taxe santé ; il a haussé les tarifs d’Hydro-Québec. Il a refusé d’agir face aux attaques contre les régimes de retraite. Il a laissé se développer des écoles et des cliniques privées. Il va sans doute reporter toute hausse significative des redevances minières. Il défend et fait la promotion d’un Plan Nord rebaptisé. Il soutient les accords de libre-échange en cours de négociation (Europe, Chine...)... Le budget Marceau définit le rôle du gouvernement comme celui d’accompagnateur du secteur privé et il réduit les services publics sous le prétexte de la nécessité d’un retour au déficit zéro, et cela malgré la crise. Bref, il se donne comme objectif d’améliorer les conditions d’investissements du secteur privé.

Les coupures affectent entre autres les personnes assistées sociales, les CPE et les commissions scolaires. Le gouvernement a dû d’abord composer avec l’impact des mobilisations étudiantes et populaires du printemps érable et abolir les hausses des frais de scolarité et les lois répressives décrétées par le gouvernement Charest. Mais, il a indexé les frais de scolarité et il a écarté la gratuité scolaire. Il a coupé dans les dépenses de santé et dans la recherche. À l’heure de sa mise au point économique, il se félicite du recul du niveau de progression des dépenses sociales.

Après une réaction limitée lors du débat touchant la fiscalité et la taxe santé à l’automne, la résistance s’est développée contre les coupures provinciales à l’aide sociale et les coupures fédérales à l’assurance-emploi, mesures touchant particulièrement les femmes et certaines régions.
Les membres de Québec solidaire ont été partie prenante des mobilisations étudiantes et populaires et nos interventions ont dénoncé l’injustice sociale, la caractère inéquitable de la fiscalité du déséquilibre budgétaire. Nous avons démontré qu’une réforme de la fiscalité, et une économie tournée vers la satisfaction des besoins humains ne sera possible que si on ose s’attaquer aux privilèges de l’oligarchie.

Nos priorités programmatiques

3. Pour assurer la justice sociale : redistribuer de façon plus égalitaire la richesse, assurer une véritable protection sociale des plus démuniEs et humaniser la sphère du travail

Éléments de réponse tirés de notre plateforme

-14- Mise en place d’une politique de logement basée sur l’accès au logement pour tous et toutes
 15- Mise en place d’un revenu minimum garanti
 16- Mise en place d’un régime universel de retraite
 17- Rehausser le salaire minimum
 18- Réviser la fiscalité afin de redistribuer de façon plus égalitaire la richesse et pour cela :
ajouter des paliers d’imposition ;
 augmenter la fiscalité des entreprises ;
 s’attaquer aux échappatoires fiscaux dont profitent les hauts revenus et les entreprises.


Éléments d’analyse de la conjoncture

4. Un recul dans l’accès à des services publics gratuits et universels

Depuis le 4 septembre dernier, le gouvernement péquiste développe le culte du déficit zéro et applique des politiques d’austérité qui touchent d’abord la majorité populaire. L’indexation des frais de scolarité, la hausse des tarifs d’électricité, le maintien d’une contribution santé, sont des exemples de la généralisation de ces politiques. Le gouvernement péquiste soutient le libre-échange avec l’Europe et fait encore le jeu du gouvernement canadien... Cet accord va ouvrir les marchés publics du Québec au capital européen. Cet accord va exercer des pressions pour la privatisation des services publics. L’appui à cet accord de libre-échange favorisera le renforcement de notre dépendance au capital étranger.

Nos priorités programmatiques

4. Défendre la gratuité et l’accessibilité des services publics particulièrement en éducation et en santé.

Éléments de réponse tirés de notre plateforme

-19- Éducation accessible et gratuite : Gratuité scolaire de la maternelle à l’université
 20- Fin des subventions aux écoles privées
 21- Abolition de la contribution santé
 22- Transfert du financement des services de garde privés vers les CPE
 23- Fin de la privatisation des services de santé
 24- Mise sur pied de Pharma-Québec


Éléments d’analyse de la conjoncture

5. Remise en question des acquis des femmes et le renforcement de la discrimination et des exclusions

Depuis sa réélection, le gouvernement Harper mène une vraie campagne contre les femmes : abolition du Programme de contestation judiciaire, coupures dans les services offerts aux femmes, abolition de programmes de subventions permettant le financement d’organisations de femmes, plusieurs tentatives de remise en question du droit à l’avortement.
Si le Parti québécois ne reprend pas à son compte le discours conservateur et religieux d’Harper, il n’en reste pas moins que son adhésion à la logique néolibérale couvre une série de politiques qui détériorent les conditions d’existence des femmes, par exemple les coupures à l’aide sociale, aux écoles et dans les CPE.

Ces reculs sont rendus possibles par la diffusion de l’idée que l’égalité entre les hommes et les femmes serait déjà réalisée. Malgré toutes les avancées importantes gagnées par le mouvement des femmes, il reste du chemin à faire. L’iniquité salariale existe, une femme avec un bac gagnant en moyenne l’équivalent du salaire d’un homme avec un DEC. Les femmes sont plus nombreuses à réaliser un travail gratuit à l’intérieur de la famille auprès des personnes dépendantes (enfants, malades, etc). Elles se retrouvent donc à pallier aux coupures des dépenses sociales de santé, en éducation et dans les CPE, alors que les travailleuses de ces milieux voient leurs conditions se dégrader. Les femmes sont aussi les principales victimes de la violence conjugale, l’an dernier 25 000 femmes au Québec ont appelé SOS violence.

L’inégalité subie par les femmes s’accentue lorsque ces dernières sont immigrées et/ou de minorités visibles. Elles se retrouvent alors au sommet du taux de chômage, alors que le problème est souvent lié au racisme ou à la non-reconnaissance de leurs diplômes. Ainsi, des hommes et des femmes subissent la montée de la droite raciste. Le profilage racial, le harcèlement et à la répression policière, surtout des jeunes, n’est que la pointe de l’iceberg.

Québec solidaire est un parti féministe. C’est un atout essentiel dans la lutte idéologique et politique à mener, avec le mouvement des femmes, pour la légitimité et l’importance du combat féministe, entre autres contre les coupures péquistes et les attaques des conservateurs. Dans la lutte contre la vision conservatrice du fédéral et au développement d’un nationalisme étroit, ethnique et conservateur, Québec solidaire développe la compréhension du caractère pluraliste de la société québécoise. Ce sera un élément essentiel à l’unification des différents secteurs de la société, tant pour le combat indépendantiste que pour l’ensemble des combats pour l’égalité et la liberté dans cette société.

Nos priorités programmatiques

5. Construire un Québec de l’égalité de genre, de la liberté et de la diversité

Éléments de réponse tirés de notre plateforme

En finir avec la discrimination, la violence contre les femmes, refuser toute forme de racisme et d’exclusion et mettre un terme à la répression.
 25- Contre la discrimination à l’emploi, contre la discrimination salariale, salaire égal pour travail de valeur équivalente.
 26- Pour des mesures favorisant leur intégration dans des fonctions qualifiées et des fonctions de représentations politiques,
 27- Renforcement du soutien aux groupes de femmes soutenant les femmes victimes de violence
 28 -
 29- Mesures facilitant l’intégration des personnes immigrantes dans les différentes milieux de vie et de travail, en emploi, à l’école....
 30- Contre la discrimination dans le logement.
31-
 32- Refus de tout profilage racial....
 33- Abandon de toutes les poursuites des militants et des militantes du printemps érable
 34- Abrogation des lois et règlements municipaux liberticides


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