Édition du 26 mars 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Journée internationale contre la monoculture d'arbres

De grandes entreprises nationales et étrangères sont en train d’envahir et de s’approprier les territoires de nombreux peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine pour les affecter à la monoculture d’arbres, afin de produire en abondance et à faible coût la matière première qu’utilisent plusieurs industries (pâte, bois, énergie, caoutchouc), ou de les négocier sur le marché des émissions en tant que « puits » de carbone.

Déclaration « Appuyer la résistance à l’invasion des entreprises de plantation »
En cette nouvelle Journée internationale contre la monoculture d’arbres nous dénonçons à nouveau les graves effets des plantations industrielles d’eucalyptus, de pins, de palmiers à huile et d’autres espèces et nous manifestons notre appui aux peuples qui en subissent les conséquences.

De grandes entreprises nationales et étrangères sont en train d’envahir et de s’approprier les territoires de nombreux peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine pour les affecter à la monoculture d’arbres, afin de produire en abondance et à faible coût la matière première qu’utilisent plusieurs industries (pâte, bois, énergie, caoutchouc), ou de les négocier sur le marché des émissions en tant que « puits » de carbone.

Comme dans tous les cas d’invasion, à celle-ci participent non seulement les acteurs les plus visibles (en l’occurrence, les entreprises et l’État) mais aussi une série de complices, visibles ou invisibles, qui la rendent possible. Dans le cas de l’invasion par les plantations, certains organismes bilatéraux de « coopération », sociétés conseil, organismes et processus des Nations unies (avec la FAO en tête de liste), institutions financières privées et multilatérales, pour n’en mentionner que les principaux, jouent un rôle fondamental. Les systèmes de certification tels que PEFC, FSC, RSPO et d’autres encore se chargent ensuite de maquiller le désastre écologique et social.

L’invasion et l’appropriation du territoire réduisent considérablement les surfaces disponibles pour la production d’aliments et provoquent la disparition d’une série de ressources obtenues jusqu’alors dans les forêts et dans d’autres écosystèmes indigènes (fruits, fibres, bois, médicaments, viande, miel, champignons, etc.).
À la destruction des ressources animales et végétales s’ajoute la dégradation ou la disparition des ressources hydriques locales, par suite de l’action combinée de l’application massive de produits toxiques, de la consommation excessive d’eau, des travaux d’assèchement et de l’érosion des sols.
Ainsi, en peu de temps les populations locales sont dépouillées de toutes les ressources dont elles disposaient et leur territoire est occupé par des milliers d’arbres d’une seule espèce qui ne sont utiles qu’à l’entreprise qui les a plantés. La communauté devient dépendante du pouvoir économique et politique de l’entreprise. Les conséquences de cette situation touchent davantage les femmes que les hommes.

Si l’opposition silencieuse est toujours présente, dès que les conditions le permettent la résistance aux plantations devient ouverte et entraîne en général des confrontations avec l’entreprise et avec l’appareil répressif de l’État. Le succès ou la défaite dépendent de nombreux facteurs, intérieurs et extérieurs, mais dans les deux cas les communautés paient un prix très élevé : harcèlements, raclées, viols, emprisonnements et même meurtres.

L’inégalité des forces des communautés locales et des forces combinées des entreprises et de l’État fait que le soutien extérieur – national et international – et la divulgation du conflit soient d’une importance vitale, car ils permettent de créer des conditions plus favorables au succès de la résistance.

En cette nouvelle Journée internationale contre la monoculture d’arbres nous appelons à redoubler d’efforts pour appuyer ceux qui résistent aujourd’hui à l’invasion de leurs territoires par les entreprises de plantation. En outre, nous exigeons aux agences bilatérales et multilatérales de renoncer à promouvoir une activité comme celle-ci, qui a donné des preuves surabondantes d’être désastreuse pour la société et l’environnement.

Mouvement mondial pour les forêts tropicales

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