Édition du 16 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

L’esprit de la fête du Travail, c’est tout sauf ça !

Richard Perron est président du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec.

Le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) n’a pas le cœur aux célébrations à l’approche de la fête du Travail. Les conditions de travail de ses membres ont enregistré d’énormes reculs depuis 1980 et le chemin de la saignée risque à nouveau d’être emprunté avec les offres patronales faméliques qui sont présentées aux employés de l’État.

Selon le SPGQ, rétablir l’équilibre des finances publiques en fauchant la rémunération des employés de l’État est un choix désastreux. Les offres patronales austères – l’équivalent de 0,6 % d’augmentation par an pendant 5 ans, la réduction de cinq jours du nombre de congés de maladie annuels et l’augmentation de l’âge de la retraite de 60 à 62 ans, notamment – risquent d’éloigner encore plus le Québec de la reprise économique. En Europe, la croissance est justement revenue lorsque les gouvernements ont mis un frein aux politiques d’austérité.

À l’approche de la fête du Travail, le noir associé au deuil est de mise au SPGQ, car depuis 1980, six des neuf contrats de travail appliqués au personnel professionnel de la fonction publique ont entraîné une perte de pouvoir d’achat. Seuls trois d’entre eux ont permis de légers gains ou un effet neutre. L’effet cumulatif de ces contrats de travail représente un recul de 15 % du pouvoir d’achat du personnel professionnel pour la période 1980-2014.

La productivité par heure travaillée des employés québécois a augmenté en moyenne de 1,04 % par an, de 1981 à 2013. Si le personnel professionnel du gouvernement du Québec avait touché sa juste part de l’enrichissement collectif, son pouvoir d’achat aurait augmenté de plus de 40 % au cours de cette période. Dans ce contexte, le recul imposé au personnel professionnel est totalement inacceptable, en plus d’être improductif.

La fête du Travail arrive à grands pas, mais il n’y a pas de quoi pavoiser au SPGQ, car les heures de travail du personnel professionnel ont été augmentées d’environ 10 %, et ce, sans compensation à la suite du décret imposé par le gouvernement pour la période allant de 1983 à 1985. Nous aimerions prendre part aux célébrations de cette importante journée pour tous les travailleurs. Toutefois, avec ses offres, le gouvernement propose encore de diminuer notre pouvoir d’achat d’environ 5 % en cinq ans, en plus de se livrer à une guérilla injustifiée envers nos congés de maladie et notre régime de retraite.

En s’acharnant sur les conditions de travail de ses employés, le gouvernement prend le risque de plonger le Québec en récession, de multiplier les erreurs de gestion, d’ouvrir la porte à la corruption et à la collusion, de dégoûter les jeunes de faire carrière dans l’appareil public et de rétrograder nos services publics au rang de vulgaires marchandises que seuls les mieux nantis pourront s’offrir. Désolé, mais l’esprit de la fête du Travail, c’est tout sauf ça !

Richard Perron

Richard Perron

Président du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ)

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