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Le CPQ utilise un indicateur « incomplet et archaïque » pour mesurer la prospérité selon l'IRIS

MONTRÉAL, le 31 août 2011 /CNW Telbec/ - Alors que des dizaines de pays et des organisations internationales remettent en question l’usage du PIB pour mesurer la prospérité, le Conseil du patronat du Québec (CPQ) préfère volontairement ne regarder qu’une partie de la réalité socio-économique du Québec en en faisant l’indicateur-phare de son Bulletin de la prospérité 2011.

Dans une brochure publiée aujourd’hui, l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) montre que cette mesure comporte de nombreuses lacunes, pourtant connues depuis plusieurs années.

« Depuis plus de dix ans, tous le monde s’entend pour dire que le PIB ne mesure pas adéquatement la prospérité. L’OCDE a annoncé ce printemps l’arrivée d’un nouvel indice, appelé Vivre mieux qui permet de dépasser les tares importantes du PIB. Prenons un exemple : la situation des inégalités de revenu n’est aucunement prise en compte par le PIB, et ne l’est pas non plus par le Bulletin de la prospérité 2011. La croissance du PIB peut dès lors ne bénéficier qu’à une minorité d’individus et laisser stagner les autres ; c’est précisément ce qui s’est produit au Québec au cours des trente dernières années. Choisir le PIB comme indicateur de prospérité équivaut à se mettre des œillères particulièrement restrictives. » souligne Renaud Gignac, auteur de la brochure.

L’utilisation du PIB pour mesurer la prospérité présente aussi des problèmes si cette façon de faire est reprise par des décideurs publics.

« Le PIB nuit plus qu’il n’aide quand vient le temps d’affronter les problèmes environnementaux. En effet il s’agit d’un indicateur de flux et non d’un indicateur de stock. Cela signifie, par exemple, qu’il mesure ce qu’on extrait comme ressources minières sans tenir compte de ce qu’il nous reste. Nous pourrions paraître très prospères selon le PIB en vendant toutes les ressources minières du Québec, mais nous serions incapables de voir que nous nous sommes considérablement appauvris pour les années à venir. De la même façon, couper tous les arbres de la planète pour les revendre comme bois de chauffage peut offrir une bonne croissance du PIB, mais posera un tout autre problème quand viendra le temps de respirer. En négligeant à la fois les stocks et les externalités, le PIB se révèle un indicateur non seulement incomplet et archaïque, mais aussi potentiellement néfaste » affirme Philippe Hurteau, chercheur à l’IRIS.

La brochure présente également une variété d’alternatives au PIB qui ont été développés ou qui sont en développement. Ces diverses alternatives permettent de tenir compte, entre autres, de la qualité de vie, de l’état de l’environnement, de la santé et de l’éducation des populations. Malheureusement, l’IRIS constate que sur cette question le Québec fait piètre figure en ne participant pas à l’élaboration de nouveaux indices qui permettraient de fournir une image plus fidèle du progrès social que celle, très parcellaire, fournie par le PIB ou par le Bulletin de la prospérité 2011.

La brochure Mesurer le progrès social : vers des alternatives au PIB est disponible gratuitement au : www.iris-recherche.qc.ca

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