Édition du 7 mai 2024

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États-Unis

Les positions des candidats.es démocrates, (en ce moment)

Maintenant que le ministre de la justice W. Barr a publié un sommaire du rapport Mueller dont l’enquête portait sur le Président, les Russes et l’élection de 2016, les médias « libéraux » devraient passer de la distraction Trump aux crises structurelles et économiques du pays et s’y concentrer.

David Rosen, counterpunch.org, 29 mars 2019
Traduction, Alexandra Cyr

Au cours des prochains 18 mois, d’autres révélations dérangeantes sur le Président sont susceptibles de nous arriver mais les enjeux sociaux et économiques qui sont secondaires en ce moment chez les candidats.es démocrates si on les compare au « Russia-gate », devraient prendre de l’ampleur au fur et à mesure que les élections (présidentielles) de 2020 approchent. Plusieurs économistes, dont Paul Krugman, sont préoccupés.es par la croissance économique américaine et même mondiale qui montre des signes d’affaiblissement et une récession pourrait frapper plus tard cette année ou la suivante, juste au moment des élections.

Il faut prendre en considération 2 enjeux parmi tous ceux auxquels les États-Unis sont confrontés : la stagnation des salaires et la détérioration des infrastructures. En d’autres mots aussi simples que possibles, ces enjeux pris un par un sont l’illustration de la profonde crise sociale et économique du pays.

1- Selon un rapport de Pew Reasearch, « après avoir pris en compte l’inflation, le salaire horaire moyen (actuel) donne à peu près le même pouvoir d’achat que celui de 1978. Cela fait suite à une longue baisse qui va de 1980 à début 1990 avec une croissance en dents de scie, inconsistante depuis. En fait, en termes réels, le revenu généré par le salaire horaire moyen a connu son apogée il y a 45 ans : il était de 4.03$ en janvier 1973 et générait le même pouvoir d’achat que ferait 23.68$ aujourd’hui ».

2- En 2017, le rapport de l’American Society of Civil Engineers donnait un « D+ » à l’état des routes, ponts, barrages, aéroports, écoles et autres structures du pays. Elle ne signalait aucun changement en 2013. Elle estimait que le pays devait dépenser 4,5 mille millions d’ici 2025 pour améliorer la situation.

Un examen des déclarations, plans et politiques des candidats.es démocrates les plus importants.es montre sans ambiguïté que aucun.e n’arrive à s’emparer de la situation, que les élites du Parti ont failli ici et pourquoi. Maintenant que la « collusion » et le « Russia-gate » n’est plus à l’avant plan, D. TRump pourrait bien être réélu.

Je vais vous fournir une brève présentation des diverses positions de 8 (+ 1) candidats.es démocrates à la Présidence. Avec l’accélération de la course électorale d’ici novembre 2020, chaque candidat.e, et d’autres, nous pouvons espérer qu’ils et elles présenteront des plans de politiques économiques globales plus détaillés. En ce moment, c’est malheureusement du pareil au même avec une offre néo libérale qui poursuit les politiques de B. Clinton et B. Obama.

Aucun.e n’ose présenter une véritable restructuration fondamentale de l’économie américaine qui pourrait simplement venir à bout des enjeux des inégalités et des infrastructures mais aussi intervenir sur les structures de la crise auxquelles le pays fait face dans l’ordre mondial post-Grande récession.

Cory Booker : il fait la promotion de l’American Opportunity Accounts Act qui vise à diminuer le fossé qui s’approfondi entre les familles américaines. Cette loi créerait, pour chaque enfant à sa naissance, un comte d’épargne. Cette proposition créerait en fait des « obligations bébé » ; le gouvernement fédéral ouvrirait un « compte opportunité » de 1,000$ que l’enfant ne pourrait toucher que lors de ses 18 ans. Ces sommes seraient gérées par le Trésor national avec l’objectif de faire un modeste gain annuel. Il estime qu’un.e enfant né.e dans la pauvreté pourrait avoir accumuler jusqu’à 46,000$ en son nom propre à l’arrivée à l’âge adulte.

C’est lui qui a introduit le Fixing America’s Surface Transportation (FAST) Act en 2015. Il a soutenu le projet Gateway pour faire passer les trains sous la rivière Hudson (à New York).

Tulsi Gabbard : elle favorise des coupes d’impôts et taxes pour les petites entreprises et les cultivateurs et une augmentation de celles des (grandes) entreprises. En plus elle veut diminuer les dépenses militaires et faire des coupes dans celles des armes nucléaires.

En 2018, elle a piloté une loi pour qu’Hawaii soit exempté des règlements qui menacent le financement fédéral vers les États pour les communautés bénéficiant des Essential Air Service (EAS).

Kirsten Gilibrand : elle fait campagne pour Medicare pour tous et toutes pour les personnes de 50 ans et plus, pour que les compagnies fournissent des congés parentaux payés universels. En 2018, avec le Sénateur C. Schumer elle a annoncé un investissement fédéral de 46 millions de dollars pour 6 projets d’amélioration des aqueducs dans la région de New York et les lacs Rochester-Finger.

Kamela Harris : elle propose de grandes réductions d’impôts et taxes pour les ménages à faibles et moyens revenus. Le magazine Forbes l’accuse : « de ne pas savoir vraiment comment elle pourrait financer ces généreuses coupes ».

En 2017, elle a écrit : « Voici la vérité : le financement des infrastructures n’est pas un enjeu de transport pour la plupart des Américains.es, c’est un enjeu de droits humains ».

Amy Klobuchar : elle veut des mesures pour : « traiter l’enjeu toujours grandissant des inégalités de revenus en rendant plus facile aux familles l’accès à la propriété abordable, envoyer leurs enfants au collège et payer leurs factures ». Parmi les mesures visées, elle identifie, 1- l’augmentation du salaire minimum fédéral. 2- la baisse des frais scolaires dans les collèges, les rendre plus abordables. 3- rendre les soins de santé plus abordables.

Pour ce qui est des infrastructures elle commente : « J’ai longtemps soutenu le financement direct par l’endettement et des projets publics-privés pour reconstruire et réinvestir dans nos infrastructures…Cela créerait des millions d’emplois, de bons emplois biens payés qui ne peuvent pas être délocalisés ». Elle ne semble pas avoir de recommandations précises.

Beto O’Rourke : s’est battu pour des règlements plus solides contre les trusts, au cours de sa récente bataille pour un poste de Sénateur. Il veut briser les monopoles et encourager les compagnies à investir leurs profits dans leur personnel et communautés. En 2018, il a piloté une législation qui augmenterait la main d’œuvre et améliorerait les infrastructures à nos ports d’entrée frontaliers. Ce sont les endroits où un nombre significatif de voyageurs.euses entrent ici et par où le commerce transite également.

Bernie Sanders : il a déjà argumenté que : « aux États-Unis, en ce moment les inégalités sont les pires de tous les grands pays développés dans le monde. Le fossé entre n’importe qui et les plus riches est le plus élevé depuis 1920 ».

Sa proposition, intitulée « For the 99,8% Act », augmenterait l’impôt fédéral sur les propriétés pour le 0,2% des plus riches américains.es. L’imposition serait ainsi au maximum de 77% pour les propriétés de plus d’un million et générerait 2,2 mille milliards de nouveaux revenus (pour le gouvernement). Ce plan permettrait de rendre l’accès aux collèges gratuit, l’augmentation des bénéfices de Social Security et d’étendre la syndicalisation.

Il déclare : « Nos routes, ponts, barrages, réseaux (électriques) n’ont pas été entretenus au fur et à mesure de la croissance du pays ou des avancées technologiques. Nous devons nous y attaquer ».

Elizabeth Warren : elle a proposé l’Accountable Capitalism Act, un « impôt sur la richesse » pour les 2% dont la richesse se chiffre à plus de 50 millions, pour les 3% dont la richesse atteint 1 milliard et pour 75,000 ménages (moins de 1%) dont la richesse se monte à environ 2,75 mille milliards de dollars. Cette mesure s’appliquerait pendant 10 ans, de 2019 et 2028.

L’Institut américain des entreprises, organisation conservatrice, met en garde : « il y a des raisons de penser que cette proposition aurait des effets négatifs sur la croissance économique. … Un impôt sur la richesse limite les épargnes pour investissement en diminuant le retour net sur investissement. Avec une plus modeste accumulation du capital la productivité en souffre ».

Elle demande aussi l’introduction de Medicare pour tous et toutes et un niveau de mise de fonds abordable pour les familles de classe moyenne (lors de l’achat d’une propriété). Elle présente aussi plusieurs propositions en rapport avec les infrastructures.

Joe Biden : (le candidat à moitié déclaré). Il défend la formation en technologie et l’amélioration du rapport de négociation pour les travailleurs.euses du pays.

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Avant les élections (présidentielles) de 2008, on avait demandé au président de la Réserve fédérale du moment, Alan Greenspan, qui il soutenait comme Président. Il a fanfaronné : « Nous sommes chanceux.euses, merci à la mondialisation, les décisions politiques américaines ont été remplacées par les forces mondiales des marchés. À part la sécurité nationale, le choix du prochain Président ne fait pas une grande différence. Le gouvernement mondial ce sont les marchés ». Après quelques années, les « forces du marché » ont fait s’effondrer les économies américaines et européennes.

L’élite financière faisait face à la pire crise depuis celle de la Grande dépression un demi-siècle plus tôt, une crise qu’elle avait encouragée. Elle s’en est tiré sans dommage et personne n’a été emprisonné. Si G.W. Bush pataugeait, B. Obama a dû marcher sur une corde raide pour sauver le capitalisme. Il a travaillé avec le groupe qui, sous la direction de Robert Rubin, Secrétaire au trésor à l’époque et vice-président de Goldman Sach et ses collègues du projet Hamilton, avait conseillé B. Clinton pour retirer un maximum de règles dans l’économie. Il a protégé l’oligarchie corporative d’environ 25 banques majeures en transférant le poids de la récupération sur les épaules des propriétaires américains.es et des contribuables de la classe moyenne. Durant l’ère Obama, la reprise a été subventionnée par des déficits sans précédents qui se perpétuent sous D. Trump en peut-être moins pire.
Les candidats.es démocrates les plus importants.es s’entendent grosso modo sur 2 enjeux : « l’expansion » de Medicare et des modifications dans les politiques de taxation et d’imposition. T. Gabbard, K. Harris, B. Sanders et E. Warren plaident pour ce qu’on appelle, « Medicare pour tous et toutes ». C. Booker, K. Gillibrand, A. Klobucharet B. O’Rourke proposent différentes formes d’expansion de Medicare. Par exemple, Mme Gillibrand veut la rendre accessible dès le 50ième anniversaire.

En matière de fiscalité, il y a un véritable écart entre B. Sanders et E. Warren qui proposent des augmentations significatives pour les plus riches et T. Gabbard et K Harris qui défendent de modestes coupes pour des secteurs spécifiques. Tous et toutes considèrent que les besoins de restauration des infrastructures doivent servir à des projets locaux et ouvrir des opportunités d’emplois.

Il faut espérer que B. Sanders et E. Warren vont s’arrêter pour une analyse plus approfondie et systémique de l’économie américaine et que cela obligera les autres à en faire autant. La récupération de la dernière Grande dépression n’a pas été le clone de la précédente. Alors que la première a été « sauvée » par la 2ième Grande guerre qui a dessiné le « siècle américain », la plus récente n’a fait que creuser les inégalités et la détresse sociale.

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