Édition du 23 avril 2024

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"L’internationale sera le genre humain" chez M éditeur

Luttes d’émancipation et internationalisme

 C’est l’heure des brasiers, il n’y a rien d’autre à voir que la lumière.

 José Marti

Aujourd’hui, de nouvelles recherches sont en cours pour explorer des sentiers inédits des luttes d’émancipation. Pour autant, un certain « retour » de Marx illustre le sentiment des nouvelles générations militantes, à l’effet qu’il faut comprendre la trajectoire des luttes passées. Cette relecture n’est pas un exercice strictement académique, mais elle permet de nouvelles interpellations, voire la création de nouvelles méthodologies.

Quelques idées ressortent de cet immense dialogue croisé impliquant des multitudes d’un bout à l’autre de la planète :

Le capitalisme est un construit historique, un projet qui n’a rien de « naturel » et qui a été imposé au travers des luttes de classes, et qui, de la même manière, peut être « déconstruit ». De plus, le capitalisme est un système qui combine plusieurs niveaux de hiérarchisation sociale, impliquant classes, genre, ethnicité, race, nationalité, autour de fondements tels l’accumulation pour l’accumulation et la marchandisation. Bref, sans penser qu’il est à la veille de s’écrouler, le capitalisme ne peut pas être réformé. Il porte la crise comme les nuages portent la pluie.

Comme l’histoire semble le suggérer, les mouvements populaires anticapitalistes doivent avancer sur plusieurs chemins en même temps. Ils doivent être des outils de la résistance, bloquer, entraver, dévier l’assaut des dominants, dans une lutte pour la survie qui est en fin de compte incessante. Également, ils doivent se transcender eux-mêmes et porter un projet d’émancipation qui implique l’abolition des hiérarchies, des pouvoirs coercitifs, des hégémonies imposées. Ceci veut dire que les luttes immédiates, les « petites » luttes—la « guerre d’escarmouche », disait Marx—ne sont jamais si « petites » que cela, car elles préfigurent la société post-capitaliste qui est l’horizon de l’utopie. Ceci signifie également une capacité de construire des convergences, , permettant d’impliquer des luttes, des résistances, des mouvements diversifiés (et non les niveler). C’est une guerre de « positions », de longue durée, avec des avancées et des reculs.

Plus que jamais, les mouvements populaires n’ont pas le choix d’être internationalistes. Ce n’est pas seulement parce que le capitalisme « globalisé » est international. L’essence du projet implique l’abolition des inégalités entre les peuples. Le socialisme, ou l’émancipation, est incompatible avec toutes les formes de subjugation, coloniales ou néocoloniales ou même « postcoloniales ». Les dominés sont certes différents d’une nation à l’autre par l’histoire et les luttes qui ont configuré des sociétés distinctes. Toutes ces sociétés, devenues capitalistes, fonctionnent selon les mêmes principes, même si les classes dominantes sont habiles pour utiliser ces principes d’une façon hétérogène, reproduisant donc les différences qui deviennent des antagonismes entre les nations et même au sein des nations, entre ceux qui sont d’« ici » et ceux qui sont d’« ailleurs ». La lutte pour la transformation est alors inconcevable si elle ne se répercute pas à une échelle plus grande que celles des États-nations historiquement constitués.

L’internationalisme est une lutte consciente et décisive contre cette hiérarchisation peuples et promeut, dans son esprit même, cette idée que les humains font fondamentalement partie d’une même « patrie », celle de l’humanité.

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